(Denver) La semaine dernière, lors la journée des médias, Julien BriseBois racontait qu’il avait passé une partie de son été 2021 à chercher des réponses.

Des réponses à quoi ? Au mystère des trois championnats de suite. Pourquoi est-ce devenu si difficile d’y parvenir ? Pourquoi les dynasties étaient autrefois si fréquentes au hockey, au basketball, et que maintenant, il ne reste que Rafael Nadal à Roland-Garros et Joey Chestnut chez Nathan’s qui alignent les championnats (nos exemples, pas les siens) ?

« J’ai parlé à des gens dans différentes organisations qui ont gagné deux titres, expliquait BriseBois, il y a neuf jours. Ce qui revenait, c’est que les joueurs n’avaient plus aussi faim à la troisième année. Mais je n’ai jamais senti ça avec nous. Dans nos réunions, nos joueurs disaient toujours qu’on restait en mission. »

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jacques Martin

Jacques Martin fait partie des ressources consultées par BriseBois. Le Franco-Ontarien était adjoint chez les Penguins de Pittsburgh de 2017-2018, qui visaient un troisième titre de suite. Leur parcours s’était arrêté au deuxième tour.

Selon Martin, ce n’était pas un problème de volonté. « La clé, c’était la profondeur », se souvient l’ancien entraîneur-chef du Canadien, en entrevue avec La Presse. « On avait perdu Nick Bonino après la Coupe de 2017 et on n’avait pas été capables de le remplacer.

« C’était surtout la profondeur qui nous avait fait mal. C’est intéressant, parce que Julien a perdu son troisième trio l’été dernier. Mais il l’a remplacé. »

Martin fait ici référence à Yanni Gourde, perdu au repêchage d’expansion, de même qu’à Barclay Goodrow et Blake Coleman, qui ont profité de leur autonomie.

L’effet Konstantinov

Dave Lewis, lui, était adjoint chez les Red Wings quand ils ont triomphé en 1997 et en 1998, avant de perdre au deuxième tour contre l’Avalanche en 1999.

Ces Coupes ont été gagnées dans des circonstances particulières. Quelques jours après la conquête de 1997, Vladimir Konstantinov a été impliqué dans un accident de la route qui l’a laissé dans le coma et a mis fin à sa carrière.

« Notre deuxième, je savais dès le début qu’on la gagnerait, dicte Lewis, au bout du fil. On n’a même pas eu sept jours pour fêter, et ça nous a frappés en plein visage. C’était gros, on perdait un joueur vedette, qui jouait 30 minutes. Mais la deuxième Coupe était devenue comme une mission. »

Dans ces circonstances, Lewis souscrit à la thèse de Julien sur le défi psychologique. « C’était drainant, physiquement et mentalement. Les gars avaient tellement investi d’émotions afin de gagner pour que Konstantinov la soulève au centre de la patinoire… Il y a eu comme un relâchement à la troisième année. »

Les tirs bloqués

Une dynastie, c’est long à bâtir. Pensez au Lightning. Si l’équipe s’incline cette semaine, la prochaine occasion de devenir une véritable dynastie ne reviendra pas avant 2025.

Martin se souvient d’une « grosse déception » quand l’équipe de Sidney Crosby s’est inclinée en 2018. « T’es tellement engagé pour établir une dynastie, se souvient-il. Tu le vois avec Tampa, les joueurs bloquent des tirs. Tu joues, t’as une journée pour récupérer et tu recommences. C’est un engagement exceptionnel. »

L’engagement du Lightning semble en effet irréprochable. Prenons les tirs bloqués. Les trois attaquants qui ont bloqué le plus de rondelles, mercredi, étaient Ondrej Palat (5), Steven Stamkos et Anthony Cirelli (4 chacun). Tous membres des deux premiers trios qui, en saison, n’en bloquent pas autant.

Il est donc fort possible que la profondeur devienne problématique chez le Lightning. Pendant que l’Avalanche saluait le retour de Nazem Kadri, mercredi, Tampa restait privé de Brayden Point et perdait Erik Cernak. Sans oublier Nikita Kucherov, qui semblait loin d’être à 100 %.

Patience récompensée

Jacques Martin tenait aussi à souligner la « patience » du Lightning et de l’Avalanche. Jon Cooper et Jared Bednar sont deux des entraîneurs en chef avec le plus d’ancienneté au sein de leur équipe dans la LNH.

« Les entraîneurs sont là depuis longtemps. Tampa a perdu en finale en 2015, ensuite en demi-finale contre nous. Ils ont raté les séries une fois, ont été balayés au premier tour par Columbus. Malgré ça, ils ont gardé le même coach. Je donne beaucoup de crédit à ces organisations, parce qu’elles n’ont jamais paniqué. »

L’école de hockey est de retour

C’est avec un enthousiasme certain que Jacques Martin relance enfin son école de hockey, à Rigaud. Il l’avait mise sur pause ces deux dernières années pour les raisons dont vous vous doutez. L’évènement de deux semaines s’amorcera le 31 juillet. Au moment où nous écrivions ces lignes, il restait encore quelques places.