Acculés au mur après avoir subi deux défaites sans appel pour amorcer leur série face aux Hurricanes de la Caroline, les Bruins de Boston ont apporté deux changements importants en vue du troisième affrontement. Des changements auxquels ils auraient dû procéder plus tôt.

L’entraîneur Bruce Cassidy a retiré le gardien Linus Ullmark de la formation partante et a donné le filet au jeune Jeremy Swayman. Il a également réuni le trio composé de Patrice Bergeron, Brad Marchand et David Pastrnak. Comment avait-on pu démanteler une ligne d’attaque surnommée la perfection line ? C’est une question à laquelle on peut difficilement trouver une réponse satisfaisante.

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Le résultat a été une belle victoire de 4-2, qui a en quelque sorte sonné le début de cette série quatre de sept entre les deux équipes. Des clubs bien construits et toujours aussi disciplinés dans leur structure de jeu.

On comprend la décision des Bruins d’avoir embauché Ullmark comme joueur autonome l’été dernier. Swayman était inexpérimenté et on ne savait pas trop ce qui attendait Tuukka Rask, qui a finalement pris sa retraite après un bref retour au jeu il y a quelques mois. Un choix judicieux du DG Don Sweeney, certes.

Ullmark n’est pas un mauvais gardien. Mais 20 millions pour quatre ans ? C’est trop d’argent pour un gardien qui serait dans la bonne chaise s’il était un réserviste limité à une trentaine de départs par saison.

Vendredi soir, Swayman a été tantôt chanceux, tantôt bon, mais il semble assez clair que sa présence devant le but donne davantage de confiance à ses coéquipiers que celle d’Ullmark. Le gardien de 23 ans a accordé un mauvais but sur un tir de Jaccob Slavin au milieu du troisième vingt qui a fait 4-2 et a rendu les dernières minutes plus intéressantes, mais dans l’ensemble, Swayman a très bien fait, repoussant 25 tirs sur 27.

À l’autre bout de la patinoire, Pyotr Kochetkov n’a pas eu grand-chose à se reprocher, lui non plus. Il ne pouvait pas faire grand-chose sur les buts des Bruins. Troisième gardien des Canes, le Russe de 22 ans, qui doit généralement communiquer avec ses entraîneurs à l’aide d’une application de traduction, Google Translate pour ne pas la nommer, amorçait le premier match de sa carrière dans les éliminatoires, tout comme Swayman.

Enfin les canons

Ce n’est pas très sorcier pour les Bruins. S’ils veulent faire un bout de chemin dans le tournoi, leurs gros canons devront marquer la majorité de leurs buts, comme ils l’ont toujours fait depuis des années. Leurs joueurs de soutien sont dans l’alignement pour leur robustesse, l’échec avant qu’ils exercent ou encore la qualité de leur jeu défensif. De la ligne bleue, seul Charlie McAvoy, qui s’est par ailleurs établi comme l’un des cinq meilleurs défenseurs de la LNH cette saison, peut contribuer à l’attaque avec constance.

Les gros canons des Bruins, on les connaît tous : Pastrnak, Marchand, Bergeron et Taylor Hall. Ils ont tous marqué à l’exception de Bergeron, vendredi soir, et ont totalisé sept points.

C’est plus précisément en deuxième période que les Bruins se sont enfin mis en marche après neuf périodes des plus ordinaires pour amorcer la série. Les Hurricanes avaient contrôlé le jeu et pris les devants 1-0 grâce à un but de Vincent Trocheck en première période, mais le filet de Charlie Coyle à la suite d’une superbe passe de Jake Debrusk en infériorité numérique a fait basculer le rythme du match en faveur des locaux avant l’entracte.

En deuxième période, Marchand a inscrit son premier but qui n’a pas été marqué dans un filet désert en 16 matchs, puis Pastrnak a fait 3-1. Plus le match avançait, plus les attaquants du Boston jouaient avec patience en entrée de zone, ce qui a créé des chances de marquer qu’ils ont saisies à quelques reprises. Sans dire qu’ils jouent la fameuse « trappe », disons que les attaquants des Hurricanes jouent très serré dans les zones médianes…

Photo Winslow Townson, USA TODAY Sports

David Pastrnak (88) célèbre le troisième but des Bruins, vendredi soir, aux dépens des Hurricanes de la Caroline.

À l’autre bout, les défenseurs des Bruins ont commencé à s’imposer davantage sur le plan de la robustesse et du positionnement et ont ainsi mieux contenu les coriaces attaquants des Hurricanes. Derek Forbort a été particulièrement bon, bloquant neuf tirs des Canes. Les Bruins ont fait un meilleur travail de garder les attaquants des Canes en périmètre et en accordant un peu moins de deuxièmes chances juteuses à l’embouchure du but.

Scénario à éviter pour les Canes

Avant de perdre au TD Garden, vendredi soir, les Hurricanes avaient gagné chacun de leurs cinq affrontements contre les Bruins, dont trois en saison régulière, par une marque totale de 26 à 4… Lundi et mercredi soir, non seulement ils avaient été beaucoup plus rapides que les Bruins, mais ils avaient aussi été nettement plus physiques.

Les Canes ont eu le dessus sur eux cette année, mais n’oublions pas qu’ils ont été éliminés en cinq parties par les Bruins il y a deux ans. L’année précédente, c’est un balayage qu’avaient servi les Bruins aux hommes de Rod Brind’Amour.

Mais à l’exception du Lightning de Tampa Bay, les Hurricanes forment peut-être la meilleure organisation de la LNH depuis quatre ou cinq ans. Leur formation a été bâtie de la bonne façon. Leur collection de jeunes attaquants de talent, menée par Sebastian Aho, Andrei Svechnikov et, très bientôt, Seth Jarvis, est impressionnante, et leur défense est menée par le joueur le plus mésestimé de la LNH, Jaccob Slavin. C’est sans parler de Brind’Amour, une étoile montante dans le monde du coaching, tous sports confondus.

Les Canes vont continuer de gagner, et pour plusieurs années. Cela dit, si les Bruins égalent la série, dimanche après-midi (12 h 30), toute la pression sera sur les jeunes épaules des Hurricanes à leur retour au PNC Arena deux jours plus tard. Les Bruins auront pleinement repris confiance, si ce n’est déjà fait, et plus la série avancera, plus leur savoir-faire dans les moments chauds ressortira.

Un deux de trois contre Bergeron, Marchand, Pastrnak et McAvoy ? Ce serait prenable pour une équipe de talent comme celle des Hurricanes, mais certainement pas le scénario idéal après avoir dominé la majorité des deux premiers matchs.