Comme ses joueurs, Kent Hughes a dressé son bilan, samedi. Le directeur général n’a pas totalement ouvert son jeu quant à ses plans pour l’équipe au cours des prochaines semaines, mais il a quand même donné plusieurs pistes. Le point en sept dossiers.

Le repêchage

Les partisans se sont réjouis lorsque, en terminant au dernier rang du classement général, le Canadien s’est assuré d’obtenir l’un des trois premiers choix du repêchage de juillet prochain. Pour bien du monde, le dossier est en veilleuse jusqu’à la finale de la Coupe Stanley, mais pour l’état-major du CH, la préparation bat son plein. C’est d’ailleurs cet élément que Kent Hughes a cité comme sa priorité du moment. Il a rappelé qu’il disposait de 14 sélections, dont 7 au cours des trois premiers tours. Kent Hughes multiplie donc les réunions avec ses dépisteurs et revient tout juste d’Allemagne, où il a assisté au Championnat mondial des moins de 18 ans, et il s’envolera bientôt pour la Finlande, où se déroulera le Mondial senior, tournoi auquel les meilleurs jeunes joueurs européens sont souvent invités.

Alléger le budget

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Avertissement au lecteur : il sera beaucoup question d’argent dans les prochains segments. Car le budget du Tricolore est serré au possible. Selon le site CapFriendly, référence en la matière, un peu plus de 81,5 millions sont déjà investis en salaires pour la saison 2022-2023, ce qui laisse un espace d’à peine un million sous le plafond déterminé par la ligue. Le DG reste prudent : il ne se débarrassera pas systématiquement de ses joueurs les mieux payés pour le simple avantage de se donner de la marge de manœuvre. Il n’exclut pas, par exemple, de retenir une partie du salaire d’un joueur dans le cadre d’une transaction, à condition que la flexibilité acquise à court terme n’ait pas d’impact à long terme, soit lorsque l’équipe sera prête à aspirer aux grands honneurs. Il n’en demeure pas moins qu’au cours des prochaines années, alléger sa masse salariale « sera très important », a-t-il dit. « Dans le système actuel, tu peux repêcher les meilleurs joueurs, mais à un moment donné, il faut que ça fonctionne avec le plafond salarial. »

Shea Weber

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Webber

À Montréal, « libérer la masse salariale » rime désormais avec « démêler le dossier Shea Weber ». Il est bien connu que le CH cherche à se débarrasser du lourd contrat de son capitaine – qui ne sera plus capitaine la saison prochaine, au fait. Le cas de Weber, comme le système politique canadien tel qu’expliqué dans Les Boys II, c’est compliqué. Il ne jouera manifestement plus, mais se garde d’annoncer sa retraite, car l’officialisation de cette décision aurait différents impacts financiers. Comme la situation chatouille la ligue et son assureur, l’ex-défenseur se montre discret et ne rencontre pas les médias. Cela n’empêche pas que son poids sur la liste de paie demeure un problème pour le CH, qui a encore espoir de trouver une équipe preneuse pour ce gros contrat. Existe-t-il encore un marché pour ce type d’échange ? a demandé un journaliste. « Oui », a succinctement répondu Hughes.

Carey Price

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Carey Price

L’histoire de Carey Price ayant largement été détaillée dans les médias, faisant notamment l’objet de multiples articles dans le plus grand quotidien français d’Amérique, nul besoin de revenir sur son bilan médical complexe. Il n’en demeure pas moins que son nom sera souvent prononcé au septième étage du Centre Bell d’ici à ce que les feuilles changent de couleur. De l’aveu même de Kent Hughes, un verdict clair quant à l’état du genou de son gardien faciliterait son travail. La réponse, si elle existe, est entre les mains du personnel médical qui suit Price. À vue de nez, deux scénarios se profilent. Si Price plonge son genou dans le Styx et est en mesure de jouer à l’automne, son DG pourrait envisager une transaction ou déployer sa reconstruction autour de lui. Sinon, Price, prisonnier de l’incertitude, échouerait de nouveau sur la liste des blessés à long terme, à Montréal ou ailleurs si son contrat est échangé. Niveau de complexité : voir Weber, Shea.

Martin St-Louis

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Martin St-Louis, entraîneur-chef par intérim du Canadien

Ce n’est pas le dilemme le plus brûlant du moment, car les deux parties souhaitent en venir à une entente. Kent Hughes veut que Martin St-Louis poursuive le travail qu’il a amorcé derrière le banc, et il se verrait bien lui accorder un contrat d’« au moins trois ans ». Et St-Louis a lui aussi exprimé sa volonté de demeurer l’entraîneur-chef du Canadien. Le mandat intérimaire de St-Louis approche quand même de son échéance et un pacte en bonne et due forme doit être conclu, sans quoi n’importe quelle équipe pourrait solliciter ses services. Des négociations devraient s’amorcer sous peu ; on se doute qu’elles ne seront pas, à moins d’une surprise, douloureuses. St-Louis a en outre révélé vendredi soir que si lui revient à Montréal à la fin de l’été, sa femme et leur plus jeune fils resteront encore au Connecticut, ce dont Hughes ne s’est nullement formalisé.

Des contrats à signer

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Alexander Romanov

Ce ne sont pas les grandes vedettes du club, mais Kent Hughes a néanmoins quelques autres négociations sur le feu. Alexander Romanov, Samuel Montembeault, Cayden Primeau, Rem Pitlick, Michael Pezzetta et Kale Clague sont tous sur le point de devenir joueurs autonomes avec compensation, tandis que quelques joueurs autonomes sans compensation pourraient être retenus – Chris Wideman et Tyler Pitlick, par exemple. Des « discussions préliminaires » ont déjà eu lieu avec des joueurs et leurs agents, mais aucune annonce n’est imminente, comprend-on. Tout sourire, Alexander Romanov a toutefois déjà indiqué à quel point il « adore Montréal », ajoutant qu’il veut « rester ici le plus longtemps possible ». Les partisans se réjouiront de cet élan d’enthousiasme. Son agent, peut-être un peu moins.

Rajeunir la formation

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Justin Barron

La balle n’est pas que dans le camp de Kent Hughes, mais il n’a pas caché que sa formation présenterait un visage passablement rajeuni à la rentrée. Il s’est enthousiasmé des auditions qu’ont obtenues Justin Barron et Jordan Harris cette saison, et il attend déjà le saut chez les professionnels des défenseurs Kaiden Guhle et Arber Xhekaj et de l’attaquant Jan Mysak. On pourrait ajouter à sa liste les attaquants Jesse Ylönen et Rafaël Harvey-Pinard, qui font leurs classes dans la Ligue américaine. « La jeunesse s’en vient », a annoncé Hughes, encore que les décisions au sujet des joueurs en question seront prises en fonction de leur développement individuel et non des besoins ponctuels du Canadien. « On doit voir à quel point ils sont prêts », a-t-il dit, ajoutant sans transition que des allers-retours entre le CH et le Rocket de Laval pourraient être nombreux en 2022-2023. Trois recrues en défense ne disputeront probablement pas les 82 matchs, a-t-il noté. « On ne prendra pas ce risque. »