Réelle réconciliation ou simple coup de pouce à son DG pour masquer les apparences ? Dur à dire, mais Jeff Petry a changé de discours samedi à Brossard.

Le défenseur du Canadien a profité de son dernier passage de la saison devant les micros pour indiquer qu’il ne fermait pas la porte à un retour à Montréal. De l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc au retour au jeu de Joel Edmundson, en passant – peut-être – par le lancement d’une série d’entrevues de Serge Fiori, tous les éléments sont réunis pour rappeler au numéro 26 que la vie à Montréal peut être bonne.

Depuis que Martin est arrivé, j’ai retrouvé mon jeu. Ce qu’il a implanté m’a aidé à retrouver mon jeu. Je vais prendre un pas de recul pour réfléchir, retourner auprès de mes proches et avoir une discussion avec eux.

Jeff Petry

Allons-y un élément à la fois. D’abord, l’entraîneur-chef. Ils ont été plusieurs à complimenter St-Louis en cette journée de vidage des vestiaires. Mais aucun n’y a mis autant d’amour que Petry, qui semblait authentiquement reconnaissant. Le fluide patineur a cité les efforts que St-Louis a faits pour lui permettre de revoir ses trois garçons et sa femme, enceinte de leur quatrième enfant. Les quatre sont restés au Michigan après les Fêtes.

Fin mars, par exemple, le Canadien devait disputer des matchs à Sunrise, à Raleigh et à Tampa. La petite famille prévoyait l’y rejoindre, mais Petry s’est blessé le 24 mars, quelques jours avant le départ.

« Martin m’a dit de venir et de rester à Fort Lauderdale pendant que l’équipe allait en Caroline, et de simplement rejoindre le groupe à Tampa. Il a tout fait pour me donner des options. Je n’ai pas pu y aller finalement, mais son effort m’a vraiment touché. Il m’a aussi permis de retourner à la maison à Pâques, pour un court séjour. J’apprécie ce qu’il a fait. Il a compris ma situation. »

Cela dit, ses performances demeuraient en dents de scie, une tendance qui a semblé s’atténuer avec le retour d’Edmundson à la mi-mars. Rappelons que Petry avait passé une bonne partie de la dernière saison à ses côtés, de même que la quasi-totalité des folles séries 2021.

Les deux complices ont été réunis dès le retour d’Edmundson. Pour Petry, ce fut le jour et la nuit.

  • Petry sans Edmundson : 4 buts, 9 mentions d’aide et 13 points en 51 matchs, fiche de - 9
  • Petry avec Edmundson : 2 buts 12 mentions d’aide et 14 points en 17 matchs, fiche de - 2

« C’était une grosse perte pour l’équipe et pour moi. L’an passé, ça allait bien entre nous et je suis vraiment à mon aise avec lui. Nos styles sont différents, mais on joue bien ensemble. Après le match [de vendredi], il m’a pris dans ses bras et m’a dit : “J’aurais aimé qu’on joue plus longtemps ensemble cette année.” C’est un gars qui m’aide vraiment. »

Les bémols

Cela dit, malgré cet élan d’enthousiasme, Petry n’a pas non plus affirmé avec conviction qu’il tenait à finir sa carrière à Montréal. « Je ne veux pas fermer la porte et dire que c’est la dernière fois que je viens ici », a-t-il répété, relancé plus tard.

On comprend que ce sera une décision familiale. « On adore cette ville [Montréal]. On l’adore depuis huit ans. On aime les écoles pour les enfants. Mais vous voyez nos vidéos, c’est un peu fou chez nous ! On a besoin de toute l’aide possible, et avec les écoles fermées et l’incertitude liée aux fermetures, on a décidé qu’ils resteraient à la maison, pour avoir toute l’aide nécessaire. »

Quoi qu’en pensent les Petry, il y a une autre personne impliquée dans la décision, du nom de Kent Hughes. Il importe d’abord de préciser que Hughes s’adressait aux médias en début de journée, soit avant ses rencontres de fin de saison avec les joueurs.

Hughes ne s’est pas laissé émouvoir outre mesure par les performances de Petry en tandem avec Edmundson.

On savait que Jeff était meilleur que le joueur qu’on voyait en février. La question était plutôt familiale. On a dit que si on pouvait l’échanger, on le ferait. Mais il fallait que ça fonctionne pour le Canadien aussi, parce que c’est un bon joueur.

Kent Hughes, directeur général du Canadien

Bref, Hughes n’a pas changé de position, et c’est aussi une façon de se prémunir face à ses homologues qui souhaiteraient obtenir Petry au rabais simplement parce que le joueur veut changer d’environnement.

Une chose est sûre : le DG a un plan B s’il devait échanger Petry. Il faudrait très probablement le remplacer par « un vétéran qui a du leadership », a tout de suite répondu Hughes, interrogé sur ce qui adviendrait en cas de transaction. À deux autres reprises pendant son point de presse de 30 minutes, il a évoqué des scénarios impliquant un départ de Petry.

Quoi qu’il en soit, c’est un dossier qui a de plus grandes chances de bouger à l’approche du repêchage, quelque part au début de juillet. Jeff Petry aura alors eu le temps de réfléchir à son avenir, tandis que Hughes en saura plus sur ce qui est disponible sur le marché. S’il cherche un vétéran qui a du leadership pour remplacer Petry, il pourra toujours tenter sa chance sur le marché des joueurs autonomes, où est notamment attendu son ancien client Kris Letang, un défenseur droitier offensif qui doit bien exercer un certain leadership puisqu’il porte un « A » à Pittsburgh depuis cinq ans.

Encore faut-il que Hughes trouve preneur pour Petry, par contre. À 34 ans, avec un contrat valide pour encore 3 ans, à 6,25 millions par saison, Petry n'a pas non plus le profil le plus attrayant.