Il peut s’en passer, des choses, en dix jours. Thomas Bordeleau sera le premier à vous le dire.

Passons en revue les dernières semaines dans la vie du jeune attaquant de 20 ans.

7 avril : défaite dans le Frozen Four avec les Wolverines de l’Université du Michigan.

12 avril : contrat d’essai amateur dans la Ligue américaine, avec le club-école des Sharks de San Jose.

13 avril : premier match professionnel dans la Ligue américaine.

16 avril : contrat d’entrée dans la LNH avec les Sharks.

17 avril : première rencontre dans la LNH.

« C’est un peu surréel, tout ce qui s’est passé, admet Bordeleau au bout du fil. J’essaie de finir la saison le mieux possible. Quand tout va être terminé, ça va vraiment être un genre de : wow. C’est un méchant dernier stretch. »

Choix de deuxième tour des Sharks en 2020, le Québécois né aux États-Unis a passé les deux dernières saisons avec l’Université du Michigan, en NCAA. Il comptabilise 67 points (20 buts et 47 passes) en 61 matchs.

PHOTO BRIAN FLUHARTY, USA TODAY SPORTS

Thomas Bordeleau (34) a récolté 67 points en 61 matchs avec les Wolverines de l’Université du Michigan.

Sa saison s’est conclue avec une défaite des Wolverines face aux Pioneers de l’Université de Denver dans le Frozen Four, le 7 avril. Quelques jours plus tard, son agent Pat Brisson lui a obtenu un essai amateur avec le Barracuda de San Jose, dans la Ligue américaine. Le jeune homme mettait ainsi un terme à sa carrière en NCAA, comme l’ont fait plusieurs de ses coéquipiers à Michigan comme Owen Power (Buffalo), Kent Johnson (Columbus) et Matty Beniers (Seattle).

« [Pat Brisson] m’a dit : “Hey, ça va juste être bon de jouer dans la Ligue américaine un peu et, après, on verra” », raconte Bordeleau.

« J’arrivais avec l’idée de rencontrer les gars, d’apprendre à connaître le personnel, d’être à l’aise, explique-t-il. Je voulais juste m’ouvrir à tout ce qui se présentait à moi, être une éponge avec tous les gars qui étaient là. Je voulais avoir du fun sur la glace. »

À son premier affrontement professionnel, le petit attaquant de 5 pi 9 po et 179 lb a contribué aux trois buts de son équipe et a été nommé première étoile du match dans une défaite de 6-3 contre les Condors de Bakersfield.

Son séjour dans la Ligue américaine ne s’est pas étiré bien longtemps. Après deux matchs, les Sharks lui ont offert un contrat d’entrée de trois saisons et l’ont rappelé avec l’équipe. C’est donc dire qu’il écoule actuellement la première année de son contrat.

« Je savais [que je signerais un contrat] quand la saison finirait, soutient-il. C’était juste un soulagement, une étape de plus vers la prochaine destination. C’était un beau moment pour ma famille et moi. »

Un dodo chez Brent Burns

Au moment où Thomas Bordeleau est arrivé avec les Sharks, le 17 avril, l’équipe s’était inclinée à ses 10 matchs précédents. Disons que l’ambiance n’était pas à la fête. Le jeune joueur de centre a malgré tout reçu un bel accueil de ses nouveaux coéquipiers.

« Les gars sont tous extrêmement gentils, très accueillants, confie-t-il. […] [Logan] Couture, c’est une personne incroyable. Il m’a parlé beaucoup pour voir comment j’allais. Brent Burns m’a invité à aller dormir chez lui, juste pour être autour. C’est vraiment du bon monde. C’est un environnement familial. C’est le fun de faire partie de ça. »

Pour son premier match, Bordeleau affrontait le Wild au Minnesota. Il a récolté son premier point dans la LNH, une mention d’aide sur le premier but des Sharks, celui de Rudolfs Balcers. Et il l’a fait devant ses parents, présents pour l’occasion.

J’étais dans un état de choc tout au long de la game. J’avais un peu de misère à croire que c’était en train d’arriver.

Thomas Bordeleau

« C’était vraiment spécial pour ma famille et pour moi, ajoute-t-il. J’essayais juste de l’apprécier, d’avoir du fun vu que ça arrive juste une fois. »

Après la pluie, le beau temps

Thomas Bordeleau a vécu de grandes déceptions dans les deux dernières années, alors que la COVID-19 l’a privé non pas une, mais deux fois de participer au Championnat mondial junior avec l’équipe américaine. « Ça me tue de ne pas pouvoir les aider à gagner », avait-il dit dans une entrevue avec La Presse, en décembre dernier.

Les bonnes nouvelles des dernières semaines viennent, en quelque sorte, mettre un petit baume sur tout ça.

« Ce sont des choses qui m’ont beaucoup marqué, soutient-il. Ça a assurément forgé le gars que je suis en ce moment. Sans tout ce qui est arrivé, je ne serais pas le même. Je me dis que c’est arrivé pour une raison. »

Et puis, rappelons que le tournoi a finalement été reporté au mois d’août. Alors que Bordeleau croyait sa dernière chance d’y participer partie en fumée, il pourra finalement décider d’y prendre part s’il le souhaite.

« Je n’ai pas parlé avec les Sharks pour savoir ce qu’ils aimeraient que je fasse, fait-il savoir. C’est sûr que ce serait le fun d’y aller, mais en même temps, je perdrais deux mois d’entraînement à cause du camp, puis du tournoi. Donc on verra. On va peser les pour et les contre après la saison. »

Pour l’instant, il profite de chaque moment dans l’entourage des Sharks de San Jose.

« J’essaie d’absorber tout ce que je peux, d’être le plus ouvert à tout, d’apprendre le plus possible avec les gars qui ont de l’expérience. »

Consultez la fiche de Thomas Bordeleau (en anglais)