(Montréal) Dans un monde où les entraîneurs doivent dégager de la confiance et de l’assurance, afin d’être crédibles, Martin St-Louis détonne. Pas parce qu’il n’affiche pas de confiance, au contraire. Il a toujours été réputé pour sa détermination.

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Mais il n’a pas peur non plus d’admettre la froide réalité, soit qu’il se débrouille avec les moyens du bord, dans les circonstances. Et qu’il apprend un peu sur le tas.

Prenez samedi. Le Canadien tenait tête aux puissants Capitals et la marque était encore de 1-1 à l’approche de la médiane du match. Puis, Josh Anderson s’est chamaillé devant le filet, lui et Nicklas Backstrom ont été chassés et l’action s’est poursuivie à 4 contre 4.

Une minute chronométrée plus tard, c’était 3-2 Capitals, et les Washingtoniens n’ont plus jamais cédé l’avance.

Dans son point de presse d’après-match, St-Louis a plaidé coupable pour cette portion du match, s’attribuant « le blâme ». « On n’a pas beaucoup travaillé notre système à 4 contre 4 », a répondu l’entraîneur-chef par intérim du Canadien.

On pourrait dire que c’est le métier qui rentre. Dans son cas, les difficultés sont nombreuses : un effectif qui change constamment en raison des blessures et des transactions, des joueurs qui traînent des bobos, un calendrier rempli comme celui d’un garagiste en avril et un groupe bien conscient de son sort au classement depuis à peu près la Toussaint. Difficile, dans ces circonstances, de travailler sur des détails comme le jeu à 4 contre 4.

360 minutes à jouer

Par contre, les joueurs, eux, ont encore six matchs à jouer et St-Louis a un message très clair pour eux.

C’est Ryan Poehling qui a ébruité le message. « Martin nous l’a dit, il nous reste six matchs, et ce sont nos meilleures occasions d’entraînement, car peu importe ce qu’on fera, on ne pourra pas répéter l’intensité d’un match. »

Dans les mots de St-Louis : « Les joueurs ont tous des faiblesses dans leur jeu qu’ils tentent d’améliorer. Je sais qu’ils vont s’y attaquer avec les entraîneurs spécialisés qu’ils consultent l’été. Mais ils ne pourront pas dupliquer les répétitions que l’on fera d’ici la fin de la saison. C’est pour ça qu’elles sont importantes, même si parfois, elles ne sont pas aussi bonnes que ce qu’ils souhaiteraient. »

Pour certains, ces « répétitions » ont été plus concluantes. Prenez Poehling, par exemple, qui a enfilé deux buts malgré un temps d’utilisation limité, et qui en compte trois à ses trois derniers matchs.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Ryan Poehling

Mais pour d’autres, c’est plus pénible. Nick Suzuki s’offre de plus en plus de « journées de traitements », ce qui laisse croire qu’il n’est pas à 100 %. Quoi qu’il en soit, son rendement défensif s’en ressent, il a terminé son samedi à -3, et affiche -13 à ses 10 derniers matchs.

Alexander Romanov a lui aussi bouclé la rencontre avec un -3, et -8 à ses cinq dernières sorties. La hausse de ses responsabilités est évidente depuis que Ben Chiarot et Brett Kulak ont été échangés. Le départ d’Artturi Lehkonen, également le mois dernier, n’a pas aidé personne défensivement non plus.

Jake Evans a toutefois rejeté cette explication pour expliquer le relâchement défensif, perceptible par les 48 buts que le CH a accordés à ses 10 derniers matchs.

« Il n’y a pas d’excuses. C’est notre travail, nous sommes des joueurs de la LNH, a rétorqué Evans. Chiarot et Lehkonen étaient de bons joueurs défensifs. Mais on nous donne un rôle et c’est à nous de l’occuper. »

Anderson et l’esprit d’équipe

St-Louis parlait de ce qui ne se duplique pas à l’entraînement. Une de ces choses, c’est certainement l’esprit de corps, pour la simple et bonne raison que chacun part dans son coin de pays une fois la saison terminée.

Pas besoin d’une grande rétrospective de la saison pour comprendre que cet esprit d’équipe a fait défaut en première moitié de saison et que les joueurs semblaient parfois désintéressés.

Mais c’est mieux récemment, et samedi, il était clair que Josh Anderson et Joel Edmundson n’allaient pas laisser Tom Wilson faire ce qu’il fait de mieux impunément. En fin de deuxième période, Evans en a eu assez de voir Wilson tenter de le mettre en échec. Evans a répliqué avec un coup de bâton, le conflit a escaladé et c’est Anderson qui est arrivé à la rescousse.

« C’est le type de joueur que Wilson est. Il est robuste et il est intimidant. Je sentais que j’étais visé, et d’autres joueurs étaient aussi visés. J’étais frustré, mais j’étais vraiment heureux de la réaction de Josh. C’est un bon coéquipier, qui a du caractère », a résumé Evans.

PHOTO PETER MCCABE, LA PRESSE CANADIENNE

Josh Anderson (17)

L’implication physique des Wilson et des Garnet Hathaway était toutefois un rappel que les Capitals profitent eux aussi de « dernières répétitions ». Mais dans leur cas, c’est en prévision des séries, où l’intensité et la fougue grimperont d’un cran.

« Ils sont prêts à rentrer dans les séries, côté jeu physique », a noté St-Louis. Difficile de l’obstiner là-dessus.

Dans le détail

Mantha brille à la maison

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Anthony Mantha

Anthony Mantha a profité de sa visite à la maison pour connaître sa première soirée de quatre points depuis le 8 mars 2020. Le Québécois de 27 ans a inscrit deux buts en 34 secondes en deuxième période, sur des passes de son compagnon de trio Lars Eller. Il a aussi obtenu deux mentions d’aide sur les buts de Nic Dowd et de Dmitry Orlov. Ce n’est pas la première fois que Mantha performe bien à Montréal. Il comptabilise 8 buts et 7 passes en 18 matchs en carrière contre le Canadien. « La famille, les amis sont ici. Les billets sont assez chers, donc j’essaie de leur donner le plus grand rendement possible par rapport à leur argent », a-t-il lancé en conférence de presse, provoquant un rire collectif. Plus sérieusement, il a ensuite expliqué que sa famille bénéficiait parfois de billets gratuits par l’entremise de son grand-père, l’ancien joueur du Canadien André Pronovost.

Une foule indifférente à Ovechkin

Alex Ovechkin avait été hué lors de son dernier passage au Canada au début du mois de mars, plus particulièrement à Calgary, alors que l’invasion russe était commencée depuis deux semaines en Ukraine. On ignorait quel genre d’accueil les partisans montréalais réserveraient au Russe de 36 ans. La foule a offert une réaction mitigée, partagée entre les huées et les encouragements, quand Michel Lacroix a prononcé le nom de l’attaquant une première fois avant le match. Pendant l’affrontement, elle s’est montrée somme toute indifférente à Ovechkin, offrant plutôt ses huées à Tom Wilson, qui a distribué 5 mises en échec dans sa soirée. Ovie a inscrit son 47e but de la saison sur une belle passe d’Evgeny Kuznetsov. S’il atteint le plateau des 50 buts, il égalisera le record du plus grand nombre de saisons (9) de 50 buts, détenu par Mike Bossy et Wayne Gretzky. « Nous ne parlons pas de ses accomplissements dans le vestiaire, mais tout le monde sait exactement où il se situe, a mentionné l’entraîneur-chef des Capitals, Peter Laviolette. Les gars savent ce qu’il donne à notre équipe tous les soirs. Ils sont tous excités pour lui quand il franchit des plateaux et qu’il établit des records. »

Dvorak contribue à l’attaque

Après n’avoir amassé que 16 points à ses 37 premiers matchs de la saison, Christian Dvorak est sur la bonne voie offensivement. L’attaquant de 26 ans comptabilise 10 points à ses 13 derniers matchs. Il a servi une superbe passe par-derrière à Jake Evans en entrée de zone en début de deuxième période, ce qui a permis d’égaliser la marque à 1-1. Il a aussi remporté 62 % de ses mises en jeu, mais terminé la soirée avec un différentiel de -1. Là où Dvorak ne contribue pas, c’est en supériorité numérique. Il n’a obtenu aucun point en 21 min 30 s de temps de jeu sur l’avantage numérique au cours des 10 dernières rencontres.

Ils ont dit

Il est un de nos meilleurs, sinon notre meilleur attaquant depuis quelques matchs. Il joue avec confiance. Il est fort, intelligent, il a un bon tir. Il aurait pu marquer plusieurs buts, il finira par marquer. Il joue très bien, il utilise son gros gabarit. Sa confiance augmente.

Jake Evans, au sujet de Joel Armia

C’est sûr que ça fait du bien, encore plus quand tu as un match comme ça contre Montréal, à Montréal. Mes amis sont ici, ma famille. C’est toujours le fun. J’ai hâte d’aller les voir et je vais essayer de continuer sur cette lancée-là le reste du chemin jusqu’aux séries et essayer de bâtir le plus de confiance possible pour les séries.

Anthony Mantha

Je ne voulais pas retirer Sam. Je sais que c’était un match difficile, mais on ne lui a pas facilité la vie. Je trouve que nous étions trop avancés dans le match pour considérer cette option. Je sais que c’est dur pour un gardien de rester là pour huit buts.

Martin St-Louis, au sujet de Samuel Montembeault

C’est une équipe jeune qui est portée vers l’attaque. Elle est dangereuse. Il y a quelques équipes dans la ligue qui sont comme ça. Elles sont jeunes et extrêmement rapides, talentueuses.

Peter Laviolette, sur les quatre buts accordés au Canadien

En hausse

Joel Edmundson

Il s’est impliqué physiquement toute la soirée et a fait partie de ceux qui ont tenu tête à Tom Wilson. Mis à part la fois où Alexander Ovechkin l’a déculotté, il a livré une bonne performance.

En baisse

Alexander Romanov

Lui et David Savard ont été sur la patinoire pour six buts des Capitals. Il a souvent été débordé dans son territoire.

Le chiffre du match

4

Son équipe a beau l’avoir emporté 8-4, le défenseur des Capitals Justin Schultz a terminé le match avec un dossier de -4.