(Montréal) Il était normal de s’attendre à un miracle en ce Vendredi saint au Centre Bell, mais en lieu et place, on a eu droit à une performance peut-être pas si miraculeuse de la part du CH.

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Pourtant, la table était mise.

Devant le filet du Canadien, il y avait Carey Price, ce gardien jadis auréolé, parfois capable de transformer l’eau en vin ou le Gatorade en nectar de la victoire, c’est selon.

Price n’avait pas joué depuis juillet dernier, lors de la grande finale, et il n’a pas eu à faire grand-chose en cette grand-messe du vendredi soir ; après 20 minutes, les Islanders n’avaient que huit tirs au but, et après 60, ils en avaient un total de seulement 20.

Mais la marque finale fut celle-ci : New York 3, Canadien 0.

Vous avez noté le dernier chiffre ? Oui, c’est bien un zéro comme dans Ouellet, et ça, c’est une réalité qui résume très bien la carrière de Carey Price chez le CH. Souvent, trop souvent, ses coéquipiers sont incapables de lui fournir un support offensif adéquat. Ce qui donne ça.

Ce n’est rien de neuf, et c’est ce qui est arrivé vendredi soir au Centre Bell, avec nos hommages au gardien des visiteurs Ilya Sorokin, qui a tout de même volé quelques buts aux palettes locales lors de cette soirée, et souvent de manière spectaculaire, avec 44 arrêts.

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Le gardien Ilya Sorokin (30) et Cole Caufield (22)

Ensuite, quand Carey Price s’est présenté devant les médias en fin de soirée, on a vu un homme soulagé.

« Je suis arrivé dans ce match en étant tout à fait prêt, a-t-il expliqué. J’essayais de faire des lectures de jeu, comme je le fais d’habitude. Après une telle absence, c’était peut-être idéal que de ne pas être bombardé de tirs, et je dirais qu’on méritait un meilleur sort. »

Price est un gentil garçon et il ne le dira pas, mais il est habitué à ce genre de match, où sa marge d’erreur est très mince, et parfois même inexistante. C’est son chemin de croix, et on en profite pour rappeler cette délicate réalité : au hockey, on ne gagne pas si on ne marque pas.

Bien sûr que les statistiques de ce grand retour ne lui sont pas si favorables – il a accordé deux buts sur seulement 19 lancers –, mais il faut rappeler que le premier but, celui de Parisé, est survenu à la suite… d’un trois contre zéro ! Le deuxième but, celui de Dobson, est survenu à la suite d’un tir parfait.

« Ce fut une très bonne journée dans l’ensemble, a ajouté le gardien vedette. Je me sentais bien, bien préparé, et ce fut pour moi un autre match comme d’habitude. Je me sentais prêt, mentalement et physiquement, ma préparation a été très bonne.

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Carey Price (31) et Kyle Palmieri (21)

« Il y a peut-être quelques lectures de jeu que j’ai mal effectuées, entre autres quand les Islanders étaient en échec-avant. Il faut dire qu’on n’a pas souvent eu l’occasion de tenir plusieurs entraînements d’équipe au cours des derniers jours. Mais ce fut très plaisant et aussi très émotif, la réaction des partisans m’a fait chaud au cœur. »

Martin St-Louis a plus tard ajouté qu’il n’y a pas de « plan » avec Carey Price d’ici à la fin de la saison. Il ne reste plus que sept rencontres au calendrier du Canadien, et si on a bien compris, c’est en gros le gardien lui-même qui va décider de son emploi du temps… sauf pour samedi soir, alors qu’il devrait rester sur le tabouret du réserviste, si on a bien compris.

« Est-ce qu’on est une équipe différente avec un Carey en santé ? Oui, a répondu Martin St-Louis. Il va faire ce qu’il sait très bien faire… mais les gars devant lui doivent jouer aussi. On devra être plus constants. »

Cela est très vrai, sans quoi le futur de Carey Price ressemblera aussi à son passé, c’est-à-dire bien des matchs où ses coéquipiers ne savent pas la mettre dedans. Mais peu importe. En ce Vendredi saint, Carey Price s’est levé, il a confirmé son grand retour, et pour le Canadien, Montréal, et la province au grand complet, c’est source d’espoir en vue de la prochaine saison.

« J’ai eu des papillons dans l’estomac en le voyant arriver, a ajouté Paul Byron. Je suis tellement content pour lui, ça nous a donné de l’énergie et de l’émotion, ce fut incroyable. L’idée avec lui, c’est de pouvoir conclure la saison en force… pour mieux bâtir la prochaine. »

Dans le détail

Ça jase Vézina

On attendait Carey Price, on a eu Ilya Sorokin. Le gardien des Islanders avait l’air de tout sauf d’un gardien intimidé par la grandeur du moment. Il a repoussé les 44 tirs du Canadien et, signe d’un gardien en contrôle, il n’a pas multiplié les arrêts qui se retrouveront aux jeux de la semaine. Il bloquait simplement les rondelles avec le milieu de son corps, en se faisant gros devant les tireurs montréalais. Après le match, Mathew Barzal a souligné que Sorokin, avec ses sept jeux blancs et son efficacité de ,928, devrait faire partie des candidats au trophée Vézina. Barry Trotz ne s’est pas fait tordre un bras pour embarquer dans le débat. « Il devrait peut-être avoir quatre blanchissages de plus, mais on a fait des erreurs en fin de match ou on a mal défendu notre territoire, a ajouté l’entraîneur-chef des Islanders. Il ne recevra probablement pas beaucoup de votes, car on va rater les séries. Et dans la région de New York, tout le monde parle d’Igor Shesterkin. Notre gars est au même niveau, mais personne n’est au courant. » Depuis que le Vézina fait l’objet d’un vote, soit depuis 1982, un seul gardien l’a gagné au sein d’une équipe exclue des séries : Sergei Bobrovsky, avec les Blue Jackets de 2013.

Un rare 3 contre 0

Mathew Barzal a été franc : un 3 contre 0 comme celui auquel il a eu droit en troisième période, ça ne lui était jamais arrivé. Il a plutôt bien fait ça, pour un gars qui n’est pas habitué à de tels cadeaux. Barzal a en effet gardé la rondelle le plus longtemps possible, question de forcer Price à se compromettre. « Tu ne veux pas trop jouer avec la rondelle ou essayer le jeu parfait, a-t-il décrit. J’ai feint le tir, mais je voulais lui donner la rondelle, c’est lui qui est en feu dernièrement. » « Lui », c’est Zach Parisé, qui compte maintenant quatre buts à ses trois derniers matchs. Parisé est celui qui a amorcé ce surnombre. « J’étais un peu surpris. J’avais la rondelle, je me suis levé la tête et j’ai vu les deux gars démarqués, a raconté le vétéran. Je voulais donc lui donner la rondelle, il était au centre, je voulais le laisser prendre la décision. » Tous retiendront que Corey Schueneman a bêtement perdu la rondelle devant Kiefer Bellows en début de séquence, mais on notera la témérité de ses coéquipiers, qui n’ont pas cru bon assurer les arrières de Schueneman malgré le pointage de 0-0…

Ça se poursuit pour Hoffman

À moins d’une fin de saison digne des fins de combat de Hulk Hogan, Mike Hoffman ratera la marque des 20 buts pour la première fois de sa carrière dans une saison complète, et ça ne sera même pas proche. L’ailier gauche a été blanchi vendredi pour un 19e match de suite, lui dont la qualité première est pourtant la qualité de son tir. Il n’a amassé que six passes au cours de cette séquence. Hoffman a tout de même réussi quelques jolies séquences en cours de match, notamment une passe du revers à Christian Dvorak pour permettre à ce dernier de tirer de l’enclave. Mais pour un joueur dont le jeu d’ensemble fait parfois défaut, la production offensive est essentielle.

Ils ont dit

On sentait l’énergie dès le départ… Avant l’échauffement, les gens qui attendaient pour voir Carey. C’était très spécial. On a joué un match solide, mais on n’a pas été capables de mettre une rondelle dans le filet pour lui.

Nick Suzuki

Carey est tellement calme devant son filet, et puis personne n’en parle, mais sa façon de contrôler la rondelle autour de son filet nous aide beaucoup, ça apporte une autre dimension à notre équipe, il est comme un [troisième] défenseur. Il y avait peut-être un peu de rouille dans son jeu, mais il a joué un très bon match.

Paul Byron

C’était une soirée spéciale pour bien des raisons avec le décès de Mike Bossy et le retour de Carey. J’ai déjà eu des blessures comme joueur, moi aussi, mais je n’étais pas un joueur établi comme lui, donc je n’ai pas eu des ovations de même ! Mais ça ne m’a pas surpris, je sais ce que Carey représente pour le Canadien. Il a été le corps et l’âme de cette équipe depuis longtemps.

Martin St-Louis

J’étais surtout préoccupé par l’émotion du match, par leur niveau d’énergie par rapport au nôtre. On joue cinq matchs par semaine depuis sept ou huit semaines, parce qu’on avait 10 matchs à rattraper ! Cela dit, ils ont mieux joué que nous, mais on a travaillé aussi fort qu’eux. Regardez nos tirs bloqués, nos gars qui se battaient au terme de longues présences. Notre groupe est résilient. On n’avait plus beaucoup d’énergie en troisième, mais les gars ont voulu tenter une poussée.

Barry Trotz

C’était plaisant à jouer. Dès l’échauffement, il y avait de l’électricité dans l’air, avec le retour de Price. La foule était dedans et pour un joueur, ce sont les matchs que tu veux jouer.

Noah Dobson, défenseur des Islanders

En hausse

Joel Armia

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Joel Armia (40)

Si le gros attaquant pouvait jouer avec cette hargne plus souvent, il pourrait devenir un joueur important pour cette équipe.

En baisse

Corey Schueneman

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Carey Price (31) et Corey Schueneman (64) après le premier but des Islanders

Le défenseur a commis la gaffe qui a mené à un trois contre zéro, et au premier but des visiteurs. Tu peux pas faire ça. Tu peux pas.

Le chiffre

7

Le nombre de blanchissages pour Ilya Sorokin cette saison. Cela égale une marque d’équipe, en compagnie de Chico Resch (1975-76) et Semyon Varlamov (2020-21).