Depuis quelques semaines déjà, Stéphane Fiset voit un peu la même chose que nous tous lorsqu’il tombe sur des images de Carey Price.

Il voit lui aussi le gardien du Canadien qui trime dur aux entraînements, qui multiplie les étirements et les échauffements, qui tente par tous les moyens de revenir au jeu en cette fin de saison qui ne veut plus rien dire.

La différence avec nous, c’est que Stéphane Fiset, lui, est déjà passé par là.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Stephane Fiset

« Je le regarde aller, et je peux très bien comprendre ce qu’il doit ressentir », a expliqué au téléphone l’ancien gardien de la LNH, qui a disputé 390 matchs avec les Nordiques, l’Avalanche, les Kings et le Canadien.

Quand tu es gardien de but, que tu as une blessure à un genou et que tu tentes un retour, ça peut devenir très frustrant. Une journée, tu te sens mieux, et tout d’un coup, ton genou se remet à enfler, et tu dois repartir à zéro. Alors je peux très bien comprendre ce que Carey doit vivre en ce moment…

Stephane Fiset

C’est en 2001-2002, après 13 saisons dans la LNH, que Fiset en arrive à un douloureux constat : ses genoux ne veulent plus continuer. Après des blessures sévères, « des deux bords en plus », le gardien québécois, un choix de deuxième tour des Nordiques au repêchage de 1988, doit tout arrêter à 32 ans.

Carey Price n’en est pas là, et si Dieu le veut, il profitera de ce week-end biblique pour effectuer le genre de retour que l’on pourrait qualifier de résurrection sportive. Ce ne serait pas notre première comparaison exagérée ces jours-ci.

Mais le Canadien en est là : à espérer ce grand retour, que ce soit vendredi au Centre Bell face aux Islanders de New York, ou encore samedi soir au même endroit, cette fois contre les Capitals de Washington.

Stéphane Fiset n’a évidemment pas eu l’occasion de consulter les résultats des tests du genou de Price, et il n’est pas non plus son médecin, mais il estime que le gardien du Canadien devrait être en mesure de redevenir celui qu’il a été naguère.

« Je pense qu’il va pouvoir retrouver son niveau de jeu, ajoute-t-il. Selon moi, tout ce qu’il veut en ce moment, c’est jouer trois ou quatre matchs sans avoir à subir un recul dans sa progression. S’il peut y arriver, il va pouvoir entreprendre son programme estival d’entraînement la tête en paix, sans avoir à passer l’été à se poser des questions. Ce bout-là est assez important : il a besoin de savoir que tout est beau avec son genou, pour que rien de négatif ne lui trotte dans la tête cet été.

« Mais je le répète, ce n’est pas facile. Je le vois aller depuis quelques mois, et ça me rappelle mes propres défis quand j’essayais de revenir au jeu après avoir subi des blessures à un genou. J’ai fait la même chose : des entraînements hors glace, ensuite des entraînements sur la glace, et ensuite, on arrête tout parce que le genou se remet à enfler, et on ne sait pas trop pourquoi. C’est sûr que ça peut devenir décourageant, et il faut avoir un moral très solide pour repartir à zéro et continuer. Lui, ça fait trois fois cette saison qu’il doit tout recommencer. »

Pour Stéphane Fiset, actif lors d’une époque, les années 1990, où les gardiens étaient souvent la cible de mises en échec de la part de joueurs adverses peu habitués à toute forme de délicatesse, ce sont les collisions qui ont fini par l’avoir à l’usure. Dans le cas de Carey Price, c’est plus nébuleux ; pourtant, tout semblait très bien aller pour lui lors du printemps de 2021…

« Mais il y a aussi le style papillon et l’usure qui vient avec cette position, d’ajouter le gardien québécois. Ce n’est pas une position facile et je me souviens qu’en raison des impacts répétés, je devais porter des attelles aux genoux… Mais je pense que si Carey peut offrir de bonnes performances d’ici la fin de la saison, ça va devenir très clair dans sa tête… et on va revoir le Carey des beaux jours en octobre prochain. »