Martin St-Louis était dans son petit bureau du Centre Bell, avant le match de mercredi soir, quand Réjean Houle a cogné à sa porte.

« Il était déjà là, devant son tableau, à préparer le match contre les Sabres, raconte Houle au bout du fil. Je tenais à aller le saluer en personne. Martin, c’est un gars qui a fait face à l’adversité toute sa carrière, et quand on voit où il s’est rendu… je voulais lui lever mon chapeau. »

Cette adversité, Réjean Houle l’a lui-même constatée de très près il y a des années. Houle, alors fraîchement nommé directeur général du Canadien, se souvient encore des détails : en plein camp d’entraînement, un jeune St-Louis, en compagnie de son ami Éric Perrin, s’est présenté au camp du Canadien, sans même avoir obtenu une invitation, dans le but de convaincre Houle de leur accorder une chance, à lui et à Perrin.

Houle, comme plusieurs autres, lui avait dit non.

« On avait un problème à l’époque, c’était celui de la taille, se souvient-il. Je suis arrivé au poste de DG à un moment [1995] où les gros joueurs dominaient dans la Ligue nationale, où il y avait de l’accrochage en masse, et notre équipe, à ce moment-là, n’était pas du tout imposante.

« Alors j’ai dû expliquer à Martin que non, on n’allait pas avoir besoin de lui, parce qu’on avait déjà des joueurs de petite taille. En tant qu’organisation, on voulait aller dans une autre direction. »

Ç’a été beaucoup comme ça avec Martin au cours de sa carrière : il a reçu plusieurs non, avec nous, mais aussi avec les Sénateurs, avec les Flames, qui ne l’ont pas gardé. Il a quand même réussi à faire son chemin.

Réjean Houle

Toutes ces années plus tard, Houle se souvient encore du jeune St-Louis assis devant lui, « du feu dans les yeux », qui exerçait déjà une forme indéniable de leadership.

« Même plus jeune, il avait des qualités de leader… Je l’ai vu jouer contre mon fils [Jean-François] dans le Midget AAA, dans les rangs universitaires américains. C’est un gars qui a toujours eu cette force de caractère, cette prestance. Il a toujours été le genre de gars capable de prendre les choses en main. »

Un effet durable ?

Pour toutes ces raisons, l’ancien joueur et DG du Canadien n’est nullement surpris de ce qui se passe au Centre Bell depuis que Martin St-Louis a pris place derrière le banc.

Avant lui, la formation montréalaise n’avait remporté que huit matchs depuis le début de la saison, et voici qu’elle vient de récolter quatre victoires en sept rencontres depuis. Les quatre gains consécutifs sont une première pour l’équipe depuis janvier 2019 en saison régulière, et alors que le club se prépare à son prochain match, samedi à Ottawa, il n’occupe plus, pour aujourd’hui, du moins, le 32e et dernier rang du classement général de la LNH.

Cela dit, est-ce que ça va durer ? C’est la grande question, à laquelle se mêle aussi une autre question, celle sur l’état de santé de Carey Price. La direction du Canadien doit d’ailleurs faire le point au sujet de son célèbre gardien ce vendredi.

Réjean Houle estime qu’il est encore un peu tôt pour tirer de grandes conclusions sur Martin St-Louis, l’entraîneur. « On ne peut pas répondre à ça tout de suite… »

Je sais qu’il y aura encore beaucoup de changements qui vont être effectués dans l’équipe. On est encore dans une période de transition importante.

Réjean Houle

Mais Réjean Houle entrevoit quand même l’avenir du Canadien et de Martin St-Louis avec optimisme.

« Martin n’a pas suivi le chemin habituel pour arriver derrière un banc, ajoute-t-il. Tu regardes un peu la liste des entraîneurs du Canadien par le passé, les Pat Burns, Alain Vigneault, Claude Julien, ce sont tous des gars qui ont été des entraîneurs de carrière, qui ont eu à aller faire leurs classes dans le hockey junior. Martin a pris un chemin différent, mais je ne suis pas inquiet pour lui. »