Force est d’admettre qu’on s’en remet rarement à l’argument des bonnes intentions dans une situation de succès.

Amorcer une phrase par « l’intention était bonne » se poursuit quasi invariablement par « mais » puis par le résultat qui s’inscrit en contradiction de l’intention initiale. On pourrait dire, par exemple, que le Canadien est débarqué samedi au Centre Bell avec les meilleures intentions du monde, mais qu’il a quand même quitté l’édifice après une défaite de 2-1 contre les Blue Jackets de Columbus.

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On a certes égalé la marque en début de troisième période et presque racheté 40 minutes d’inefficacité. Mais avec 8 secondes à jouer, alors que Jeff Petry était au cachot, Patrik Laine a quand même décoché un boulet de canon qui n’a laissé aucune chance à Samuel Montembeault, impeccable dans cette rencontre au demeurant.

Si l’on parle du thème des bonnes intentions, c’est parce que Martin St-Louis, nouvel entraîneur-chef du Canadien, l’a lui-même invoqué à deux reprises après la rencontre.

D’abord pour analyser les circonstances menant à la punition de Petry ci-haut évoquée. Ensuite pour parler du bar ouvert de chances de marquer que représentait le devant du filet dans ce match, surtout au cours des deux premières périodes.

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Jeff Petry

On ne sait pas trop où Petry s’en allait avec cette tentative de mise en échec sur Oliver Bjorkstrand, mais on sait comment ça s’est terminé : une punition pour avoir fait trébucher l’attaquant des Jackets et un but gagnant des mêmes vestes bleues.

« La ligne entre jouer avec passion et ne pas écoper de punition est difficile » à respecter, a justifié St-Louis. « Les gars veulent tous gagner, tout le monde veut bien faire. […] Je comprends la situation dans laquelle il était, il ne va pas là pour ça [commettre une faute]. Il a un peu perdu son angle, sa jambe est sortie… »

On n’écrira pas un roman sur les ennuis de Petry depuis le début de la saison, mais notons quand même que cette énième bourde en lice était en parfaite phase avec le match d’avant, et celui d’avant, et l’autre avant aussi.

Blâme

Au cours des derniers jours, on a fait grand cas des changements stratégiques apportés en territoire du Canadien. On cherche, ainsi, à prioriser une couverture homme à homme et à sortir de la zone en possession du disque plutôt que de s’en débarrasser.

Résumons rapidement la situation de samedi : ça n’a pas marché. Contre les Capitals de Washington, mardi, on avait réussi à obliger les tireurs à s’exécuter loin de la zone payante. Contre les Jackets, on a rouvert les vannes.

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Elvis Merzlikins

Ça ne coûtait pas cher de s’approcher de Montembeault, encore moins de décocher un tir dangereux en sa direction. En deuxième période seulement, le site Natural Stat Trick a crédité les visiteurs de 11 chances de marquer de qualité.

À ce sujet, St-Louis a désiré « prendre le blâme ». C’est lui, a-t-il assuré, qui a demandé à ses hommes de conserver la rondelle le plus longtemps possible. « Quand tu demandes à tes joueurs de faire ça, des fois tu te fais mal, a-t-il constaté. Beaucoup des chances [adverses], c’était notre faute. […] Des fois, il faut reconnaître que c’est mieux qu’on envoie nos problèmes un peu plus loin. » Lire ici : dégager la rondelle plutôt que de risquer de se la faire voler.

« Ce n’étaient pas des jeux égoïstes, a-t-il nuancé. C’étaient toutes de bonnes intentions. »

St-Louis, encore : « On avait de bonnes idées. Il faut les corriger et continuer à développer la confiance. »

On l’a évoqué plus haut, mais revenons-y. On invoquera les bonnes intentions quand les résultats ne sont pas au rendez-vous… et aussi quand on n’a pas les capacités à les atteindre, à tout le moins pas à court terme.

Il est sans doute humainement possible de courir un marathon avec une jambe cassée. Mais ça risque d’être un peu ardu.

C’est un peu là qu’en est le Canadien.

Bonnes notes

Afin de se laisser sur une note guillerette, mentionnons les performances inspirées de deux joueurs qui n’ont pas eu la vie facile récemment.

Samuel Montembeault avait accordé 9 buts sur les 23 derniers tirs qu’il avait reçus avant la pause du match des étoiles. D’aucuns savaient qu’il jouait en dépit d’une blessure, mais faute de relève potable, on avait persisté à l’utiliser. Son poignet n’est pas encore revenu « à 100 % », mais le repos a été bienvenu. Il continue de prendre du mieux.

Surtout, ce match de 40 arrêts lui a fait « vraiment du bien ». Il s’est navré du but tardif qui a privé son équipe d’une chance de jouer en prolongation, mais il a néanmoins vu du « positif » dans ce match et estimé que son équipe s’en allait « dans la bonne direction ».

Cole Caufield, de son côté, a marqué son deuxième but en autant de matchs, après en avoir marqué un seul au cours de ses 30 rencontres précédentes. Ce n’est pas tant ce regain de production que nous retenons que la manière d’y arriver. La rondelle envoyée en sa direction par Ryan Poehling n’était pas facile à capter, mais il en a rapidement retrouvé le contrôle et a décoché un tir foudroyant. Tout comme il l’avait fait jeudi dernier sur son but qui a été refusé en raison d’un hors-jeu.

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Cole Caufield

Ce niveau d’exécution et cette vitesse de réaction ne sont pas à la portée de tous les joueurs. C’est pourtant ce qui fera le succès de Caufield dans la LNH.

« Je ne sais pas à quel point le changement d’entraîneur » a fait la différence pour lui, a dit Poehling sur son compagnon de trio. Peut-être est-ce la longue réflexion qu’il a eue pendant la pause.

Or, « c’est bon de le voir être lui-même de nouveau », a poursuivi le joueur de centre. « J’ai hâte de le voir aller dans les prochains matchs. »

En hausse : Samuel Montembeault

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Samuel Montembeault

Une performance exceptionnelle qui a bénéficié à son équipe et qui lui a certainement fait du bien après des sorties très difficiles.

En baisse : Kale Clague

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Kale Clague

Jumelé tantôt à Chris Wideman, tantôt à Brett Kulak, le pauvre a mal paru pendant presque tout le match. Au sein d’une équipe mieux nantie en défense, il sauterait souvent son tour.

Le chiffre du match

82

Cela faisait 82 ans que le Canadien n’avait pas perdu 9 matchs consécutifs. La dernière fois, c’était du 16 décembre 1939 au 6 janvier 1940. Le record d’équipe de 12 revers de suite, établi en 1926, n’est plus si loin.

Dans le détail

Qui voudra de Petry ?

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Jeff Petry

Le nom de Jeff Petry est mêlé aux rumeurs d’échange depuis le mois de décembre, mais bien honnêtement, on se demande ce que le Canadien va bien pouvoir obtenir en retour… s’il est un jour échangé. Une fois de plus, le vétéran défenseur a connu une soirée difficile — un après-midi difficile dans ce cas-ci —, et il a conclu son match bien assis au banc des punitions, pendant que les Blue Jackets marquaient le but de la victoire à la toute fin. Mais Martin St-Louis préfère voir les choses du bon côté dans son cas. « Dans tous les aspects de la vie, en général, il y a de ces instances où l’on peut effectuer les bonnes actions, puis, contre toute attente, remarquer que cela mène malgré tout à un résultat défavorable, a noté l’entraîneur du Canadien. Jeff fait de bonnes choses mais parfois, quelque chose de moins bon lui arrive. Je suis d’avis que nous sommes tous passés par là, et je vais lui parler et continuer à l’appuyer. »

Hammond arrive, Primeau retourne à Laval

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Cayden Primeau

Ça ne pouvait plus continuer dans le cas de Cayden Primeau, et tout le monde était un peu d’accord… incluant la direction du Canadien. Ainsi, le jeune gardien a été retourné dans la Ligue américaine, avec le Rocket de Laval, au terme de la rencontre de samedi après-midi. Le Canadien a pu enfin en arriver à cette décision suite à l’acquisition d’Andrew Hammond de l’organisation du Wild du Minnesota, plus tôt dans la journée. Dans tous les cas, Hammond, 34 ans, est attendu à Montréal sous peu et pourrait être disponible pour le match de dimanche au Centre Bell, face aux Sabres de Buffalo. Ceci dit, Hammond ne sera peut-être pas au maximum de sa forme, puisqu’il a passé les dernières saisons dans la Ligue américaine. De plus, son dernier match dans la LNH remonte à la saison 2017-18, quand il avait pris part à une seule rencontre dans l’uniforme de l’Avalanche du Colorado.

Où est Dvorak ?

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Christian Dvorak

Il s’agit d’une excellente question, et la direction du Canadien a confirmé samedi en fin de journée que l’attaquant américain demeure sur la liste des blessés, et qu’il ne sera donc pas en uniforme lors du match suivant, celui de dimanche au Centre Bell. Ça commence à faire une saison difficile pour Dvorak, qui n’a pas joué depuis le match du 24 janvier, et qui a récolté seulement 16 points en 34 rencontres cette saison, dans ce qui pourrait s’avérer la pire saison de sa carrière. Le nom de l’attaquant de 26 ans commence à circuler dans les rumeurs de transaction, mais il faut se demander qui voudra bien de lui, surtout s’il ne revient pas sur la glace assez rapidement. Rappelons que le Canadien l’a obtenu en septembre des Coyotes de l’Arizona moyennant un choix de premier tour au prochain repêchage et un choix de deuxième tour au repêchage de 2024. Le contrat de Dvorak, valide jusqu’en 2024-25, lui permet de toucher un salaire de 4,4 millions de dollars par saison.

Ils ont dit

Samuel est un gardien qui vient pour travailler et qui sait toujours se replacer. Ce fut un autre exemple cette fois-ci. Il nous a gardés dans le match et nous a donné une chance d’obtenir la victoire… On a essayé. Ce n’est jamais facile de jouer contre eux, ils ferment le jeu, c’est ça qui nous est arrivé en début de match, mais on a fini par trouver des occasions, et on a eu une chance de gagner malgré tout.

Tyler Toffoli

Ils ont marqué sur le premier tir, et c’est frustrant de perdre avec six secondes à jouer, on aurait pu obtenir un point en prolongation… Je pense que l’arrivée d’Andrew Hammond va aider, on va pouvoir se partager le travail. Ma charge de travail va être moins grande et avec la blessure que j’ai subie récemment, je ne suis pas à 100 % de ma forme physique.

Samuel Montembeault

Samuel a été incroyable, au début du match surtout, ils nous ont dominés à ce moment-là et il nous a gardé dans le match. Il a fermé la porte et il nous a donné une chance de gagner.

Ryan Poehling

Samuel a très bien joué, il nous a gardés dans le match, je dirais lors de la première, un peu aussi en fin de deuxième période. On a eu un très bon début de deuxième, notre troisième a été vraiment bonne. Il y a eu de très bons moments. Je sais qu’on a perdu mais j’essaie tout le temps de réfléchir sur notre performance. J’aime gagner, mais si je regarde comment on se développe présentement, c’est vraiment encourageant.

Martin St-Louis