« Ça a l’air que c’est nous qui avons bougé le but. Moi, je vois que c’est le rouge. »

Il aura fallu quatre secondes à Dominique Ducharme pour formuler la première réponse de son point de presse d’après-match. Quiconque regarde ces points de presse de temps en temps a compris à quel point l’entraîneur-chef du Canadien était hors de lui après la défaite de 3-2 de son équipe en prolongation, à Chicago, contre les Blackhawks.

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Il aura fallu quatre secondes à Dominique Ducharme pour formuler la première réponse de son point de presse d’après-match. Quiconque regarde ces points de presse de temps en temps a compris à quel point l’entraîneur-chef du Canadien était hors de lui après la défaite de 3-2 de son équipe en prolongation, à Chicago, contre les Blackhawks.

PHOTO NAM Y. HUH, ASSOCIATED PRESS

Les joueurs des Blackhawks savourent leur victoire en prolongation.

Ses doléances étaient bien sûr liées au but gagnant, œuvre de Philipp Kurashev. Que ce soit le moment où le but est sorti de ses amarres, la responsabilité ou non de Mike Hoffman quant au filet déplacé ou la collision avec le gardien Samuel Montembeault, il y avait bon nombre de zones grises sur ce jeu. Ajoutez-y un possible hors-jeu qui a aussi fait l’objet d’une révision, et vous savez maintenant pourquoi Ducharme était d’une telle humeur.

Était-il plus en colère pour le hors-jeu ou pour la décision d’accorder le but parce que la LNH a jugé que c’est Hoffman qui avait fait en sorte que le filet soit déplacé ? « Ce qui me surprend le plus, c’est qu’on soit 0 en 2 sur la séquence », a répondu Ducharme.

L’humeur de Ducharme était toutefois un bon rappel pour les partisans du Canadien qui souhaitent voir l’équipe couler au classement afin de se donner les meilleures chances de repêcher au premier rang en juillet prochain. Une « lutte » à cinq se dessine pour le 32e et dernier rang au classement général cette saison, et le point perdu par le Tricolore jeudi pourrait très bien faire pencher la balance en fin de saison, quand viendra le temps de déterminer les probabilités à la loterie.

Mais l’air de Ducharme ne laissait aucun doute : l’entraîneur ne veut rien savoir de voir son équipe accumuler les défaites, à plus forte raison quand ça en fait 12 en 13 matchs, et que ça se déroule de cette façon.

« On doit être 0 en 10 sur les appels comme ça. Donc c’est dur à avaler », a ajouté Ducharme. Il n’était pas clair à quelles décisions le coach faisait référence ici, puisque pas plus tard que le 4 décembre dernier, par exemple, les Predators de Nashville ont contesté un but de Christian Dvorak, et la décision a été maintenue. Mais passons.

Romanov, Caufield et les jeunes

Ducharme n’est donc pas différent des autres entraîneurs : il souhaite gagner et a horreur de la défaite. On peut ajouter que le métier d’entraîneur étant ce qu’il est, ses chances sont minces d’être encore en poste quand le premier choix du CH en 2022 deviendra un joueur d’impact.

Cela dit, en attendant de savoir ce qu’il adviendra de son emploi, c’est toujours bien lui qui forme le futur noyau du Canadien. Et de ce côté, il a bien dû voir des éléments encourageants.

Ça commence par Alexander Romanov, dont la percutante mise en échec en fin de deuxième période a eu comme conséquence de donner un avantage numérique aux Montréalais.

C’est ce qu’il fait. Il cogne un joueur comme ça une fois par match et ça donne de l’énergie, ça donne de la vie au banc.

Jeff Petry, au sujet d’Alexander Romanov

PHOTO KAMIL KRZACZYNSKI, USA TODAY SPORTS

Jeff Petry (26) a inscrit son premier but en 54 matchs.

Romanov a donc offert une autre bonne soirée de travail et s’impose par sa constance depuis qu’il a été laissé de côté, le 2 novembre. Depuis ce jour, il joue en moyenne 19 minutes par match, et montre un différentiel de -2, un miracle au sein d’une équipe à la fiche aussi mauvaise.

Ryan Poehling est un autre de ces jeunes. Moins visible que Romanov, il fait tout de même sa part de petits jeux qui lui permettent de gagner des points. Un exemple dans le match de jeudi : son taux de succès de 82 % aux mises au jeu, avec un sublime 6 en 7 contre Jonathan Toews, un des maîtres de la LNH dans cet aspect du jeu.

Nick Suzuki, lui, connaît une saison en dents de scie, mais n’a pas été vilain jeudi, passant plusieurs présences en zone offensive malgré des insuccès aux mises au jeu. On verra si son invitation au match des étoiles le galvanisera pour la suite.

Et puis il y a Cole Caufield. Son cas est plus préoccupant. Trois autres tirs jeudi, pas de but. Le voici à un seul but sur 68 tirs cette saison, une anomalie pour un joueur qui marquait sur un tir sur six dans les rangs universitaires.

Ducharme continue toutefois à chercher des solutions. La dernière : le placer dans le rôle de « bumper » en avantage numérique, soit dans le haut de l’enclave. On employait généralement Caufield du côté gauche afin de lui permettre de tirer sur réception, comme le fait si bien Alex DeBrincat, justement chez les Blackhawks. DeBrincat totalise 23 buts cette saison, dont neuf seulement en avantage numérique.

Dès sa première présence dans son nouveau rôle, Caufield a préparé le but de Mike Hoffman. Après que sa tentative de tir a été bloquée, il a simplement refilé le disque à Hoffman, qui a marqué.

« Il essaie de trouver sa confiance, a commenté Suzuki. Je ne pense pas que ce soit la saison qu’il aurait voulue, mais je sens qu’il joue mieux dernièrement. Avec son nouveau rôle en avantage numérique, ça nous donne un nouveau look et on a marqué tout de suite. J’espère que ça aidera à sa confiance et à celle de notre avantage numérique. »

Ils ont dit

C’est dommage pour Romanov. Il frappe fort et c’était légal. Ça fait partie du hockey. Si tu ne veux pas te faire frapper, fais autre chose. C’était une mise en échec légale.

Dominique Ducharme

PHOTO NAM Y. HUH, ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef Dominique Ducharme

C’est du hockey. Personne n’aime se faire frapper, c’est pourquoi les gens réagissent comme ça. Mais je suis toujours prêt à laisser tomber les gants.

Alexander Romanov, au sujet du combat qui a suivi sa mise en échec

C’est un gros soulagement de finalement marquer après près de 30 matchs. J’espère que ça va me relancer. J’ai plein de choses sur lesquelles travailler. J’espère avoir une grosse deuxième moitié de saison.

Jeff Petry

Ma confiance en désavantage numérique est très élevée, car je joue dans cette situation à tous les matchs. Ce n’est pas nouveau pour moi. Quand tu le fais chaque soir, ça devient plus facile.

Alexander Romanov

C’est un honneur de représenter le Canadien au match des étoiles. Plusieurs gars auraient pu y aller. Je suis juste chanceux d’avoir été choisi. J’ai toujours voulu y aller et je vais profiter de l’expérience.

Nick Suzuki

Dans le détail

Les hauts et les bas de Petry

C’est ce genre de saison pour Jeff Petry. Les moments de réjouissance ont été rares pour lui, et quand il y en a, une gaffe n’est jamais bien loin. Prenez en fin de première. Le grand défenseur s’est joint à l’attaque lors d’un surnombre, comme il le faisait si bien l’hiver dernier. Sa patience avec la rondelle a permis au Canadien de s’installer en zone adverse, puis de provoquer une pénalité aux Blackhawks. Mais sur l’avantage numérique subséquent, il y va de cette satanée passe vers l’arrière en sortie de zone, sans regarder, et la rondelle a abouti sur la palette de Ryan Carpenter, un ennemi. En deuxième période, il a finalement inscrit son premier filet de la saison, jeu qu’il a suivi par une pénalité en début de troisième période. C’est pendant cette pénalité que Patrick Kane en a profité pour faire 2-2, bien que c’était un tir que Samuel Montembeault aurait facilement dû arrêter. Pour ce que ça vaut, notons toutefois que les coéquipiers de Petry semblaient authentiquement heureux de voir leur coéquipier briser la glace.

La première du premier

Il y a toujours des joueurs de talent à aller chercher au milieu du premier tour et les Blackhawks se croisent les doigts pour en avoir trouvé un. Lukas Reichel, repêché 17e au total en 2020, un rang derrière Kaiden Guhle, disputait jeudi son premier match dans la LNH. Derek King l’a gâté pour l’occasion, en lui offrant Patrick Kane comme ailier. On a vu à l’œuvre un patineur rapide, qui s’est justement servi de sa vitesse pour mettre la défense du Canadien dans le pétrin en début de match. L’Allemand a toutefois commis l’erreur de bien des recrues et a tenté d’être trop généreux, quitte à tenter une passe impossible à réussir. Il a paru bien plus en confiance avec son tir en fin de troisième période, lorsqu’il a eu droit à une présence en avantage numérique au sein de la deuxième unité. Avec Kirby Dach (absent jeudi), Reichel fait partie de ces joueurs dont le développement sera crucial à la relance des Blackhawks.

Voici Pitlick

Pour un joueur qui n’a pas encore pu s’entraîner avec ses nouveaux coéquipiers, Rem Pitlick s’est bien dérouillé à son entrée en matière avec le Canadien. L’attaquant, réclamé au ballottage mercredi, a montré que la vitesse était effectivement son arme de prédilection, comme on nous l’avait mentionné mercredi. Pitlick s’est servi de ce coup de patin pour y aller de quelques incursions en zone adverse, dont une en prolongation qui a permis aux Montréalais de s’installer en zone offensive. L’enjeu pour Pitlick sera de cimenter sa place au sein des trois premiers trios afin de ne pas perdre sa place lors des retours de Tyler Toffoli et de Josh Anderson.

En hausse : Alexander Romanov

Il n’a pas eu l’air d’un gars qui n’a pas joué et qui a à peine patiné depuis deux semaines. Une véritable boule d’énergie.

En baisse : Joel Armia

L’heureux élu pour un deuxième soir de suite. Qu’il soit incapable de s’imposer au sein d’une formation si faible est troublant, sachant qu’il lui reste trois autres années de contrat.

Le chiffre du match : 53

En marquant, Jeff Petry a mis fin à une séquence de 53 matchs sans but, séquence qui comprend les 20 matchs en séries l’an passé. Il a obtenu 80 tirs au cours de cette séquence noire.