Depuis deux ans, Daphnée Malbœuf est un visage féminin que l’on voit de plus en plus à RDS. La jeune journaliste anime une émission hebdomadaire, Les trois étoiles, et est appelée à remplacer à la diffusion des matchs du Rocket de Laval.

Avant son premier match, le 14 décembre 2019, elle a appelé Chantal Machabée « pour avoir des conseils sur la façon de se préparer pour des entrevues d’avant-match, quoi faire, quoi ne pas faire », nous raconte Malbœuf, que l’on peut entendre à RDS et au 91,9 Sports.

« Une fois, j’avais un topo qui passait à l’entracte. Chantal m’a demandé à quelle heure ça passait. Elle l’a écouté et m’a donné ses commentaires. J’ai été privilégiée d’avoir cet accès-là et ça a toujours été super précieux. »

Andrée-Anne Barbeau est un autre visage féminin que l’on voit davantage sur les ondes de RDS, où elle anime L’antichambre de façon sporadique depuis quelques mois.

« L’an passé, lors de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, on a fait L’antichambre ensemble, avec Kim St-Pierre et Manon Rhéaume. C’est un des moments les plus marquants de ma carrière. Pour une fille de ma génération, ça vaut cher. »

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Chantal Machabée et Andrée-Anne Barbeau sur le plateau de L’antichambre

Depuis 1989

On n’exagère pas en parlant d’une page d’histoire qui se tourne à RDS avec la nomination de Chantal Machabée à titre de vice-présidente aux communications du Canadien.

Elle n’a évidemment pas toujours eu l’ascendant décrit ci-dessus sur ses collègues. C’est le genre de présence qui se développe au fil du temps, au bout de 32 ans à la même antenne.

Mme Machabée a été le premier visage de ce qu’on appelait autrefois le 25. Le 1er septembre 1989, c’est elle qui accueillait les spectateurs lors du tout premier bulletin Sports 30 de la chaîne sportive.

Depuis, elle a enchaîné les mandats, d’animatrice de Sports 30 à animatrice des matchs du Canadien, en passant par son plus récent rôle, celui de journaliste de beat affectée à la couverture du CH. Chemin faisant, elle est devenue un des visages les plus aimés de la station, tant à l’interne qu’auprès du public.

« J’ai surtout eu une pensée pour Paul [Buisson]. Maudit qu’il aurait été content. Paul adorait Chantal, raconte Luc Gélinas, lui aussi affecté à la couverture quotidienne du Canadien à RDS. Tout le monde aime Chantal. J’ai aussi pensé à Jacques [Demers], avec ce qu’il vit. Il doit recevoir ça avec tellement de bonheur et de fierté. »

« Elle était LA personnalité de RDS, estime Charles Perreault, directeur général de la station, arrivé au Réseau des sports au début des années 1990. Les émissions appelaient pour l’avoir. Elle est passée à La semaine des 4 Julie, à Prière de ne pas envoyer de fleurs. Elle faisait des collaborations à la radio, elle animait des conférences. »

Quand quelqu’un cherchait une femme comme modèle, c’était Chantal. Elle avait un agenda chargé, et des fois, elle avait de la misère à dire non.

Charles Perreault, directeur général de RDS

Son lien avec son employeur était effectivement fort, jusqu’à sa plaque d’immatriculation, qui faisait un clin d’œil à RDS. « Elle a toujours été loyale. Elle a souvent été approchée par la concurrence, on ne se le cachera pas ! », ajoute Perreault.

C’est aussi sur son bureau qu’atterrissaient certains projets spéciaux, par exemple la première entrevue que Jonathan Drouin a accordée en septembre dernier, au début du camp d’entraînement.

« Sans rien enlever à personne, car je ne veux pas manquer de respect à aucun collègue, mais partout où je vais, les gens me parlent seulement de Chantal, témoigne Gélinas. “Comment elle est dans la vie ?” C’est la figure de proue de RDS. Ce n’est pas seulement une perte pour la couverture du Canadien, mais aussi pour le branding. C’est une perte avec un P majuscule. »

Un héritage pour les femmes

Au-delà de son impact à RDS, elle aura aussi marqué la confrérie des journalistes sportives.

Andrée-Anne Barbeau en sait quelque chose, elle qui a été affectée à la couverture du CH lors de la saison 2016-2017. Barbeau travaillait alors pour TVA Sports, concurrent direct de RDS.

« Elle m’a fait un accueil exceptionnel. Il n’y avait pas de compétition, se souvient-elle. On parle souvent de la compétition entre les filles, mais on peut se tenir plutôt que se nuire. Elle est à la base d’un mouvement de solidarité des filles du milieu. En étant la doyenne du milieu, elle a donné le ton aux filles du journalisme sportif pour faire front commun. »

Mme Machabée se lance maintenant dans un nouveau projet, à 57 ans, à un moment où elle aurait simplement pu maintenir le statu quo jusqu’à la retraite.

« Ça prouve que c’est une femme fonceuse, qui a à cœur son métier, qu’elle veut encore défoncer les barrières », estime Malbœuf.

« Voir qu’elle voulait d’autres défis, c’est tellement inspirant, ajoute Barbeau. Elle aurait pu continuer et ç’aurait été correct. Mais elle embarque dans un autre défi. Oui, on la connaît à Montréal, mais elle rentre dans la LNH, elle va devoir jouer du coude. Ce n’est pas gagné pour les femmes dans les postes stratégiques. »

Avec l’embauche de Chantal Machabée chez le Canadien, seules cinq organisations dans la LNH (sur 32) comptent sur une femme au plus haut échelon du service des communications. Les autres sont les Penguins de Pittsburgh (Jennifer Bullano Ridgley), les Panthers de la Floride (Adelyn Biedenbach), les Sabres de Buffalo (Nicole Hendricks) et le Kraken de Seattle (Katie Townsend).