Le constat est aussi malheureux que réaliste : Jeff Petry a des ennuis.

Rien ne semble fonctionner pour le défenseur droitier depuis le début de la saison, et ce, dans toutes les phases du jeu. La malchance lui colle à la peau – comment un banal balayage du devant de son filet s’est-il transformé en but, dimanche, à Boston ? Mais il n’y a pas que ça. Son exécution et sa prise de décisions font gravement défaut.

Crise de confiance ? Crise de l’approche de la mi-trentaine ? Votre hypothèse vaut la nôtre.

Si, au moins, il pouvait se rabattre sur l’avantage numérique pour se défouler… Mais non.

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Jeff Petry (26) bataille le long de la bande lors du match de mardi contre les Rangers de New York.

Meilleur pointeur chez les défenseurs du Canadien avec 68 points en attaque massive au cours des quatre dernières saisons, Petry a été démis sur la deuxième vague au cours des dernières semaines.

Son emprise sur le poste de général de la première vague s’est effritée pendant le voyage en Californie, au profit de Sami Niku et de Chris Wideman. Et au cours des sept dernières rencontres, c’est Wideman qui s’est vu confier le poste à temps plein de quart-arrière de l’équipe.

Or, même si le Tricolore a somme toute mieux fait avec Wideman, il n’a certainement pas trouvé la perle rare pour animer son avantage numérique.

Une compilation de La Presse démontre que le Canadien présente l’un des pires ratios de la LNH entre le nombre de points obtenus par ses défenseurs en avantage numérique et son nombre total de buts inscrits en de telles circonstances. Le ratio peut être supérieur à 1 puisque plus d’un défenseur peut obtenir des points sur le même but.

L’implication offensive des défenseurs n’est pas un gage de succès. Les Golden Knights de Vegas, par exemple, obtiennent un ratio dopé par la qualité de leurs défenseurs, mais également par leurs nombreux blessés en attaque. À l’inverse, Darnell Nurse a autant sinon plus de points que tous les défenseurs de huit équipes, mais l’avantage numérique dévastateur des Oilers d’Edmonton est principalement alimenté par des attaquants.

Il n’en demeure pas moins que, chez le Canadien, les expériences se poursuivent. Interrogé au sujet de Petry, mercredi matin, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme ne s’est pas ému du fait que le vétéran ne joue plus sur la première vague. À juste titre, il a rappelé qu’au cours des dernières séries éliminatoires, Erik Gustafsson avait pris sa place. Petry avait alors rejoint Weber sur la deuxième vague.

Norlinder en renfort

Va pour ce constat. Il n’empêche que, suivant cette logique, le Canadien n’a certainement pas trouvé son Gustafsson de 2021-2022 – a-t-on vraiment écrit ça ?

Jeudi, alors que les Penguins de Pittsburgh seront les visiteurs au Centre Bell, Mattias Norlinder fera ses débuts dans la LNH. Le quart-arrière Chris Wideman, lui, sera… dans les gradins.

« On pense que Norlinder peut contribuer en avantage numérique », a souligné Ducharme, refusant par contre de confirmer si le Suédois de 21 ans prendra directement la place de Wideman, un joueur du « même style », sur la première vague.

Il ne faudra donc pas s’étouffer dans son rafraîchissement si Petry retrouvait la « chaise » qu’on lui avait naturellement attribuée au début de la saison.

À ce sujet, les oreilles du professeur de littérature Benoît Melançon ont dû bourdonner, jeudi, alors qu’a été utilisée à profusion l’une des images favorites de l’auteur de Langue de puck.

L’absence de nombreux joueurs fait en sorte que « des gars ne sont pas dans la bonne chaise », a encore dit Ducharme. Cela peut se traduire par un temps de glace inhabituel pour tel ou tel joueur, sinon une surutilisation de certains effectifs dans des situations précises.

Encore au sujet des chaises, l’absence de son partenaire Joel Edmundson oblige Jeff Petry à en occuper plus qu’il le voudrait (ou le devrait ?), à forces égales et en désavantage numérique, déduit-on.

En confiance

Exit Wideman, donc. Pour le moment, en tout cas. Bienvenue, Norlinder.

Fait rare, Ducharme a confirmé à la veille d’un match un changement à sa formation. Il faut dire que les indices laissés à l’entraînement ne mentaient pas : le Suédois patinait à la gauche de David Savard, tandis que Wideman était relégué au statut de réserviste avec Niku.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Chris Wideman

Blessé au camp d’entraînement, le jeune homme n’a jamais quitté l’entourage du club pour autant. Il a disputé trois matchs avec le Rocket de Laval afin de retrouver la forme, mais en vertu de son contrat, il ne pouvait demeurer dans la Ligue américaine. Si son audition devait être de courte durée, il irait retrouver son équipe suédoise à Frölunda.

Aux yeux de Ducharme, le temps est venu pour Norlinder de montrer ce dont il est capable contre des joueurs de la LNH. À sa première saison en Amérique du Nord et sur les petites patinoires typiques du Nouveau Monde, le défenseur a surpris son entraîneur avec une force physique plus importante que prévu. À un contre un, il comble également l’espace avec son opposant plus vite qu’on l’aurait cru.

Maintenant, « on veut le voir en match », estime Ducharme.

De son nouveau partenaire, Savard a vanté le calme, le coup de patin et la vision du jeu. « Il a beaucoup de potentiel, a ajouté le Québécois. On va essayer d’avoir un bon match ensemble et de l’aider le plus possible. »

Le piège pour un arrière à caractère offensif comme Norlinder est évidemment de vouloir impressionner ses patrons et, par excès d’enthousiasme, de créer des revirements.

C’est pourquoi le principal intéressé a évoqué sa volonté de « simplifier » son jeu au maximum.

Très en confiance, le nouveau numéro 59 du Canadien a rigolé à propos des difficultés de rouler en voiture à Montréal et a assuré que Sidney Crosby, son idole de jeunesse, « ne le serait plus » jeudi soir. Quant à ce qui l’attend sur la glace, « on verra » jeudi, s’est-il borné à répéter.

C’est de bonne guerre, surtout sachant à quel point des attentes non comblées peuvent se transformer en tempête. Surtout à Montréal. Surtout cette saison.

En bref

Gallagher : amende et comédie

Brendan Gallagher a été soulagé de 2500 $ en amende après avoir asséné un coup de poing au visage de Barclay Goodrow, des Rangers de New York, à quelques secondes de la fin du match de mardi soir. Le vétéran du Canadien ne s’est pas formalisé de la sanction, à laquelle il s’attendait. Sourire aux lèvres, il a quand même salué les talents d’acteur de Goodrow. « J’ai reçu beaucoup de coups au visage et je ne suis pas tombé comme ça », a-t-il souligné à propos de son adversaire qui a semblé terrassé par la foudre après le contact avec Gallagher. Plus posément, il s’est dit « pleinement conscient » que son geste était inapproprié, encore davantage alors que son équipe tentait de créer l’égalité en fin de rencontre. « C’est à moi d’être meilleur et de ne pas me placer dans ce type de situation », a-t-il reconnu.

Blessés : Edmundson bientôt, mais pas Perreault

Invité à fournir une mise à jour sur l’état de ses (nombreux) joueurs blessés, Dominique Ducharme a signalé que, si tout se passait enfin comme prévu, Joel Edmundson patinerait avec ses coéquipiers samedi matin. Il évitera les contacts pendant un certain temps avant de participer à un entraînement complet. Il s’agit certainement d’une bonne nouvelle pour le défenseur, qui n’a toujours pas joué cette saison. De son côté, Mathieu Perreault a dû subir une opération à un œil et son retour au jeu devra par conséquent être repoussé. Aucune date n’a été avancée. Quant à Cédric Paquette, Ducharme ne s’attend pas à le retrouver avant une semaine, voire 10 jours. Carey Price, enfin, a patiné brièvement au cours des derniers jours. Son retour n’est toutefois pas imminent pour autant.

Adam Brooks : la fin d’une belle histoire

L’histoire d’amour entre Adam Brooks et le Canadien n’aura duré que quatre matchs. Le joueur de centre a été réclamé au ballottage par les Golden Knights de Vegas. Brooks avait grandi dans l’organisation des Maple Leafs de Toronto, mais ceux-ci l’avaient soumis au ballottage avant le début de la saison en raison d’un surplus d’attaquants. Le Tricolore l’avait alors réclamé, déçu par le camp d’entraînement difficile de Ryan Poehling. Ce dernier ayant repris du poil de la bête, il n’y avait plus de place pour Brooks à Montréal. À Vegas, il retrouvera son ancien coéquipier Michael Amadio, que les Leafs lui avaient préféré au terme du camp, mais qui a lui aussi quitté la Ville Reine par le truchement du ballottage il y a deux semaines. Il y a certainement un film à écrire sur cette histoire.