Carey Price a annoncé mardi que c’est pour régler un problème de consommation qu’il a pris une pause du hockey et qu’il s’était inscrit au programme d’aide conjoint de la Ligue nationale et de l’Association des joueurs.

Dans une publication en français et en anglais sur son compte Instagram, envoyée en fin d’après-midi mardi, le gardien du Canadien a admis que ces « dernières années, [il s’est] laissé sombrer dans un état de noirceur, dont il [lui est] devenu impossible de sortir sans aide ».

« Le mois dernier, j’ai pris la décision d’intégrer un centre de traitement pour usage de substances. Les choses avaient atteint le point où j’ai réalisé que je devais prioriser ma santé, tant pour moi-même que pour ma famille. »

La nouvelle étonne, car Stéphane Waite, qui a été entraîneur des gardiens du Canadien de 2013 jusqu’en mars dernier, avait catégoriquement nié, au micro du 98,5 FM, que Price avait des problèmes de consommation. « Ça n’a rien à voir avec les drogues, ça n’a rien à voir avec l’alcool, ça n’a rien à voir avec du gambling, avait martelé Waite. […] Il fait attention à son corps, à tout ce qu’il fait, tout ce qu’il boit. C’est mental, et ça, je le sais, je peux vous le confirmer. C’est un gars qui prenait beaucoup de pression. »

Price est revenu dans l’entourage de l’équipe cette fin de semaine, mais n’a pas encore rejoint ses coéquipiers sur la patinoire pour l’entraînement. La date de son retour au jeu demeure inconnue.

« On ne veut rien bousculer », a réitéré l’entraîneur-chef du Canadien, Dominique Ducharme, après la défaite de son équipe aux mains des Kings de Los Angeles. « Sur le plan personnel et sur celui du hockey, il a des étapes à suivre. On va le suivre sur les plans physique et mental. On veut qu’il revienne à 100 %, pas à 75 %. »

Price, qui se remet en outre d’une opération à un genou, doit d’abord passer du temps au gymnase, avant de sauter sur la glace avec un thérapeute du sport, puis d’amorcer le travail avec l’entraîneur des gardiens Éric Raymond. Seulement après toutes ces étapes pourra-t-il rejoindre ses coéquipiers pour un entraînement complet.

Le soutien de ses coéquipiers

Après le match, Ben Chiarot et Tyler Toffoli ont tour à tour salué le courage dont a fait preuve leur coéquipier.

« Il est incroyable. C’est un leader dans notre équipe. Pour être honnête, [c’est un moment où] le volet hockey ne compte plus ; tu t’en fais pour ton ami et sa famille, a souligné Chiarot. C’est un brave homme de braver ainsi la tempête. Ce n’est pas facile, mais il le fait la tête haute. Je suis fier de le compter parmi mes amis. »

« On a parlé avec lui ce matin, il sait qu’il a notre soutien, a ajouté Toffoli. Sa déclaration montre le calibre de joueur et de personne qu’il est ; le courage de non seulement aller chercher de l’aide, mais revenir et en parler à tout le monde. C’est extrêmement puissant, et c’est une raison pour laquelle il attire les bonnes personnes. Tout le monde veut être autour de lui. C’est un être humain formidable, on l’aime et le soutient. »

Absent un mois

Le 7 octobre dernier, le Canadien annonçait que Price entrait dans le programme d’aide de la LNH et de l’Association des joueurs, sans préciser la raison. « C’est un minimum de 30 jours, mais ça peut être plus », avait alors commenté le directeur général du Canadien, Marc Bergevin. « L’important, ce n’est pas ça pour moi et l’organisation. »

Au bout du compte, il s’est absenté pour la durée minimale prévue par le DG.

Sur Instagram, Angela Price, conjointe du gardien, avait alors publié un message, soulignant que « la santé mentale doit passer en premier, non seulement en le disant, mais également en travaillant pour devenir meilleur. C’est ce que Carey fait, pour lui et pour notre famille, et il prend la meilleure décision pour nous ».

Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse

Qu’est-ce que le programme d’aide de la LNH ?

Le nom officiel du programme d’aide de la LNH et de l’Association des joueurs est le Substance Abuse & Behavioural Health Program (programme SABH). Comme son nom l’indique, il s’applique tant aux problèmes de consommation qu’à une panoplie d’enjeux de santé mentale ou de dépendance (aux jeux vidéo ou de hasard, par exemple). Il s’agit essentiellement de l’équivalent d’un programme d’aide aux employés (PAE) offert dans de nombreux milieux de travail. L’accès au programme est assuré par une ligne téléphonique 1 800. Le programme est confidentiel, et si un joueur ne manque pas de matchs ou d’entraînements, il peut très bien s’en prévaloir sans que son équipe soit au courant.