Sheldon Keefe a rendu un hommage de taille aux jeunes joueurs du Canadien après l’élimination de son équipe, lundi soir.

« Quand Kotkaniemi et Caufield sont arrivés dans la formation, on a senti un changement dans leur profondeur, leur vitesse et leur talent, et ça a changé la dynamique dans la série, même si ça a pris un peu de temps à se manifester », a déclaré l’entraîneur des Maple Leafs

La décision de les laisser dans les estrades pour entamer la série contre Toronto a semé la controverse. Surtout après les quatre buts en dix matchs de Caufield en fin de saison et la performance de Kotkaniemi en séries éliminatoires l’année précédente.

Dominique Ducharme a expliqué qu’il fallait « redresser le clou » dans le cas de Kotkaniemi, en perte de vitesse dans les dernières semaines de la saison régulière, et que Caufield n’obtiendrait pas de chances de marquer aussi souvent en séries éliminatoires.

La direction de l’équipe a donc misé sur une formation résolument expérimentée, mais moins rapide, au profit de la belle jeunesse du CH. Ainsi mettait-on en veilleuse le plan de réinitialisation de l’équipe.

Ducharme s’était toutefois gardé une porte ouverte en déclarant qu’on allait voir Kotkaniemi et Caufield à l’œuvre éventuellement dans cette série.

Il a fallu une blessure subie par Jake Evans dans la première rencontre pour ouvrir la porte à Kotkaniemi lors du deuxième match. Caufield a obtenu sa chance lors du troisième.

Le Canadien était au bord du gouffre dans le cinquième match lorsque Kotkaniemi a marqué son deuxième but des séries éliminatoires, le troisième du match du CH.

Quand l’équipe a vu les Leafs remonter la pente et se retrouver à un but en prolongation d’envoyer le Canadien en vacances, et peut-être chasser Marc Bergevin et Ducharme de Montréal, Caufield a usé de son sens de l’anticipation et intercepté une passe audacieuse d’Alex Galchenyuk, avant de produire le but gagnant de Nick Suzuki.

Le CH était encore à un but des Leafs en prolongation de l’opprobre générale lors de la sixième rencontre lorsque Jesperi Kotkaniemi, à son tour, a tranché le débat à l’aide d’un tir sec et précis.

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Jesperi Kotkaniemi salue la foule après son but en prolongation lors du sixième match de la série.

Kotkaniemi et Caufield auraient-ils été aussi efficaces si on leur avait confié un poste dès le premier match ? Ou au contraire, le Canadien l’aurait-il emporté plus facilement si on avait profité de leur énergie contagieuse plus tôt dans la série ? On ne le saura jamais.

Mais le sport rend ses verdicts de façon claire et sans appel : tu gagnes, tu as pris les bonnes décisions ; tu perds, tu as pris les mauvaises décisions.

Que Dominique Ducharme ait envoyé Kotkaniemi dans le premier ou le deuxième match, Caufield dans le premier ou le troisième match importe peu aujourd’hui. Le Canadien a gagné et les Leafs ont perdu. Et il faut rendre hommage aux vainqueurs.

La différence entre la victoire et la défaite se mesure d’ailleurs souvent en termes de pouces : un tir réussi, une rondelle déviée, un lancer bloqué peut prendre des proportions gigantesques.

Si la passe d’Alex Galchenyuk en prolongation lors du cinquième match atteint le défenseur et non pas la palette du bâton de Caufield, et que les Leafs marquent ultimement sur le jeu, les critiques assassines attendent Bergevin, Ducharme, Price, Weber et compagnie le lendemain. Ils sont les perdants et les jeunes vedettes des Leafs deviennent enfin des gagnants. Du moins en route vers le statut de gagnants.

Mardi matin, au contraire, les médias torontois accusent Auston Matthews et Mitch Marner de craquer à nouveau sous la pression.

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Mitch Marner, Jack Campbell et Auston Matthews après l'élimination des Maple Leafs, lundi soir.

Les gagnants ont toujours raison et les perdants toujours tort, disait-on. Marc Bergevin a investi 10,5 millions dans son gardien et Kyle Dubas, le DG des Leafs, paye ses trois meilleurs attaquants plus de 10,5 millions chacun.

Matthews et Marner n’ont pas produit et le gardien le mieux payé de la Ligue a été impérial devant le gardien de 1,65 million des Leafs, faible sur quelques buts dans les derniers matchs.

L’analyse tiendra jusqu’à la saison prochaine, où tout sera à recommencer. Les Leafs remporteront peut-être la Coupe Stanley en 2022 et on insistera sur l’importance de payer ses attaquants dix millions et plus…

Carey Price n’a pas sauvé le job de Marc Bergevin, comme se plaisent à écrire certains sur les réseaux sociaux depuis la victoire du CH. Bergevin a plutôt reçu un retour sur son immense investissement. Ses détracteurs l’ont assez critiqué pour cet immense contrat, laissons-le savourer cette victoire.

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Carey Price

Le DG des Canadiens a aussi misé sur une défense costaude, mais moins habile, et on a laissé Alexander Romanov dans les estrades. Shea Weber, Ben Chiarot, Joel Edmundson et Jeff Petry ont contenu et épuisé les attaquants adverses sans s’épuiser eux-mêmes. Qu’on soit d’accord ou non avec cette stratégie, elle a été payante.

Le Canadien a remporté une seule ronde, pas la Coupe Stanley, diront certains. Mais trois ans après la réinitialisation de 2018, et après une victoire en ronde préliminaire contre les Penguins l’été dernier, c’est un pas dans la bonne direction. Surtout avec trois jeunes de 21 ans et moins au cœur de l’attaque.

Les célébrations ne seront pas très longues. Le CH affronte les Jets à Winnipeg mercredi. Mais pour l’instant, vous avez le droit d’en profiter. Le déconfinement s’entame et le Canadien vient de remporter sa première ronde éliminatoire depuis 2015. Huit clubs se battent encore en séries éliminatoires, tandis que 23 ont déjà fermé leur vestiaire.