Les entrevues d’après-match des Maple Leafs ont commencé au moins 10 minutes après celles du Canadien. On se doutait déjà de l’explication, mais c’est devenu clair quand Auston Matthews, Mitch Marner et Jack Campbell se sont présentés devant la caméra.

Ils ont chacun eu leur moment d’émotion, leur moment où la douleur d’expliquer cette autre sortie hâtive était trop vive.

Matthews était sans mots quand il s’est fait demander de décrire le vestiaire des Leafs après le match. « Il n’y avait pas grand-chose à dire. Je pense… », a-t-il dit, haussant les épaules et hochant la tête sans finir sa réponse. Ce fut la fin de son point de presse.

Marner refoulait les sanglots quand il a commenté sa performance et celle de Matthews. « Auston et moi, et d’autres gars, une fois en séries, on veut être ceux sur qui l’équipe compte. Chaque match, on a eu des chances. On dirait que ça ne voulait pas rentrer », a laissé tomber Marner.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Auston Matthews (34), Mitchell Marner (16) et Jack Campbell (36)

Campbell, lui, ne traînait pas le poids des quatre éliminations précédentes comme ses deux coéquipiers. Le gardien disputait ses premières séries, mais il était absolument inconsolable, surtout en parlant du premier but du Canadien lundi, celui de Brendan Gallagher, une rondelle qui est passée directement entre ses jambes.

« Il a approché la rondelle de lui et sa feinte m’a déjoué. C’est un tir qui vient directement sur moi. Dans la LNH, c’est un arrêt », a lancé Campbell.

« J’ai donné le pire but de ma carrière et c’est arrivé dans un match numéro sept. C’est inacceptable. L’équipe compte sur moi et je dois être meilleur. »

L’entraîneur-chef des Torontois, Sheldon Keefe, est lui aussi toujours émotif après les défaites, et c’était de nouveau le cas. « C’est dur de trouver les mots. On est abattus, on s’attendait à mieux de nous-mêmes. On était capables de beaucoup plus, pas juste ce soir, mais durant toute la série. »

La panne de Matthews et Marner

Oublions Campbell un moment. Il demeure un gardien de 29 ans qui n’a toujours pas joué plus de 35 matchs en une saison. Ce n’est pas lui qui devait gagner cette série pour les Leafs.

En revanche, les insuccès de Matthews et Marner sont plus difficiles à justifier. Le premier a gagné le trophée Maurice-Richard cette saison ; le second pourrait bien recevoir des votes pour le trophée Hart.

Matthews a terminé la série avec un seul but et quatre passes, dont une sur le but de William Nylander en fin de match lundi, quand le sort des Leafs était déjà réglé. Marner, lui, n’a amassé que quatre passes dans cette série. Même s’il n’est pas un marqueur naturel comme son acolyte, il demeure à 18 matchs de suite, en séries éliminatoires, sans but.

« J’ai eu beaucoup de chances, des filets déserts dont je n’ai pas profité, a expliqué Marner. Je me mets beaucoup de pression pour être le meilleur joueur tous les soirs. Je n’ai pas atteint mes propres standards. Je dois m’assurer que ça arrête d’arriver. »

L’histoire deviendra lourde à porter pour ce groupe. Il est souvent question du fait que les Maple Leafs n’ont pas gagné de série depuis 2004. Mais sans même remonter aussi loin, ce noyau actuel, construit autour de Matthews, Marner, Nylander et Morgan Rielly, est éliminé au premier tour pour la cinquième année de suite.

Celle-là est cependant la plus dure à justifier, car elle survient dans une série où les Leafs étaient largement favoris, série qu’ils menaient aussi 3-1.

Alors, le poids de l’histoire devient-il lourd ?

« C’est un groupe très différent, une année différente et un format des séries différent, a plaidé Rielly. Je ne pense pas que ce soit lié au passé. Je comprends pourquoi vous faites ces liens, mais il y a trop de variables cette année. »

Clin d’œil aux jeunes

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Dominique Ducharme et Sheldon Keefe

Par ailleurs, Sheldon Keefe y a été d’un joli compliment pour les jeunes du Canadien.

La question venait d’un collègue de Toronto et n’était pas du tout orientée vers le CH. L’entraîneur-chef s’est fait demander si son équipe avait manqué de volonté pour achever le Tricolore, après avoir pris l’avance 3-1.

« On a eu des moments, dans les matchs cinq et six, où on était sur les talons. Mais je ne vais pas remettre en question notre niveau d’engagement. Les gars voulaient gagner », a d’abord dit Keefe, avant d’enchaîner.

« C’est un peu notre faute, et il faut donner du respect à Montréal. Ils ont trouvé leurs repères. Quand Kotkaniemi et Caufield sont arrivés dans la formation, on a senti un changement dans leur profondeur, leur vitesse et leur talent, et ça a changé la dynamique dans la série, même si ça a pris un peu de temps à se manifester. »

Pour ce que ça vaut, rappelons cependant que Jesperi Kotkaniemi a été inséré dans la formation à partir du deuxième match et Cole Caufield, à partir du troisième match. Le Tricolore a perdu les matchs deux, trois et quatre et n’a inscrit que deux buts dans ces trois défaites.

Kotkaniemi a inscrit trois buts dans la série, tandis que Caufield a obtenu une aide. Le premier a toutefois marqué le but en prolongation dans le sixième match, tandis que Caufield a préparé le filet de Nick Suzuki en prolongation dans le cinquième match.