La saison régulière tire à sa fin. À l’occasion de la dernière semaine d’activités dans la LNH, Mathias Brunet relatera chaque jour de la semaine une histoire marquante de la saison, par ordre chronologique. Aujourd’hui, l’entrée en scène de la prometteuse recrue Kirill Kaprizov au Minnesota.

Le Wild du Minnesota n’avait pas repêché de joueur originaire de la Russie depuis 2003. Et depuis son entrée en poste en 2009, Chuck Fletcher n’était pas trop friand de joueurs de l’Europe de l’Est non plus. Son recruteur en chef Brent Flahr et lui en avaient repêché un seul, Pavel Jenys, de la République tchèque, en septième ronde de la cuvée 2014.

Cette fois, en 2015, l’occasion était trop belle. La cinquième ronde arrivait et Kirill Kaprizov, malgré une saison intéressante en KHL à 18 ans, était toujours disponible.

Mais le Wild ne détenait plus de choix dans cette ronde. Il avait déjà repêché Joel Eriksson Ek au premier tour et Jordan Greenway au deuxième. Fletcher a appelé les Bruins de Boston pour leur offrir son choix de cinquième ronde en 2016 pour son choix de cinquième ronde de 2015 et ainsi mettre la main sur Kaprizov.

La manœuvre était peu risquée. Plusieurs jeunes joueurs de la KHL étaient difficiles à convaincre de traverser l’Atlantique, mais un choix de cinquième ronde raté ne constitue jamais un drame national. Encore moins au Minnesota.

Kaprizov s’est laissé désirer pendant de nombreuses années, mais il est au cœur de l’un des revirements de situation les plus spectaculaires dans la LNH cette saison.

Cet attaquant spectaculaire de 24 ans vient au huitième rang des buteurs de la Ligue nationale avec 27 buts (et 51 points) en 54 matchs. Seuls Auston Matthews, Connor McDavid, Alex DeBrincat, Leon Draisaitl, Mikko Rantanen, Tyler Toffoli et Brad Marchand ont marqué plus souvent que lui.

Il devrait, sans surprise, remporter le trophée Calder remis à la recrue par excellence, même si son âge suscite la controverse aux yeux de certains.

Et le Wild, en réinitialisation depuis deux ans, surprend le monde du hockey avec une septième place au classement général (fiche de 35-14-5, à un point de l’Avalanche du Colorado et du deuxième rang).

Chuck Fletcher n’est plus au Minnesota pour profiter du talent de Kaprizov. Il a été congédié en avril 2018 et a retrouvé un poste de DG en 2019 à Philadelphie, où les problèmes ne manquent pas maintenant.

Le directeur général déchu du Wild a pourtant visité Kaprizov à plusieurs reprises en Russie pour le convaincre de joindre la LNH plus tôt. Mais le CSKA Moscou ne libère pas ses vedettes si facilement. Kaprizov est demeuré cinq années supplémentaires en Russie, dont trois avec le CSKA. Le successeur de Fletcher, Bill Guerin, a eu plus de chance l’été dernier. Il a pu convaincre Kaprizov de quitter sa terre natale.

Guerin a d’ailleurs prôné la patience depuis son arrivée. Trois des six membres de son top 6 ont été repêchés en 2015. Eriksson Ek est désormais le centre numéro un de l’équipe. Lui aussi s’est fait attendre, mais pour des raisons différentes. Il a fait son arrivée à 19 ans, mais la progression a été lente. Il a amassé 16 points en 76 matchs à sa première saison complète, à 20 ans, 14 points à sa deuxième, 29 points à sa troisième, à 22 ans, et finalement, à 24 ans cette année, il a déjà marqué 19 buts et obtenu 30 points en 54 matchs.

PHOTO HARRISON BARDEN, USA TODAY SPORTS

Joel Eriksson Ek

Greenway, un géant de 6 pieds 6 pouces âgé de 24 ans également, a lui aussi connu une éclosion tardive. Il connaît sa meilleure saison en carrière avec 31 points en 54 matchs.

Kaprizov est le seul compteur de plus de 40 points chez le Wild (Kevin Fiala en a 40), mais l’attaque est équilibrée et l’équipe du Minnesota compte sur quatre défenseurs habiles en relance, Jared Spurgeon, Jonas Brodin, Matt Dumba et Ryan Suter.

Les Bruins de Boston constituent un modèle d’excellence. Mais le repêchage de 2015 est à oublier. Ils ont repêché Jakub Zboril, Jake DeBrusk et Zach Senyshyn entre le 14e et 16e rang, devant Mathew Barzal, Kyle Connor, Thomas Chabot et Brock Boeser, entre autres.

Ils ont l’odieux d’avoir cédé ce choix de cinquième ronde pour permettre au Wild de mettre la main sur Kaprizov (Boston a repêché l’année suivante en cinquième ronde le défenseur Cameron Clark, toujours dans l’ECHL à 24 ans).

Si le recruteur en chef de l’époque, Keith Gretzky, aujourd’hui adjoint au DG à Edmonton, avait fait les bons choix, Boston aurait sans doute menacé les records du Canadien dans les années soixante-dix.

Mais bon, les Bruins ont déjà assez de succès, diront les fans du Canadien…

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1– Corey Perry connaît une saison inespérée pour un joueur en fin de parcours. Il sera le candidat au trophée Masterton chez le Canadien. Guillaume Lefrançois nous en apprend davantage.

2– Max Pacioretty comble les Golden Knights de Vegas. Il a 51 points en 48 matchs. Il parle de sa saison et de ses souvenirs de Montréal.

3– L’ancien défenseur du Canadien et des Stars de Dallas, Stéphane Robidas, est le nouvel entraîneur-chef des Cantonniers de Magog, dans la Ligue Midget AAA. Un (autre) texte de Guillaume Lefrançois.