Le 28 décembre dernier, le Canadien annonçait l’embauche de Corey Perry pour un an, à 750 000 $ pour la saison. Aux yeux des amateurs de hockey, c’était un vétéran de plus dans la formation du Canadien, ajoutant ainsi un peu de compétition au camp.

Pour Perry, c’était infiniment plus complexe. Depuis sa résidence de London, en Ontario, il devait prendre une décision avec sa femme, Blakeny, sans oublier son fils, Griffin.

« J’ai reçu l’appel, j’en ai parlé à ma femme, elle m’a dit d’y aller, a expliqué Perry en visioconférence, samedi midi. J’ai fait mes valises et je suis parti pour Montréal. C’est la dernière fois que je les ai vus.

« Je n’ai pas vraiment de vie familiale depuis. Ça demande beaucoup de sacrifices. Ils sont encore à la maison, donc je suis seul à Montréal. Sans le soutien de ma femme, sans son attitude, je ne serais pas ici à vivre mon rêve. Ça ne peut pas être facile pour elle, d’être seule avec un enfant de trois ans et demi. Sans eux, je ne serais pas ici. »

À 35 ans, après plus de 1000 matchs dans la LNH, une bague de la Coupe Stanley, un trophée Hart et un trophée Maurice-Richard, Perry s’impose encore ces sacrifices pour pratiquer son métier.

C’est pourquoi la section montréalaise de l’Association des chroniqueurs de hockey professionnel (PHWA) a élu Perry comme candidat du Canadien au trophée Bill-Masterton, qui récompense la persévérance, l’esprit sportif et le dévouement au hockey.

L’Ontarien est certainement très, très bien payé pour s’imposer ces sacrifices. Il importe toutefois de noter qu’il a déjà empoché 86 millions de dollars depuis le début de sa carrière. Il est donc permis de croire que l’argent est le dernier des facteurs dans la décision de Perry d’aller de l’avant, à ce point-ci de sa carrière.

Un échec à oublier

Perry a été habitué aux championnats tôt dans son cheminement. En 2005, il a gagné l’or avec Équipe Canada junior. Plus tard cette année-là, il a aidé les Knights de London à remporter le championnat de la Ligue junior de l’Ontario (OHL), puis la Coupe Memorial.

En 2007, dès sa deuxième saison dans la LNH, il soulevait la Coupe Stanley avec les Ducks d’Anaheim. Se sont ensuite ajoutées deux médailles d’or olympiques (Vancouver 2010 et Sotchi 2014).

Il a bien failli ajouter une bague de la Coupe Stanley l’été dernier, mais les Stars de Dallas se sont inclinés en six matchs en finale devant le Lightning de Tampa Bay.

Et quand on lui demande pourquoi il continue à jouer, dans ce contexte bien imparfait de pandémie, loin de sa famille, c’est justement parce qu’il en veut plus.

« Je veux juste gagner, lance-t-il. Tu gagnes une fois, tu veux recommencer. On est passé tellement proches l’an passé, ça a fait mal. »

L’inspiration de Selanne

Depuis le début de la saison, Perry a reçu les éloges d’à peu près tous ses coéquipiers, tous plus jeunes que lui à l’exception d’Eric Staal. Même Shea Weber a trois mois de moins que lui ! Samedi, c’était le tour de Jake Evans.

Un vrai pro, un vrai compétiteur. Il donne toujours tout ce qu’il a. Il est peut-être plus vieux, mais il va toujours au filet, dans les endroits durs d’accès. Il démontre de la passion et de l’énergie à tous les matchs.

Jake Evans

À une autre époque, c’est Perry qui était inspiré par ses aînés. À sa première saison dans la LNH, en 2005-2006, le numéro 94 jouait avec Teemu Selanne à Anaheim. Le Finlandais avait alors 35 ans, il venait de connaître une campagne de seulement 32 points en 2003-2004 et n’avait pas joué lors de l’année du lock-out.

Selanne a conclu cette campagne 2005-2006 avec 40 buts et 50 mentions d’aide, dans ce qui a finalement été la première des neuf saisons du « deuxième volet » de sa carrière.

« Il venait de se remettre d’une opération à un genou, a rappelé Perry. On se questionnait sur la suite de sa carrière. Et il a finalement obtenu 90 points ! Ça m’a montré que si tu te donnes corps et âme, tout est possible. »

Et, tiens donc, Selanne avait remporté le trophée Bill-Masterton cette année-là. À défaut de mieux, allons-y pour l’expression consacrée : « toute est dans toute » !

Le scrutin expliqué

Le gagnant du trophée Bill-Masterton est choisi au terme d’un scrutin mené auprès des membres des 31 sections de la PHWA. Chaque section élit donc un représentant pour l’équipe de son marché. Dans le scrutin montréalais, Perry a obtenu 23 points (7 votes de 1re place, 1 vote de 2e place). Il a devancé Josh Anderson (16 points, 3 votes de 1re place) et Paul Byron (14 points, aucun vote de 1re place). Les membres de la PHWA seront ensuite appelés à voter parmi les 31 représentants choisis, afin de retenir trois finalistes. L’identité du gagnant sera connue à l’été.

Les derniers gagnants du trophée Bill-Masterton

PHOTO JEROME MIRON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Bobby Ryan

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