Stéphane Robidas revient d’une marche dans les environs de Sherbrooke quand il rappelle La Presse en ce samedi après-midi ensoleillé.

« On est allés marcher dans le bois. On est chanceux, on a de beaux endroits dans le coin ici ! »

De beaux endroits pour faire du vélo aussi, n’est-ce pas ? « Avec ma hanche, je ne peux pas en faire tant que ça. Avec la posture sur un vélo de route, je vais le sentir le lendemain ! »

Robidas a été ralenti par les blessures en fin de carrière, notamment une opération à la hanche droite. Ce qui le suit encore aujourd’hui, quand il saute sur la patinoire pour faire de l’enseignement.

« Je ne pousse pas la machine. Je ne peux pas faire de démonstrations à 100 milles à l’heure, lance-t-il. Je connais mes limites. Je dois faire attention quand je prends des tirs sur réception, par exemple, à cause du mouvement de rotation. Disons que je ne fais pas de squats non plus, mais je n’en faisais pas plus dans les cinq dernières années de ma carrière ! »

Des démonstrations, Robidas sera appelé à en faire encore plus dans sa nouvelle vie. L’ancien défenseur, notamment du Canadien et des Stars de Dallas, a été nommé, le 30 avril, entraîneur-chef des Cantonniers de Magog, dans la Ligue de hockey midget AAA du Québec. Il s’agira d’un premier emploi d’entraîneur-chef pour celui qui a disputé le dernier de ses 937 matchs dans la LNH en 2014-2015.

Des Leafs aux Cantonniers

Nombreux sont les joueurs qui ont déploré la difficile transition entre une carrière dans la LNH et la vie « d’après ». Robidas est du nombre.

En 2009, il signe avec les Stars un contrat de quatre ans, qu’il croyait être son dernier. Finalement, le 1er juillet 2014, il en signe un autre, de trois ans cette fois, avec les Maple Leafs. Il ne jouera toutefois qu’une seule des trois saisons, et passera les deux autres sur la liste des blessés à long terme.

« La fin de carrière n’est pas le fun. Je te mentirais si je te disais que ça a été facile, admet-il. Tu perds un peu ton identité, tu perds plein de choses… »

Mais assez vite, il a compris ce qu’il voulait faire.

Je savais que je voulais rester dans le hockey, soit dans le développement, soit comme coach ou comme dépisteur. Certains veulent sortir du hockey après leur carrière. Moi, c’était clair que je voulais rester.

Stéphane Robidas

Ça s’est traduit par différents mandats : investisseur avec le Phœnix de Sherbrooke, entraîneur adjoint chez les Harfangs du Triolet (où jouait son fils, Justin), entraîneur à l’Académie CCM et, surtout, entraîneur au développement chez les Maple Leafs, poste qu’il occupera officiellement jusqu’au 1er juillet.

Poste qui lui convenait parfaitement, aussi. Il était sur la route « environ une semaine sur deux. L’horaire était assez flexible », ce qui était commode pour la vie familiale.

Il ne pensait donc pas au coaching, jusqu’à ce qu’un poste s’ouvre à 15 minutes de la maison, avec la démission de Félix Potvin.

PHOTO ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Cérémonie du retrait du chandail de Stéphane Robidas à Shawinigan, le 10 septembre 2011

« J’ai vu la nouvelle et je me suis dit : c’est la place parfaite pour moi ! Je suis revenu, j’en ai parlé avec ma blonde, j’y ai pensé pendant deux jours. J’aime l’enseignement. J’aime le groupe d’âge, les 15-16 ans. Mon gars est passé par là. Moi, je suis passé par là, mon chandail est retiré. J’ai un certain attachement envers l’équipe.

« J’ai toujours pensé que j’aimerais coacher, mais je n’avais jamais postulé nulle part. J’ai vu ça comme un appel, j’ai sauté dessus. C’est une chance de redonner à la communauté, aux jeunes de ma région. »

De Therrien à Tippett

Robidas ne pourra pas se plaindre d’avoir manqué de modèles. Nous avons passé en revue avec lui la liste des entraîneurs en chef qu’il a eus dans sa carrière.

– À Shawinigan : Doris Labonté, Jean Pronovost, Denis Francœur

– À Fredericton et Québec (Ligue américaine) : Michel Therrien

– À Montréal, Dallas, Chicago, Anaheim et Toronto : Alain Vigneault, Michel Therrien, Dave Tippett, Marc Crawford, Glen Gulutzan, Lindy Ruff, Bruce Boudreau, Randy Carlyle et Peter Horachek

Être malin, on ajouterait même ses entraîneurs à Francfort et à Helsinki, pendant les conflits de travail.

Bref, ce sont 12 entraîneurs en chef qu’il a eus du junior à la LNH. Quand on lui demande de nommer les plus marquants, le nom de Therrien revient rapidement.

« Je l’ai eu dans la Ligue américaine. Quand il a été nommé à Montréal, je n’avais pas de poste régulier. Il est arrivé et j’ai pu me prendre un appart à Montréal. Il m’a fait confiance, il m’a fait jouer. »

On a toutefois de la difficulté à imaginer Robidas avec la main de fer de Therrien dans un vestiaire. Alors, y a-t-il un de ces entraîneurs à qui il ressemble un peu plus ?

« Peut-être Dave Tippett. C’était un “players’ coach”. Il a eu une belle carrière de joueur à Hartford. Une bonne personne, un gars assez calme, pas un coach excité qui lançait les bâtons sur la glace. C’est peut-être un gars à qui je pourrais ressembler.

« Je suis compétitif. J’aime gagner, mais je suis dans une ligue de développement ! Mon rôle est de développer des joueurs de hockey, mais aussi d’aider des jeunes en dehors de la patinoire. »

Robidas est catégorique. « J’ai zéro plan de monter dans le coaching. Honnêtement, mon but est vraiment de redonner, de faire partager mon expérience. Est-ce que je peux dire que je ne voudrai jamais monter ? Je ne le sais pas. Mais je n’ai pas d’objectif dans ce sens-là. Je suis chanceux. Le hockey a été très bon pour moi. Ça a été mon gagne-pain. »