Cole Caufield rêve de jouer au hockey professionnel depuis des années, mais il avait assurément un autre scénario en tête pour y parvenir.

Les Beavers de l’Université d’État de Bemidji ont surpris les Badgers du Wisconsin en l’emportant 6-3, vendredi, en ouverture du Championnat national de la NCAA.

La saison des Badgers est donc terminée. La carrière collégiale de Caufield pourrait aussi l’être. En effet, le choix de premier tour du Canadien en 2019 pourrait maintenant s’entendre avec le CH et amorcer sa carrière professionnelle dès le printemps, à Montréal ou à Laval. Pour ce faire, Caufield devra signer un contrat avec Montréal.

C’est un Caufield abattu qui s’est présenté à sa visioconférence. « Je n’y ai pas encore pensé. Notre saison vient de finir. Je devrai prendre quelques jours. En ce moment, c’est difficile de perdre avec cette équipe », a dit le petit ailier droit.

Son entraîneur-chef, Tony Granato, était beaucoup plus volubile, et il semble avoir fait son deuil de son attaquant le plus productif des deux dernières saisons.

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Tony Granato, entraîneur-chef des Badgers du Wisconsin

« Il va recevoir un appel de son agent et du Canadien très bientôt, a prédit Granato. Le Canadien l’a vu jouer cette saison, les recruteurs aussi. Ils ont un plan pour lui. Je ne connais pas ce plan, mais je devine que c’est de le faire venir le plus vite possible. »

La meilleure chose pour lui est de repenser à la saison, de parler aux gens à qui il doit parler pour sa prochaine décision. Avec ce qu’il a fait, il s’est donné une très bonne option. Je ne vois pas ce qu’il aurait pu faire de plus.

Tony Granato, entraîneur-chef des Badgers du Wisconsin

Cette réflexion pourrait aller très vite, car Caufield devra se plier à une quarantaine s’il vient au Canada, que ce soit celle de 14 jours ou la quarantaine assouplie de 7 jours que la LNH tente de négocier pour les joueurs échangés. Pour l’heure, on nous confirme que Caufield sautera dans l’avion avec ses coéquipiers vendredi soir pour rentrer au Wisconsin.

Granato élogieux

Dans presque toutes ses réponses, Caufield a fait référence au groupe de joueurs des Badgers, qu’il a dit « très soudé ». « Ça fait mal. C’est tout ce que j’ai en tête. Ce n’est pas la meilleure sensation », a dit le jeune homme.

Granato a quant à lui couvert d’éloges son protégé.

« L’an passé, il a mené le Big 10 pour les points, même s’il était en première année. Cette année, il a développé son jeu. C’est dur de rester concentré tous les soirs, quand tu sais que l’autre équipe te vise. Il a trouvé une façon de le faire cette année, de montrer l’exemple. En tant que coach, je lui en ai demandé beaucoup. »

Je manque de mots, je ne pensais pas devoir parler de peut-être son dernier match avec nous dès aujourd’hui. On verra. Il aime l’école, il aime être avec son frère.

Tony Granato, entraîneur-chef des Badgers du Wisconsin

Caufield a en effet disputé les deux dernières saisons en compagnie de son grand frère, Brock, également attaquant, mais pas aussi doué sur le plan offensif. Brock Caufield a une autre année d’admissibilité au collège.

Il faudra toutefois voir comment Marc Bergevin évalue la capacité de Cole à jouer dès maintenant dans la LNH. « C’est impossible à dire tant qu’on ne le voit pas avec d’autres joueurs de la Ligue nationale. Mais avec l’amélioration de son jeu sans la rondelle, il peut nous aider et non pas nous faire mal », avait dit le DG la semaine dernière.

Bon an, mal an, les joueurs qui jouent directement dans la LNH à leur sortie des rangs universitaires, à 19 ou 20 ans (Caufield a 20 ans), sont plutôt rares. Il n’y en a pas eu l’an dernier en raison de la pandémie, mais au printemps 2019, il n’y en avait eu que quatre : l’attaquant Ryan Poehling (pour un seul match), de même que les défenseurs Quinn Hughes, Cale Makar et Dante Fabbro.

Par ailleurs, le CH est plutôt bien nanti à l’aile au sein de ses trois premiers trios, avec Brendan Gallagher, Josh Anderson, Tyler Toffoli, Tomas Tatar et Jonathan Drouin. Joel Armia n’est toutefois pas indélogeable.

Cependant, n’oublions pas que le Tricolore, qui étouffait déjà sous le plafond salarial, a obtenu Eric Staal vendredi. Tôt ou tard, Bergevin devra trouver une façon de larguer du salaire. C’est à l’aile qu’il a le plus de marge de manœuvre.

Surprise

Dans la défaite, Caufield a inscrit deux buts et une passe, bien qu’à l’image de son équipe, il n’ait guère été menaçant à forces égales pendant les 50 premières minutes.

Les Badgers étaient largement favoris pour ce duel, à titre de champions de la saison de l'association Big 10. Ils comptent 10 joueurs qui appartiennent à des équipes de la LNH.

Dans le camp adverse, l’Université d’État de Bemidji ne compte aucun joueur affilié à une équipe de la LNH et elle n’avait jamais battu le Wisconsin de son histoire.

Avec une victoire ce samedi, Bemidji accéderait au Frozen Four, le carré d’as du tournoi. En 22 ans en Division 1, les Beavers ont atteint cette étape une seule fois. Le plus illustre joueur de la LNH produit par cette université est le bon Joel Otto, un joueur qui a connu ses meilleures années sous la présidence de Ronald Reagan.

« C’est énorme comme victoire. On n’a pas participé au tournoi depuis 11 ans. Nous arrivions ici comme négligés et cette victoire veut dire beaucoup pour nous », a dit Ethan Somoza, capitaine de l’équipe gagnante.