Le club-école du Canadien, à Hamilton ou St. John’s, en a-t-il arraché longtemps parce que le CH repêchait mal, ou parce que le personnel en place développait mal ?

Entre 2012 et 2018, les Bulldogs, puis les IceCaps, dirigés par Sylvain Lefebvre, ont maintenu une fiche de 188-210-58. Ils ont raté les séries cinq fois en six ans.

Les choix du Canadien dans les premières rondes à y être passés ne sont jamais devenus des joueurs de premier plan dans la LNH : Louis Leblanc, Jarred Tinordi, Nathan Beaulieu, Sven Andrighetto, Christian Thomas (obtenu pour Danny Kristo), Joonas Nattinen, Charles Hudon, Mac Bennett, Jacob De La Rose, Michael McCarron, Nikita Scherbak et Zach Fucale ont tous déçu à Montréal.

Des choix de première ronde ou deuxième ronde comme Leblanc, McCarron, De La Rose ou Scherbak n’arrivaient même pas à produire dans la Ligue américaine (sauf à la toute fin dans le cas de Scherbak).

Le début du règne de Marc Bergevin a pourtant été marqué par l’apport de joueurs repêchés par l’organisation et développés à Hamilton, entre autres par Guy Boucher en 2009-2010 : P.K. Subban, David Desharnais et Max Pacioretty (pour une plus courte période).

Cette année-là, les Bulldogs ont maintenu une fiche de 52-17-11 et atteint le carré d’as des séries éliminatoires de la Ligue américaine. Guy Boucher allait choisir le Lightning de Tampa Bay après avoir été courtisé par plusieurs équipes de la Ligue nationale.

Trois ans avant lui, Don Lever a mené les Bulldogs à la conquête de la Coupe Calder, avec en tête un jeune Carey Price, Kyle Chipchura, Maxim Lapierre, Mikhail Grabovski et Ryan O’Byrne.

Puis il y a eu cette période creuse de six ans, évoquée plus tôt. Marc Bergevin a finalement pris la douloureuse décision de congédier Sylvain Lefebvre en 2018, pour le remplacer par Joël Bouchard. Après une première saison plus difficile, le Rocket de Laval a montré une fiche de 30-24-12 l’an dernier et vu des jeunes comme Jake Evans, Lukas Vejdemo, Cale Fleury et Cayden Primeau prendre du galon. Jesperi Kotkaniemi est revenu transformé d’un passage de 13 matchs à Laval.

Le Rocket connaît du succès comme à la belle époque de Guy Boucher cet hiver. Ce n’est évidemment pas une saison normale en raison de la pandémie, mais Laval occupe le premier rang de la division canadienne devant Stockton (Flames), Manitoba (Jets), Toronto (Maple Leafs) et Belleville (Sénateurs) avec une fiche de 12-4-1.

Patrick William, un reporter affecté à la Ligue américaine pour le site NHL.com a d’ailleurs écrit mardi sur Twitter que les portes de la Ligue nationale pourraient s’ouvrir rapidement pour l’entraîneur-chef du Rocket.

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L’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Joël Bouchard.

Le club est tiré principalement par des jeunes de 24 ans et moins : Jesse Ylonen (13 points, dont 6 buts, en 17 matchs), Ryan Poehling (12 points, dont 5 buts, en 16 matchs), Cayden Primeau devant le filet et un trio de défenseurs composé d’Otto Leskinen, Josh Brook et Cale Fleury. Les jeunes vétérans Jordan Weal et Joseph Blandisi acceptent leur rôle et ils ont un impact important.

Parmi les autres jeunes, Joël Teasdale, 22 ans, a sept points à ses sept derniers matchs et Rafaël Harvey-Pinard amène son énergie contagieuse. Lukas Vejdemo a un peu refroidi à l’attaque, mais son apport défensif est considérable.

Seul le club-école des Golden Knights de Vegas, mené par ses vétérans, a plus de points au classement général de la Ligue américaine.

Il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact à long terme de l’arrivée de Joël Bouchard dans l’organisation du Canadien, mais plusieurs indices sont favorables.

Kotkaniemi, Victor Mete et Brett Kulak sont revenus transformés d’un séjour à Laval, au moment où le Canadien avait besoin d’eux. Jake Evans partait de loin, mais il a progressé lentement et sûrement à Laval, pour devenir un joueur de la LNH.

Le développement de Poehling et Brook sera intéressant à suivre. Voilà deux jeunes joueurs qui auraient pu s’enliser après une première année difficile chez les professionnels.

Brook, un choix de deuxième ronde en 2017, n’avait aucune direction. Son talent offensif ne mentait pas, mais il en arrachait défensivement et son positionnement était médiocre. Il est devenu un défenseur fiable. Il a en outre amassé 8 points en 15 matchs cette saison, avec une fiche de +6.

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Le défenseur Josh Brook

Poehling, le choix de première ronde de l’équipe en 2017, est tombé de haut l’an dernier après son match de trois buts contre Toronto en fin de saison précédente : seulement 13 points en 36 parties.

Le jeune homme est déjà à un seul point de sa production de l’an dernier… après seulement 16 matchs. Après un départ plus modeste, Poehling, 22 ans, a amassé 8 points à ses 6 derniers matchs, dont deux buts gagnants.

Ylonen, 21 ans, un choix de deuxième ronde en 2018, après Kotkaniemi, avant Alexander Romanov, Jacob Olofsson, Cam Hillis et Jordan Harris, a bien réussi sa transition en Amérique du Nord. Il a marqué quatre buts à ses sept derniers matchs et connu une soirée de trois points contre Stockton à Calgary mardi soir.

Ylonen a été accueilli avec chaleur à Laval. Joël Bouchard a joué avec son père Juha à l’époque à Phoenix et le coach s’est assuré que le jeune homme se sente à l’aise dans son nouvel environnement.

Otto Leskinen, un défenseur gaucher de 24 ans, gravit lui aussi les échelons lentement mais sûrement. C’est de loin le meilleur défenseur à Laval. Fiable défensivement, il a amassé 11 points en 17 matchs avec une fiche de +9, la meilleure du club. Leskinen a obtenu 22 points en 52 matchs l’an dernier et une fiche de -7. À ce rythme, il en obtiendrait 34. Progression là aussi.

Les meilleurs joueurs de la LNH font généralement le saut sans passer par la Ligue américaine. Ce fut le cas de Nick Suzuki, Alexander Romanov, et Jesperi Kotkaniemi (sauf un bref renvoi).

Mais des Pacioretty, Subban, Plekanec et compagnie ont aussi parfois besoin d’une saison ou plus dans la Ligue américaine pour s’épanouir.

Si Joël Bouchard peut en développer deux ou trois pour Montréal, on pourra crier victoire. La réponse d’ici un an ou deux.

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1– André Tourigny est l’homme de confiance de Hockey Canada. Il vient d’obtenir une belle promotion mercredi. Il dirigera à nouveau l’équipe canadienne au Championnat mondial junior, sera entraîneur adjoint de l’équipe nationale au Championnat du monde en 2021 et aux Jeux de Pékin en 2022, et dirigera la formation canadienne au Championnat mondial en 2022. Il conservera aussi son poste avec les 67 d’Ottawa. Un succès bien mérité !

2– Alexandre Pratt approuve la décision de la LNH de mettre le Canadien en pause pour une semaine en raison de cas de COVID-19.

3– Marc Bergevin profitera-t-il de la pause de six jours pour conclure une transaction ? Il sauverait ainsi huit jours de quarantaine à sa nouvelle acquisition. Les besoins de renfort à Montréal font partie des sujets dont discutent nos journalistes Alexandre Pratt et Simon-Olivier Lorange avec Jeremy Filosa et Jérémie Rainville, du 98,5 FM.