Opinion impopulaire cette saison : Phillip Danault pilote le premier trio du Canadien.

Conclusion à la suite du match de samedi soir : Phillip Danault pilote bel et bien le premier trio du Canadien.

C’est bien connu, chaque match de la LNH est, depuis toujours, un éloge à la collégialité, une célébration du partage, tant dans la souffrance que dans l’effort. Or, cette victoire de 5-4 en tirs de barrage (ENFIN !), c’est un peu (surtout) celle du trio de Brendan Gallagher, Tomas Tatar et Danault.

Les trois buts du Tricolore inscrits à cinq contre cinq sont venus de cette unité. Danault a même eu droit à une présence en avantage numérique, ce qui, en plein carême, nous rappelle que les miracles sont possibles (voir la capsule à ce sujet).

Mais il y a eu bien plus que les buts marqués. Il y a eu l’engagement total, présence après présence, de ce trio, complètement dominant contre le top 9 des Canucks, dont aucun membre n’a semblé à la hauteur pour contrer la fougue de Gallagher. Ça nous a rappelé pourquoi ces trois gars là ont connu autant de succès ensemble au cours des dernières années. Et cette saison aussi, tiens.

Danault a beau n’avoir que deux petits buts – et maintenant 15 points en 31 matchs, ce qui l’éloigne du désastre annoncé. Et Tatar a beau avoir connu des disettes de 10 et 11 matchs, au point d’aller réfléchir dans les gradins à la fin du règne de Claude Julien. Même Gallagher, le plus constant des trois, a connu ses passages à vide.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Carey Price (31), Phillip Danault (24) et Brendan Gallagher (11)

Cela n’empêche pas que lorsque ce trio a été réuni cette saison, il a produit 14 buts à cinq contre cinq. Et il n’en a accordé que 3. Après 31 rencontres, cela équivaut à une production de 3,8 buts marqués par tranche de 60 minutes, un rythme plus élevé qu’au cours des deux dernières saisons, alors que ce trio était pourtant reconnu comme le plus efficace de la ligue à forces égales.

Après la rencontre, Gallagher a indiqué que le moment était venu d’activer le mode « désespoir ». Ce n’est évidemment pas le mot qu’un entraîneur souhaite entendre au sein de ses troupes. Il ne faut toutefois pas y voir un message moralisateur, mais bien un appel à trouver l’énergie qui a animé ce trio.

Si le désespoir devient le moteur de cette équipe, qu’il en soit ainsi. Car Gallagher a peut-être disputé son meilleur match de la saison samedi.

« On a du plaisir à jouer tous les trois ensemble », a-t-il dit. Tatar et Danault, estime-t-il, « sont une grosse raison » de ses succès des dernières années. « On est sur la même longueur d’onde. Ils rendent ma vie plus facile. »

Confiance

Il y a donc l’énergie, c’est une évidence. Mais il y a également la confiance. Celle dont Tatar et Danault, surtout, ont cruellement eu besoin récemment et qui semble revenir – sinon être revenue. On en a vu des signes à Winnipeg mercredi dernier. Ça semble vouloir s’installer.

Sera-ce pour de bon ? Quelques matchs seraient déjà un début. En tout cas, « on se sent de plus en plus à l’aise avec la rondelle », a convenu Tatar, qui a été visible pendant tout le match, et pas seulement quand la rondelle était sur son bâton.

« On fait bien les petites choses, les petits jeux, et ça se transforme en gros buts. On doit continuer comme ça. »

L’entraîneur-chef Dominique Ducharme a constaté, à juste titre, que cette réémergence du trio de vétérans arrivait à point nommé, car son équipe a dû composer sans son meilleur marqueur Tyler Toffoli, qui s’était blessé la veille « au bas du corps ». On devrait en apprendre davantage au début de la semaine sur la nature de cette mystérieuse blessure, dont on ne sait rien de plus.

Au fond, Danault, Gallagher et Tatar forment-ils le premier trio du Canadien ? Ç’a été le cas samedi. Mais du reste, ça importe peu.

On sait que Nick Suzuki est un joueur qui possède davantage d’habiletés individuelles que le centre québécois. Mais on sait aussi que son bagage d’expérience n’est pas au niveau de celui de son aîné et, surtout, qu’il traverse une séquence pénible au cours de laquelle chacune de ses bonnes actions semble compensée par une erreur coûteuse (sinon deux).

« Tous les joueurs de la LNH, même Sidney Crosby ou Connor McDavid », sont passés par ces montagnes russes, a noté Gallagher. D’un joueur qu’il décrit comme « intelligent et compétitif », Ducharme a dit qu’il devait trouver un « équilibre », qui viendra avec le temps. S’il « reste compétitif, son intelligence [sortira] toute seule », a-t-il précisé.

Suzuki sait qu’il doit retrouver ses repères, et plutôt tôt que tard. Mais d’ici à ce que ça arrive, le trio Tatar-Danault-Gallagher est celui qui peut conférer à cette équipe un semblant de marge de manœuvre dans la course aux séries éliminatoires.

Si les autres peuvent y contribuer, ce sera encore mieux. Mais au moins, on se donnera enfin une vraie chance de redresser la barre d’un navire qui semblait en déroute.

En hausse

Joel Edmundson

On ne le confondra jamais avec les belles années de Vladimir Malakhov. Il a toutefois connu un fort match en relance et s’est même fait le cadeau d’un rare but.

En baisse

Nick Suzuki

Après son but, le chaos : il a été directement responsable du premier but des Canucks, en plus de perdre la mise au jeu qui a mené à leur troisième. Le jeune homme vit une sérieuse crise de confiance.

Le chiffre du match

22

C’est le nombre de secondes qu’ont mis les Canucks avant d’égaler le pointage au deuxième ET au troisième tiers. Pas la meilleure manière pour le CH d’amorcer une période, disons.