Décidément, le printemps de Cole Caufield sera compliqué, tant pour sa route vers un championnat national que pour sa très probable arrivée chez les professionnels.

Commençons par les enjeux les plus pressants. Caufield et les Badgers de l’Université du Wisconsin se sont inclinés mardi en finale du championnat de la conférence Big 10. L’Université du Minnesota l’a emporté 6-4.

La saison universitaire de Caufield n’est toutefois pas terminée. Les Badgers seront l’une des 16 équipes à participer au Championnat national de la NCAA. Par contre, une victoire mardi leur aurait valu un classement plus avantageux pour ce tournoi, donc une confrontation moins corsée pour commencer. En ce sens, la route des Badgers s’est compliquée avec la défaite.

Le Championnat national, à élimination simple, se mettra en branle les 27 et 28 mars, avec les huitièmes et les quarts de finale. Si les Badgers remportent leurs deux matchs cette fin de semaine là, ils se qualifieront pour le Frozen Four, le carré d’as du tournoi. Les demi-finales sont programmées le 8 avril et la finale est prévue le 10 avril.

C’est donc dire que la saison collégiale de Caufield finira quelque part entre le 27 mars et le 10 avril. Cette date sera lourde de conséquences pour la suite des choses.

Grande amélioration

Lourde de conséquences, parce que selon toutes vraisemblances, le choix de premier tour du CH en 2019 fera ensuite le saut chez les professionnels. Dans la défaite de mardi, Caufield a inscrit son 28e but de la saison… en 30 matchs ! Après deux ans dans les rangs universitaires, il semble mûr pour passer à la prochaine étape ; reste surtout à savoir comment le tout se jouera.

À son bilan de mi-saison, mardi, Marc Bergevin a affirmé que l’état-major de l’équipe avait eu des discussions sur l’avenir de Caufield. « On en a eu, mais on va garder ça à l’interne », a dit le directeur général du Canadien.

« Son jeu sans la rondelle et son engagement ont progressé beaucoup », a-t-il noté.

Bergevin a dressé un parallèle avec Kyle Connor, prolifique marqueur des Jets de Winnipeg, qui a en commun avec Caufield d’être un choix de milieu de premier tour (17e rang en 2015) et d’avoir passé par les rangs collégiaux. La marche est toutefois très haute entre les deux joueurs, Connor ayant marqué 31, 34 et 38 buts à ses 3 dernières saisons.

Ce genre de joueur a besoin d’une chance et c’est un but. Mais j’ai vu un clip, ils ont perdu la rondelle à la ligne bleue et [Caufield] était le premier en repli et il a levé le bâton de l’autre joueur.

Marc Bergevin, DG du Canadien

L’affirmation de Bergevin était en partie vraie, dans le duel de mardi. Caufield a obtenu huit tirs au but, mais la plupart provenaient d’angles restreints. « Demande à leur gardien, peu importe d’où Cole tire en zone offensive, c’est de la qualité », a protesté Tony Granato, entraîneur-chef du Wisconsin.

En fin de match, Caufield a toutefois eu une première occasion franche, un tir du haut de l’enclave, à la suite d’une mise en jeu remportée, et il a touché la cible comme il le fait souvent, en frappant l’intérieur du poteau.

Par contre, sans la rondelle, ça n’a pas été aussi convaincant. Caufield a certes ravi quelques rondelles à ses adversaires, mais il a aussi été sur la patinoire pour quatre buts du Minnesota, dont un dans un filet désert, doit-on préciser.

Montréal ou Laval ?

Son arrivée chez les professionnels sera ensuite compliquée par les enjeux de quarantaine et parce que le Canadien demeure très serré sous le plafond salarial. La gestion du plafond était d’ailleurs un des thèmes dominants du bilan de Bergevin.

Le CH est serré cette année, et Bergevin a rappelé, en citant Gary Bettman, que le plafond pourrait être fixe pour les quatre prochaines années. « Ça ne sera pas facile à naviguer », a-t-il souligné.

Dans les circonstances, il devra tirer le maximum de ses jeunes pendant qu’ils ont des contrats économiques. Ainsi, la décision de faire signer un contrat à Caufield dès ce printemps aura des conséquences à long terme. S’il joue un seul match avec le Tricolore cette saison, il écoulera la première année de son contrat de recrue de trois ans, le rendant donc admissible à une nouvelle entente dès 2023, plutôt qu’en 2024.

PHOTO KEVIN LIGHT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Cole Caufield jouera-t-il avec le Canadien cette saison ?

Mais pour qu’un tel scénario se concrétise, encore faut-il que le DG soit convaincu que Caufield est prêt pour la LNH. À 5 pi 7 po et 165 lb, la taille sera évidemment son plus gros défi.

Bergevin a paru optimiste quand on lui a demandé s’il jugeait Caufield mûr pour la LNH. « C’est impossible à dire tant qu’on ne le voit pas avec d’autres joueurs de la Ligue nationale. Mais avec l’amélioration de son jeu sans la rondelle, il peut nous aider et non pas nous faire mal », a résumé Bergevin.

Il y aura ensuite la question de la quarantaine. Si les Badgers atteignent les demi-finales ou la finale, et que Caufield doit ensuite s’isoler deux semaines à son arrivée au Québec, il ne sera pas disponible avant la fin d’avril, et le Tricolore conclut sa saison le 8 mai.

Sinon, Bergevin aura aussi l’option de faire signer à Caufield un contrat strictement de la Ligue américaine pour conclure la saison, comme l’a fait Cayden Primeau à sa sortie des rangs universitaires, en 2019. La saison du Rocket de Laval se termine le 15 mai.