(Edmonton) Le nombre de nouveautés qu’Alexander Romanov doit apprivoiser est hallucinant.

Au hockey, il découvre de nouveaux coéquipiers et de nouveaux entraîneurs depuis trois semaines. De nouveaux rivaux, une nouvelle ligue où le hockey se joue sur une surface plus petite que celle à laquelle il est habitué.

Hors glace, il découvre une nouvelle culture, un nouveau pays et une langue dans laquelle il est encore très limité.

Dans les circonstances, sa simple présence en visioconférence, sans interprète, après l’entraînement de vendredi, était impressionnante.

« À ma première présence [mercredi contre Toronto], je ne comprenais pas où j’étais, ça allait tellement vite. J’étais un peu nerveux. Mais ensuite, ça allait mieux de présence en présence », a-t-il dit, dans ce qui était sa réponse la plus complète.

À défaut de parler, Romanov observe, et écoute. À l’entraînement de vendredi, tous avaient à cœur qu’il comprenne bien ce qui est attendu de lui. Le premier exercice s’amorce. Pendant que la première vague s’exécute, Brett Kulak donne à son partenaire des explications supplémentaires. Après leur première répétition, Luke Richardson, l’entraîneur responsable des défenseurs, revient voir Romanov pour ajouter quelques indications. Le message semble bien compris, car c’est la recrue qui réussira le jeu clé sur les deux séquences suivantes.

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Brett Kulak parle avec Alexander Romanov.

L’entraîneur explique l’exercice suivant ; Kulak retourne glisser quelques mots à son jeune partenaire. On devine que Kulak a un rôle important de courroie de transmission, n’est-ce pas, Claude Julien ?

« S’il ne comprend pas le coach, il ne comprendra pas Brett Kulak ! a lancé Julien, rieur. Souvent, je lui explique quelque chose et je lui demande : “Comprends-tu ?” Il comprend bien. Il ne faut pas s’inquiéter. Il comprend extrêmement bien ce qu’on lui demande. »

Le jeune homme, lui, avait un autre son de cloche…

« La communication [avec Kulak] est bonne. Je lui parle chaque fois que je vais à l’aréna et il m’aide vraiment à communiquer avec les entraîneurs », a expliqué Romanov.

Après les étirements, il passera une dizaine de minutes au tableau, d’abord avec quatre coéquipiers pour l’avantage numérique avec Kirk Muller. Puis avec Julien, qui offrira de longues explications à Romanov et à Joel Edmundson, l’autre nouveau venu en défense chez le Tricolore.

Une première depuis Markov

Sur la glace, ça ne paraît pas trop jusqu’ici que Romanov est en pleine adaptation. À l’entraînement, il ne se gêne pas pour plaquer ses coéquipiers — c’était le tour de Brendan Gallagher, vendredi. Et lors du match de mercredi, Julien l’a employé dans toutes les situations, y compris dans la dernière minute de la troisième période, avec une marque de 4-4.

Avec un temps d’utilisation de 21 min 30 s, Romanov est d’ailleurs devenu le premier défenseur du Canadien en deux décennies à jouer plus de 20 minutes à son premier match dans la LNH. La dernière fois, c’était le 6 octobre 2000, quand un certain Andrei Markov avait passé 22 minutes sur la surface.

Si tu regardais le match sans savoir qui il était, tu n’aurais jamais deviné qu’il jouait son premier match.

Jeff Petry

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Jeff Petry

« C’est un bon patineur et il a une bonne première passe. Souvent, ces deux qualités vont ensemble. Ce sont mes deux plus grandes qualités et je pense que Romy les a aussi. »

Dans la gueule du loup

Romanov n’a pas disputé un match parfait mercredi, mais les quelques bévues qu’il a commises n’ont pas coûté de but à son équipe. Et ce n’est pas parce qu’il a été protégé ; selon NaturalStatTrick, il a affronté, à quelques secondes près, presque aussi souvent le dangereux trio d’Auston Matthews que celui d’Alex Kerfoot.

Comme les Leafs, les Oilers ont eu aussi une force de frappe impressionnante au sein de leurs deux premiers trios, pilotés par les centres Connor McDavid et Leon Draisaitl. Comme les deux attaquants jouent plus de 20 minutes par match, Romanov devra tôt ou tard les affronter. Et ça ne semble pas inquiéter particulièrement Julien.

« Il y a la confiance d’un joueur, et Romanov en a beaucoup. On l’a souvent dit, rien ne semble le déranger. Mais il y a aussi l’ignorance. Il connaît les joueurs, mais il n’en a pas encore peur, car il n’a pas encore vu ce qu’ils font ! Demain, quand il va voir McDavid utiliser sa vitesse, il va réaliser qu’il ne peut pas se faire prendre profondément en zone adverse contre lui. Mais parfois, l’ignorance est une bonne chose. L’expérience va ensuite lui faire voir des choses dont il n’est pas encore au courant. »

On notera aussi que Kulak et Romanov forment le tandem le plus mobile du Canadien. Petry patine certes comme le vent, mais avec Edmundson qui s’adapte lui aussi à sa nouvelle équipe, c’est d’ailleurs à se demander si le duo Kulak-Romanov n’est pas mieux outillé que celui d’Edmundson et Petry pour jouer contre des attaquants plus rapides. À suivre samedi soir.

En bref

L’importance du désavantage

Qui a présenté le meilleur avantage numérique de la LNH depuis le lock-out de 2004-2005 ? Deux morceaux de robot si vous avez répondu les Oilers de la saison dernière ! L’équipe avait en effet montré un taux de succès de 29,5 %. « On fait face à trois des six meilleurs avantages numériques de la saison dernière, Edmonton, Vancouver et Toronto », a énuméré avec justesse Claude Julien. L’ajout de Tyson Barrie à la pointe ne nuira pas aux Oilers, mais la fameuse passe par l’arrière en sortie de zone, qui fait rager tant d’amateurs, est particulièrement efficace quand elle est saisie par un McDavid en pleine vitesse. Les unités du CH n’ont pas intérêt à se faire prendre. Elles ont accordé deux buts en quatre occasions aux Leafs mercredi, mais Julien a nuancé le portrait. « Il y a eu 5 contre 3, ce qui est toujours difficile. Et sur l’autre but, le bâton d’Edmundson était brisé. Il faut voir comment les buts sont marqués. Ce n’est pas une raison pour paniquer, mais il faudra être à notre meilleur. »

L’apprentissage d’Evans

Comme Romanov, Jake Evans est lui aussi en apprentissage, puisqu’il ne compte que 14 matchs de saison et 6 autres en séries comme expérience. Mercredi, le centre de quatrième trio a été cloué au banc à partir de la moitié de la troisième période. « C’est un jeune, a rappelé Julien. Matthews et Marner ont joué 25 minutes chacun. C’était de bien gérer le banc. Je mettais Danault avec Byron et Lehkonen pour nous donner un trio d’expérience contre Matthews et Marner. C’est un jeune, peut-être qu’il était un peu nerveux, mais je n’étais pas déçu du match. Il va gagner en confiance aussi. »

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Jake Evans

Beaucoup de travail pour Koskinen

Les Oilers s’entraînaient eux aussi, après avoir disputé deux matchs en 24 heures à la maison contre les Canucks. Mike Smith brillait par son absence, lui qui devait défendre le filet lors du match de jeudi, avant d’être retiré de la formation au dernier moment. En fin d’après-midi vendredi, les Oilers ont placé le nom de Smith sur la liste des blessés à long terme, ce qui signifie qu’il ratera au minimum 10 matchs ou 24 jours. En attendant, Stuart Skinner agit comme auxiliaire de Mikko Koskinen, et l’équipe a rappelé le Québécois Olivier Rodrigue, qui joue actuellement en Autriche, pour se joindre à l’équipe de réserve.