Avant de signer une prolongation de contrat avec le Canadien, le défenseur Joel Edmundson a passé un coup de fil au capitaine Shea Weber.

La nouvelle acquisition du CH ne s’adressait pas à un inconnu. Originaire de Brandon, au Manitoba, Edmundson, un géant de 6 pi 4 po et 215 lb, a déménagé en Colombie-Britannique il y a trois étés.

Il y côtoie depuis les deux principaux leaders du Canadien, Carey Price et Weber, lors d’entraînements estivaux. Se joignent souvent au groupe Brent Seabrook, Damon Severson et les frères Brayden et Luke Schenn.

« Je patine avec Webs et Pricer quelques fois par été, confie-t-il au bout du fil. Je ne pourrais dire que je suis proche d’eux, mais je les connais assez bien. »

Edmundson n’appelait cependant pas Shea Weber pour se laisser convaincre. Son idée était déjà faite.

Je savais que le Canadien voulait m’avoir et je voulais signer sur-le-champ. Je n’avais aucune intention de tester le marché.

Joel Edmundson

Le défenseur a signé un contrat de quatre ans à un salaire annuel de 3,5 millions, soit 500 000 $ de plus que son contrat précédent.

« Montréal a toujours été l’équipe préférée de ma famille. C’est un rêve non seulement pour moi, mais pour ma famille. La famille de mon père est canadienne-française. Ma grand-mère et les autres membres de la famille parlent français. J’ai étudié en immersion française pendant neuf ans. Mon français est rouillé, mais je veux le reprendre. »

Edmundson est heureux de pouvoir retrouver des visages familiers dans le vestiaire. « Connaître Price et Weber, et avec mon bon ami Jake Allen qui venait d’être échangé, ça a aidé. Je ne connaissais personne quand je me suis retrouvé en Caroline il y a un an. »

Edmundson, 27 ans, a connu une progression intéressante chez les Blues de 2015 à 2019. Défenseur résolument défensif, il jouait tantôt avec Alex Pietrangelo au sein de la première paire, tantôt avec Colton Parayko. On voyait en lui l’éventuel partenaire régulier du capitaine Pietrangelo.

Mais les choses ont commencé à moins bien tourner l’année de la Coupe, en 2018-2019. L’émergence de Vince Dunn, un défenseur gaucher comme lui, et des performances moins relevées ont contribué à le reléguer au sein de la troisième paire.

Edmundson a même été rayé de la formation lors de quatre matchs en séries éliminatoires, dont la finale. Il a disputé la septième et ultime rencontre face aux Bruins, mais joué à peine neuf minutes. « J’ai joué blessé au cours de l’hiver », répond-il pour expliquer sa baisse de régime.

Il dit ne pas avoir souffert du changement d’entraîneur-chef, après le congédiement de Mike Yeo au profit de Craig Berube. « Par contre, nous avons changé d’entraîneur des défenseurs chaque année chez les Blues. Tout était à recommencer chaque fois. Ça fonctionnait certaines années, mais d’autres non. Je vais me limiter à ça… »

Il faut savoir que Mike Van Ryn a remplacé Darryl Sydor à la fin de la saison 2018 au poste d’entraîneur des défenseurs, à la suite de la démission de celui-ci pour consacrer plus de temps à sa famille. Sydor avait été embauché pour remplacer Rick Wilson l’année précédente. Celui-ci était en poste depuis un an seulement, après avoir remplacé Brad Shaw…

Malgré un rôle réduit en séries éliminatoires, Joel Edmundson a gagné sa cause en arbitrage salarial au cours de l’été 2019. Son clan exigeait 4,2 millions, les Blues lui offraient 2,3 millions. L’arbitre a tranché la poire en deux et lui a accordé 3,1 millions, une augmentation de 100 000 $ par rapport à son salaire de la saison précédente.

C’était trop pour un défenseur désormais considéré comme membre de la troisième paire, surtout avec une masse salariale déjà élevée chez les Blues.

À quelques semaines du début de la saison, le 24 septembre 2019, Edmundson passait aux Hurricanes de la Caroline avec l’espoir Dominik Bokk, un choix de premier tour en 2018, en retour du défenseur Justin Faulk.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Michael McCarron (34) face à Joel Edmundson (6), alors avec les Blues de St. Louis, le 11 février 2017, au Centre Bell

J’ai été déçu, oui. Surtout après avoir gagné la Coupe Stanley. Je quittais mes meilleurs amis. Mais je m’y attendais après avoir gagné ma cause en arbitrage.

Joel Edmundson

Joel Edmundson a mis quelques semaines à se familiariser avec le système de jeu des Hurricanes. « La Caroline pratique une couverture défensive d’homme à homme. Tu dois suivre ton joueur partout en territoire défensif. À St. Louis, c’était plutôt une couverture de zone, on laisse notre adversaire à l’attaquant s’il se retrouve le long de la bande plus loin en zone défensive. J’ai eu à m’ajuster, mais après, j’étais à l’aise. »

Notre homme n’a pas encore eu le temps de discuter de ces détails avec Claude Julien et Marc Bergevin. « Ils m’ont surtout souhaité la bienvenue. Mais je dirais qu’ils ont un style qui s’apparente davantage à celui des Blues. »

Une belle année avec les Hurricanes

Edmundson a connu sa meilleure saison offensive avec 20 points, dont 7 buts, en 68 matchs, soit 24 points au pro rata d’une saison de 82 rencontres.

Il a connu un splendide tour préliminaire contre les Rangers de New York. Souvent opposé au meilleur trio des Rangers avec son partenaire Brady Skjei, Edmundson n’a accordé aucun but à l’adversaire et les Hurricanes ont balayé New York en trois rencontres.

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Joel Edmundson (6) plaque David Pastrnak (88) lors du premier match de la série entre les Hurricanes de La Caroline et les Bruins de Boston, au mois d’août dernier.

Edmundson s’est blessé lors du premier match de la série contre les Bruins. Il avait alors 30 minutes de jeu au compteur. Seul le défenseur numéro un Jaccob Slavin avait été utilisé davantage dans cette rencontre qui a nécessité une prolongation. Il a marqué et obtenu la deuxième étoile du match.

En fin de compte, il a obtenu presque 24 minutes de temps de jeu par match, au troisième rang du club derrière Slavin et Dougie Hamilton.

« J’aurais aimé être en santé contre les Bruins, dit-il. Peut-être la série aurait-elle été un peu différente. »

Malgré tout, les Hurricanes n’ont pas tenté de le retenir. Ils ont cédé ses droits exclusifs de négociation au Canadien pour un choix de cinquième tour.

« Ils étaient intéressés, mais il y avait déjà beaucoup de défenseurs dans la formation en Caroline, explique Edmundson. Avec les blessures, l’hiver dernier, de Dougie Hamilton et Brett Pesce, qui auraient raté les séries éliminatoires sans la pandémie, les Hurricanes ont acquis des défenseurs pour les remplacer. À la fin de la saison, nous avions neuf défenseurs capables de jouer au sein du top 6. »

Depuis, Edmundson s’est entendu avec le Canadien, Trevor Van Riemsdyk a signé un contrat d’un an pour 800 000 $ avec les Capitals de Washington et Sami Vatanen n’a toujours pas trouvé de nouvelle équipe.

À l’image de…

Certains dressent un parallèle entre Ben Chiarot et lui. Chiarot jouait un rôle plus obscur, mais efficace, au sein de la première paire de défenseurs à Winnipeg avec Dustin Byfuglien. Il s’est découvert des qualités offensives à Montréal avec 21 points, dont 9 buts, en 69 matchs, et il a formé une paire fiable et robuste avec Shea Weber.

« Chiarot est solide partout sur la glace. Certains pensent que je suis un défenseur strictement défensif, mais Chiarot et moi pouvons contribuer à l’attaque. »

Comme il l’a mentionné lors de son baptême médiatique à Montréal, Edmundson s’attend à former une paire avec Jeff Petry. « Ils cherchent un gros défenseur qui peut affronter les gros trios adverses, il semble que je jouerai avec Petry, d’après ce que Marc Bergevin et Claude Julien m’ont dit. Ça va lui permettre de prendre des libertés offensives et je m’occuperai de notre zone. C’est le plan en ce moment. »

Le défenseur Joel Edmundson devra attendre avant de se familiariser avec sa nouvelle ville d’adoption.

« J’espérais me rendre à Montréal en novembre pour y passer une semaine, mais il me faudrait être en quarantaine à mon retour à Kelowna, alors j’attendrai le début de la saison », lance-t-il au bout du fil.