Depuis son arrivée chez le Canadien, Shea Weber a toujours fait de son mieux pour montrer l’exemple à ses coéquipiers.

On dit souvent qu’il n’est pas le joueur le plus loquace dans un vestiaire, mais il incarne le typique joueur dont les gestes comptent autant – sinon plus – que les paroles.

Cette saison, il l’a notamment fait en acceptant de jouer malgré des blessures.

Pour cette raison, Weber est le candidat du Canadien à l’obtention du trophée Bill-Masterton, qui récompense la persévérance, l’esprit sportif et le dévouement au hockey.

Dans un scrutin tenu au sein de la section montréalaise de l’Association des chroniqueurs de hockey professionnel d’Amérique (PHWA), Weber a terminé avec 24 points (8 votes de 1re place, aucun vote de 2e et 3e places). Il a devancé Karl Alzner (10 points), Paul Byron et Brendan Gallagher (9 points chacun).

Le même exercice est répété avec les 30 autres équipes de la LNH, et les membres de la PHWA détermineront ensuite le gagnant du trophée Bill-Masterton parmi les 31 candidats retenus.

Les blessures

Weber avait démontré sa capacité à endurer la douleur une première fois en 2017-2018, quand il s’était fracturé un pied en bloquant un tir dès le premier match de la saison. Il avait finalement abdiqué à la mi-décembre.

Cette saison, la situation semblait autrement plus sérieuse. Le 4 février, Weber s’est blessé à une cheville. Dans les jours qui ont suivi, les rumeurs les plus folles se sont mises à circuler, certaines remettant même en question la suite de sa carrière. Le respecté collègue Bob McKenzie, de TSN, avait quant à lui indiqué que les nouvelles n’étaient « pas encourageantes du tout ».

En réaction aux rumeurs qui prenaient de l’ampleur, le Tricolore a annoncé une absence de quatre à six semaines. C’était le 12 février.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber en action contre Artemi Panarin et les Rangers de New York, le 27 février dernier

Le 18 février, Weber était de retour à son poste, et ce, même si le Canadien était à 8 points d’une place en séries éliminatoires et qu’il tentait de rattraper des équipes qui avaient des matchs en main. Marc Bergevin avait même échangé le défenseur Marco Scandella ce jour-là, un indice de la perception qu’avait le directeur général des chances de son équipe de remonter la pente. Dans les circonstances, on aurait pu comprendre Weber de jouer de prudence.

Statistiquement, son retour n’a rien eu de miraculeux. En 10 matchs, Weber a été limité à 2 points et a présenté un différentiel de 0, et le Tricolore a montré une fiche de 4-5-1.

On ne saura jamais si la carrière de Shea Weber était réellement menacée. Mais la situation était assez préoccupante pour qu’il doive rater deux semaines d’action avant son retour inattendu.

Quoi qu’il en soit, en devançant ainsi son retour, Weber a transmis à ses coéquipiers un message d’abnégation. Il leur montrait qu’il était possible de jouer malgré des bobos. Quelques semaines plus tôt, on sentait parfois Claude Julien impatient – même s’il ne l’a jamais exprimé dans ces mots – de voir Jonathan Drouin de retour.

De nobles intentions

En revenant dans l’action, Weber a rempli le rôle attendu d’un capitaine : celui d’une courroie de transmission pour l’entraîneur-chef. Ses intentions étaient d’autant plus nobles qu’il possède un contrat jusqu’en 2026 ; il ne revenait pas pour placer ses pions en vue de son prochain contrat !

Cette capacité à jouer malgré la douleur fait partie des facteurs expliquant la longévité de Weber sur la patinoire. Au moment de l’arrêt des activités, il totalisait 990 matchs dans la LNH et était en voie d’atteindre le chiffre magique des 1000 d’ici la fin de la saison.

Tout indique qu’il l’atteindra la saison prochaine, peu importe quand elle aura lieu.