« Les bonnes nouvelles sont toujours retardées, et les mauvaises ont des ailes. »

Merci, Voltaire, pour la passe sur la palette. C’était vrai en 1752. Ça l’est tout autant aujourd’hui.

On parle beaucoup des chicanes d’aréna. Avec raison. La violence, l’intimidation et le racisme étouffent le plaisir de jouer. Ces comportements doivent être dénoncés avec force. Mais trop souvent, on perd de vue que le sport fait aussi ressortir le meilleur de l’humain. L’entraide. Le dépassement. La fraternité.

Ces belles histoires, on les entend. On les note. On les accumule dans nos calepins. Puis l’actualité nous rattrape. On écrit sur autre chose. On les reporte. Et, platement, on les oublie.

Voici trois de ces histoires, qui méritent d’avoir des ailes.

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PHOTO MARTIN ROY, ARCHIVES LE DROIT

Les Olympiques de Gatineau

À la mi-décembre, les Olympiques de Gatineau ont heurté un iceberg. Deux séries de dix défaites consécutives. Des foules de 350 spectateurs. Une tentative de putsch contre la direction.

Depuis ? Le président est parti. Le DG aussi. Le meilleur attaquant et le gardien vedette ont été échangés contre des choix au repêchage. Après la période des transactions, le DG par intérim s’est montré réaliste. « Non, on n’est pas meilleurs », a-t-il confié à Radio-Canada.

Les vestes de sauvetage étaient prêtes. Or, contre toute attente, les Olympiques ont redressé la barque. Ils ont enchaîné les victoires. Neuf en dix matchs (avant le match de mercredi soir). Un résultat inespéré. Si bien qu’aujourd’hui, une participation aux séries de la LHJMQ est possible.

Que s’est-il passé ?

L’entraîneur-chef Éric Landry raconte. « Tout a commencé au retour des vacances des Fêtes. On a organisé une rencontre avec le nouveau président [Norm MacMillan], le nouveau DG [Marc Saumier] et les joueurs. Norm et Marc ont dit aux gars : “Ce qui s’est passé avant Noël, ça ne compte plus.” Ça a fait énormément de bien à tout le monde. La tension a baissé de plusieurs crans. »

Le gardien Rémi Poirier acquiesce. « Les nouveaux dirigeants sont super gentils. Accueillants. Ils apportent une nouvelle énergie à l’équipe. L’autre jour, je me suis retrouvé à une table avec Norm MacMillan. Il nous parlait comme si on était ses chums. On sent qu’il est vraiment derrière nous. C’est rassurant. Il y a moins de pression qu’avant. »

Les nouveaux patrons des Olympiques ont placé les joueurs au cœur de leur projet de relance. Ils ont fait plusieurs petits gestes en apparence anodins, mais qui peuvent faire pencher la balance.

Éric Landry : « Avant, en déplacement, on avait une veste de style tracksuit. Mais pas de manteau d’hiver officiel, propre, qu’on peut porter avant les matchs. Ils ont pris ça en charge tout de suite. Ç’a été très apprécié. Un autre exemple : au début de janvier, on est partis sur la route. Trois parties en trois jours. Plutôt que de quitter Gatineau le matin du premier match, on est partis la veille. Le message envoyé aux joueurs, c’est qu’on prend ces parties au sérieux. Ç’a été bien reçu. »

Les entraîneurs ont aussi organisé des activités hors glace qui n’ont rien à voir avec le hockey. « On est allés au Laser Quest et aux quilles. C’est bon pour l’esprit d’équipe », estime Rémi Poirier.

Sur la glace, les vétérans blessés sont revenus au jeu. Les jeunes qui les remplaçaient ont acquis de l’expérience. « Les deux combinés, ça a changé la dynamique pour le mieux », explique Éric Landry.

Et les partisans – qui boudaient l’équipe – sont revenus en masse au Centre Robert-Guertin. Au grand plaisir de Rémi Poirier et de ses coéquipiers. « C’est un aréna super bruyant. Quand il y a du monde dans la place, c’est quatre fois mieux. C’est le fun d’entendre le support des fans. Vraiment, depuis Noël, il nous arrive plein de belles choses. »

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De l’Outaouais, on se déplace en Mauricie, où là aussi, une équipe connaît une saison difficile.

Les Loups de La Tuque. Atome B. Aucune victoire, 12 défaites ; 14 buts pour, 147 contre. En plus, les familles doivent souvent faire deux heures de voiture à l’aller, deux autres au retour, pour jouer contre des équipes de la région de Trois-Rivières.

C’était le cas dimanche. Les Loups affrontaient les Barons du Cap-de-la-Madeleine, à l’aréna Jean-Guy-Talbot. Avec seulement six patineurs et un gardien. Donc un seul remplaçant sur le banc.

PHOTO FOURNIE PAR JOSIANNE DUPONT

Les joueurs des Loups de La Tuque et des Barons du Cap-de-la-Madeleine

Les Loups ont donné tout ce qu’ils avaient. Mais la fatigue les a vite rattrapés. « Entre la première et la deuxième, pendant que leur coach leur parlait, les jeunes étaient tous couchés sur la glace », raconte Josianne Dupont, mère d’un joueur des Barons.

Les entraîneurs du Cap ont alors fait un geste d’esprit sportif en modifiant les positions de leurs joueurs. Avec l’espoir de réduire l’écart entre les deux équipes. En vain. Les Loups étaient exténués. Après deux périodes, c’était 14-0.

Josianne Dupont : « Plus personne dans les gradins ne comptait les points. C’était juste triste. » Une autre mère et elle sont descendues au niveau de la patinoire. Elles ont suggéré à l’arbitre de mélanger les deux équipes. L’officiel a aimé l’idée. Il l’a proposée aux deux entraîneurs. Qui eux aussi ont aimé l’idée.

On a effacé le pointage et reformé les deux clubs. Les entraîneurs de La Tuque ont offert des jujubes aux joueurs. Pendant la dernière période de 10 minutes, tout le monde a eu du plaisir. Après la rencontre, les joueurs des Barons ont encerclé la gardienne de La Tuque pour la féliciter. Et les entraîneurs du Cap ont remis le titre de joueur du match… aux parents !

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PHOTO FOURNIE PAR LE TOURNOI DE HOCKEY FÉMININ DE LANAUDIÈRE

Les Braves Roses de Mercier

Dernier arrêt dans Lanaudière, où était présenté le week-end dernier un tournoi de hockey féminin. Catégorie novice. Donc 7 et 8 ans.

« À l’achat des médailles, le fournisseur nous a offert deux trophées, au thème de notre choix », raconte la présidente du tournoi, Mélanie David. Les organisateurs ont réuni les membres du C.A. et des bénévoles pour trouver une idée. Ils ont pensé à l’équipe la plus disciplinée. Celle avec le meilleur esprit sportif. Puis quelqu’un a suggéré LA bonne idée : l’équipe avec les meilleurs partisans.

« Tout de suite, on a adopté la proposition à l’unanimité. On a informé tous les gérants et les entraîneurs. On a mis le trophée sur la table à l’entrée. Les spectateurs ont joué le jeu. Ils se sont présentés avec des trompettes. Des flûtes. Et comme les matchs étaient disputés sur une demi-glace, il y avait des partisans pour quatre équipes à la fois. Ça faisait du bruit ! »

PHOTO FOURNIE PAR LE TOURNOI DE HOCKEY FÉMININ DE LANAUDIÈRE

Les Félines du Richelieu

Les trophées ont été remis aux partisans des Braves Roses de Mercier et des Félines du Richelieu. « Le plus beau trophée du tournoi de Lanaudière », ont écrit sur Facebook les dirigeants des Braves Roses. « Parents de feu, joueuses de feu ! Nos [filles] ont manifesté leur bonheur d’être ensemble avant, pendant et après les matchs en chantant, peu importe le pointage des matchs. Ça, c’est du hockey ! »

Une excellente idée qui pourrait devenir la norme dans tous les tournois du Québec.