Alexis Lafrenière aura eu le temps de passer en coup de vent à Rimouski revoir ses coéquipiers de l’Océanic, et aussi les nouveaux, acquis dans des transactions, qu’il repartira pour Hamilton y disputer jeudi le match des meilleurs espoirs de la LNH.

Ainsi va la vie des plus grands joueurs de leur génération à leur année de repêchage. « Il faut vraiment que je reste dans le moment présent », a-t-il confié hier lors d’une conférence de presse téléphonique organisée par son équipe junior. « J’ai vécu des semaines de grandes émotions [au Championnat mondial junior], je suis revenu ici un peu avec les gars et je repars tout de suite. C’est vraiment juste de rester dans le moment présent et de profiter de ce que j’ai la chance de vivre. »

Lafrenière, ailier gauche, meilleur espoir québécois depuis Vincent Lecavalier en 1998, a confirmé en République tchèque son statut d’éventuel premier choix au total. Le jeune attaquant de 18 ans a obtenu 10 points en 5 matchs, malgré une rencontre écourtée par une blessure au genou contre les Russes.

Le jeune homme a aussi 73 points, dont 24 buts, en 34 matchs avec l’Océanic, dont il est le capitaine.

Si on compare avec un autre super espoir né sur le tard, c’est-à-dire repêché à 18 ans bien sonnés en raison de sa date de naissance tardive, Auston Matthews, les statistiques se valent. Le centre des Maple Leafs de Toronto avait obtenu 11 points, dont 7 buts, en 7 matchs au Championnat mondial junior avec les États-Unis à son année de repêchage.

On a vu un joueur transformé cette année à ce tournoi. L’an dernier, le rugueux entraîneur de l’équipe canadienne l’avait fait sécher à quelques occasions sur le banc. Il lui avait même reproché publiquement de faire des ronds sur la glace comme s’il s’agissait d’une séance d’entraînement. Lafrenière s’était contenté d’un but en cinq matchs. Cette fois, il jouait au sein du premier trio avec Barrett Hayton sous l’autorité de Dale Hunter.

L’an dernier, j’ai eu un rôle différent. Cette année, j’avais plus d’expérience, j’ai pu avoir un rôle plus de leader. J’ai pris beaucoup de maturité en un an. Ça a paru. Ça paraît, un an. J’ai appris l’an dernier, tant au Championnat du monde qu’à Rimouski. Je me suis présenté mieux préparé cette année.

Alexis Lafrenière

Les journalistes ont tenté de le faire parler de lui au cours de cette brève conférence de presse téléphonique. Peine perdue. Les recruteurs, en revanche, seront heureux d’apprendre, s’ils ne le savaient pas déjà, que le collectif prime toujours sur l’individualisme chez lui.

Comment a-t-il vécu l’expérience sur le plan personnel ? « C’était vraiment un rêve d’enfance de jouer dans ce tournoi, de représenter le Canada. Un honneur pour tous les joueurs de hockey. De pouvoir gagner l’or, c’était vraiment un moment spécial. »

Songeait-il aux dépisteurs pendant le Championnat ? « Non, je n’y pensais pas trop. L’objectif principal était de remporter l’or. C’était notre objectif commun. Tu ne penses pas aux recruteurs dans ces circonstances. »

Comment a-t-il accueilli ces autres honneurs individuels : joueur par excellence du tournoi et meilleur attaquant ? « C’est très flatteur, mais c’est la médaille d’or qui était le rêve d’enfance. Ce sont les meilleurs résultats que je pourrais avoir. »

Quand un confrère lui a demandé s’il réalisait pleinement ce qu’il était en train de vivre, Lafrenière, encore une fois, est revenu sur la conquête, le collectif. « C’est sûr, la médaille d’or, sur le moment, c’était pas réel. On y a tellement rêvé. C’était très spécial. Maintenant, c’est la Coupe du Président avec l’Océanic. On a de nouveaux joueurs, il faut trouver notre chimie et s’améliorer chaque jour. »

Il en a profité pour remercier son entourage. « Mes parents ont toujours été là pour moi, ils m’ont beaucoup aidé et ils continuent de m’aider. Mon agence [Émilie Castonguay et Christian Daigle] ou l’Océanic, ils m’encadrent très bien. Tous les coéquipiers que j’ai eus m’ont aidé. Les entraîneurs, Serge [Beausoleil], ils m’ont bien encadré. Depuis le début, ç’a été positif pour moi. Je suis chanceux de jouer dans une organisation comme celle-là. »

Lafrenière a souvent répété qu’il avait réalisé un rêve ces dernières semaines. En avril, l’organisation qui remportera la loterie du repêchage réalisera un rêve à son tour. On ne met pas la main sur un garçon de cette qualité toutes les années…