La scène commence de façon bien banale. La rondelle est rejetée en fond de territoire du Canadien. Paul Byron suit l'action, va se positionner pour la sortie de zone, puis s'arrête soudainement, laisse tomber son bâton et ses gants. Pas de contact physique au préalable ou rien du genre.

En fait, le dernier contact physique entre Byron et MacKenzie Weegar datait d'il y a deux mois. Byron avait alors servi une dangereuse mise en échec à Weegar. Le défenseur des Panthers a raté les quatre matchs suivants; Byron, les trois suivants, car il a été suspendu.

On a tous vu la suite: crochet de gauche au visage, Byron a le regard vide, titube, perd l'équilibre, mais est retenu par le juge de ligne Michel Cormier. Son match est terminé après une présence sur la patinoire.

«Tu ne veux jamais voir un gars se blesser comme ça dans une bataille. On le félicite de l'avoir fait. Mais on n'aime pas voir un gars tituber comme ça en sortant de la patinoire. Je ne l'ai pas encore vu, donc je suis très inquiet pour lui», a mentionné Carey Price, après le match.

Le Canadien a amassé deux précieux points dans cette captivante course aux séries dans l'Est, avec une victoire sans appel de 6-1 sur les Panthers de la Floride. Une autre jolie performance collective, avec de l'impressionnant travail de Phillip Danault et de Tomas Tatar en particulier. Une quatrième victoire en cinq matchs pour le Tricolore, et deux points plus que nécessaires puisque les Blue Jackets de Columbus ont eux aussi gagné.

C'est justement avec ces Blue Jackets que le CH a rendez-vous demain - un match crucial dans la course aux séries. Ce sera suivi par des duels contre quatre puissances de la LNH: Winnipeg, Tampa, Washington et Toronto. Et le Tricolore pourrait disputer ces matchs sans l'une de ses boules d'énergie. Ou comme l'a décrit Andrew Shaw: «Un meneur pour nous, il travaille fort, il est acharné, il n'arrête jamais. Il nous rend meilleurs.»

Le code

Tout ça, donc, parce que Byron a respecté le fameux «code», qui détermine essentiellement les situations dans lesquelles il est légitime de se battre. Les batailles sont pourtant encore en baisse cette saison dans la LNH. Il y en avait 0,30 par match il y a deux ans, 0,22 l'an passé et cette saison, selon hockeyfights.com, il n'y en a plus que 0,19 par match en moyenne. Moins d'un match sur cinq.

Mais le code, lui, survit. Et dans ce cas-ci, Weegar et Byron ont jugé qu'il s'appliquait, même si la LNH s'était assurée d'imposer une sanction à Byron pour sa mise en échec d'il y a deux mois. Justement, on le devine, pour éviter que les joueurs se fassent justice eux-mêmes.

«C'est quelque chose de propre au hockey. Il n'avait pas à se battre s'il ne le voulait pas. Je n'allais pas lui sauter dessus», a expliqué Weegar au collègue Richard Labbé dans le vestiaire des visiteurs.

«Ce n'était pas mon intention de le blesser. Je lui ai simplement demandé s'il voulait répondre de ses actes. Je le respecte pour ça, j'espère qu'il est correct.»

Claude Julien, lui, a été bref sur la question. «C'est quelque chose qui s'est produit, et j'aurais préféré que ça ne se produise pas», a-t-il d'abord dit. Aurait-il aimé que Byron ne laisse pas tomber les gants?

«Si j'ai à gérer quelque chose, je le fais à l'interne. Je n'ai pas aimé le voir tomber sur la glace. Le reste, je vais le gérer à l'interne.»

On comprend Julien d'être aigri. Qu'il en veuille à Byron, à Weegar ou au fameux «code», un fait demeure: son quatrième trio est devenu excellent dès qu'il y a inséré Byron aux côtés de Nate Thompson et Jordan Weal. Un trio qui avait «un peu de tout», disait-il la semaine dernière. S'il fallait qu'il perde Byron pour quelques matchs, il devrait donc se tourner vers des joueurs comme Dale Weise, Matthew Peca, Nicolas Deslauriers ou Charles Hudon, qui n'ont pas joué depuis plusieurs semaines.

Les batailles ont plus ou moins été un enjeu dans cette saison du Canadien. Mais voilà qu'elles se pointent le nez au pire moment...

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En hausse: Carey Price

Quand la foule crie «Carey, Carey!» après qu'il eut accordé un but, c'est signe qu'il connaît toute une soirée. Le match aurait pu être plus serré sans son brio.

En baisse: Joel Armia

Dans un match où le bar était ouvert pour les attaquants du CH, l'ailier droit est demeuré bien discret.

Le chiffre du match: 64

C'est le pourcentage de succès de Phillip Danault contre Aleksander Barkov aux mises en jeu (9 sur 14). Une bonne façon de commencer quand la mission consiste à contrer le dangereux premier trio des Panthers.