L'espace de 60 minutes bien tassées et bien divertissantes hier soir au Centre Bell, on a vu ce qui peut propulser le Canadien vers des sommets insoupçonnés... et aussi ce qui peut le faire couler.

Cette équipe n'a aucun joueur de premier plan en attaque, alors elle doit miser sur des porteurs d'émotion pour mener la charge. Des fois, ça fonctionne, comme hier, et comme nous l'indique de toute évidence la feuille de pointage : trois points pour Gallagher, trois points pour Domi, deux points pour Shaw...

Résultat ? Une victoire un peu compliquée de 7-4 sur les Sabres de Buffalo, mais une victoire quand même, et une avance de 3 points sur les Blue Jackets de Columbus, qui sont à la poursuite du Canadien pour la dernière place en séries dans l'Association de l'Est.

Domi, entre autres, a un peu changé le match à lui seul en début de deuxième période, quand il est allé chercher la rondelle dans son territoire pour amorcer une poussée qui a mené au but d'Artturi Lehkonen.

« Notre identité, c'est d'être résilients et constants, a-t-il indiqué en fin de soirée. Les Sabres forment une très bonne équipe, on les respecte, ils ont une attaque dangereuse et de bons défenseurs. On savait qu'ils n'abandonneraient pas, mais on a réussi à continuer notre travail. »

On connaît bien sûr la dépendance du club à l'endroit de Carey Price, une réalité qui ne changera pas de sitôt. L'autre réalité, c'est que ce club est bâti avec des attaquants comme Claude Julien les aime, et il suffit d'entendre le coach parler des joueurs nommés plus haut, souvent de manière très favorable, pour comprendre qu'ils sont tout ce qu'il recherche.

Mais la ligne est bien mince entre le jeu émotif et l'indiscipline. Max Domi est le meilleur marqueur du club, sauf que, des fois, on le sent plus préoccupé par l'idée d'aller arracher la tête à un rival que de marquer des buts.

C'est la même chose en ce qui concerne Andrew Shaw, à qui les arbitres ont imposé une pénalité de quatre minutes en milieu de troisième période pour avoir voulu s'en prendre à un rival. Les pauvres Sabres n'ont pas marqué - ils ont fini par le faire quand Shaw a enfin pu quitter le banc des punitions -, mais ce genre d'indiscipline contre un club un peu plus sérieux que les Sabres risque de ne pas pardonner.

Le Canadien a besoin de ses joueurs d'émotion... mais le Canadien n'a pas besoin de joueurs qui écopent de mauvaises punitions au mauvais moment. Ces joueurs doivent être là où ils sont utiles : sur la glace. Gallagher (9 tirs en tout !), Domi et Shaw ont été responsables de 17 des 44 tirs montréalais dans un match où, pour la 17e fois de la saison, l'équipe parvenait à atteindre la barre des 40 tirs.

Ce qui nous mène à ce soir.

On aime bien exagérer parfois avec les matchs de quatre points, mais celui de ce soir en Caroline ressemble un peu à ça. Vous verrez fort probablement Carey Price devant le filet une fois de plus, comme vous le verrez sans doute au même endroit le reste de la saison. Ce n'est pas idéal parce que le gardien numéro un arrivera peut-être en séries la langue à terre (si séries il y a, on s'entend), mais c'est une réalité qui existe en raison du jeu erratique d'Antti Niemi, qui n'inspire plus confiance.

Toujours au rayon de la fatigue : sachez que les Hurricanes, comme le Canadien, ont joué hier soir. Bien sûr que le Canadien est arrivé là-bas tôt ce matin, mais bon, vous saurez que la science moderne peut faire des petits miracles de nos jours.

« On a des préparateurs physiques qui s'assurent que l'on reste en forme », a expliqué Paul Byron hier soir avant de partir. « On peut porter des pantalons de compression demain à l'hôtel. On peut faire plusieurs choses. Au bout du compte, c'est une bataille psychologique. »

Une bataille durant laquelle le Canadien aura besoin de la combinaison habituelle : un gardien bien en forme... et des joueurs d'émotion qui s'en tiennent au hockey.