Pendant que la charge de travail de Carey Price suscite des interrogations à Montréal, il y a quelqu'un chez les Ducks qui est bien placé pour en parler. C'est le gardien Ryan Miller.

Miller n'a plus à se préoccuper de telles considérations. La carrière de l'homme de 38 ans achève, et le filet appartient à John Gibson, 25 ans, qui devrait amorcer la rencontre de ce soir contre le Canadien.

Mais à Buffalo, Miller a joué des saisons de 76, 69 et 66 matchs. Lors de sa saison de 76 matchs, les Sabres ont raté les séries par quatre points. Lors de celles de 69 et 66 matchs, ils ont été éliminés au premier tour.

Pendant le séjour de Miller à Buffalo, les Sabres ont également atteint la finale d'association à deux reprises, en 2006 et en 2007. Ces années-là, il avait disputé respectivement 48 et 63 matchs.

«Les années où on a participé aux séries ont coïncidé avec les années où j'ai moins joué, a-t-il expliqué à La Presse, après l'entraînement matinal des Ducks au Honda Center. En 2006, j'ai joué un mois, puis je me suis blessé à un pouce. Ensuite, j'ai eu essentiellement un camp privé où je ne jouais pas, je ne voyageais pas, je faisais ma rééducation. Puis, il y a eu la pause olympique. Donc j'ai eu tout ce temps de repos.

«En fin de saison, quand ça comptait vraiment, j'avais plein d'énergie. Tu n'obtiendras pas ce genre de repos en jouant, évidemment.»

De l'avis de Miller, les exigences envers les gardiens ont augmenté ces dernières années, et font en sorte que la gestion de l'énergie demeure essentielle.

«Les gardiens, on est responsables de ce qui se passe derrière nous, on joue plus bas et près des poteaux qu'il y a deux ans. Quand tu t'appuies sur le poteau, ça exerce de la pression sur ta cheville, ton genou et tes hanches. Tout y passe. Tu dois aussi souvent t'écarter, faire tes déplacements. Il se passe beaucoup de choses dans tes hanches, ton dos, ton aine. Les gars qui peuvent jouer beaucoup de matchs, c'est un exploit en soi. Mais chaque équipe a son parcours. Tu ne peux pas déterminer un nombre de matchs qui s'applique à tous. L'entraîneur doit bien connaître le corps de son joueur.»

Le cas Price

Ce qui nous amène à Price, qui devrait disputer ce soir son 54e match de la saison. À moins d'une blessure, il excèdera la barre des 60 matchs pour une cinquième fois dans la LNH. S'il dispute les 14 matchs qui restent au calendrier du CH, il terminera la campagne à 67 matchs.

Dans trois de ces cas (2010-2011, 2014-2015 et 2016-2017), il était parvenu à terminer la saison en santé, participant à tous les matchs de son équipe en séries. Mais le CH s'était arrêté au premier tour deux fois, et au deuxième tour en 2015.

Et puis, en 2013-2014, Price et le Tricolore semblaient partis pour la gloire, jusqu'à ce que Chris Kreider entre en collision avec le numéro 31 dans le premier match de la finale de l'Est, qui aura finalement été son dernier de la saison.

Price a toutefois subi sa part de blessures au bas du corps au fil des ans.

«Il semble être un gars fort, estime Miller. Mais il a eu ses blessures, et ça crée des déséquilibres dans le corps. Des blessures au genou, ça peut prendre du temps et ça te change pour toujours. J'ai subi quelques blessures au ligament médian, et ça change ta façon de te tenir. T'essaies de revenir à la normale, mais ça change, même si tu es prudent. Il a subi ses blessures et je ne peux pas imaginer pourquoi il serait l'exception sur la planète. Je vais observer ça en tant que partisan, mais ce sera intéressant de voir comment ça va se passer.»

Miller rappelle toutefois à plusieurs reprises pendant l'entrevue que «chaque équipe compose avec ses propres circonstances». Dans le cas de Price, deux circonstances font en sorte que son repos est limité: les Montréalais sont impliqués dans une chaude lutte pour participer aux séries, et son auxiliaire, Antti Niemi, connaît une saison très difficile.

«Tu dois d'abord t'assurer de participer aux séries, et ça implique parfois de faire jouer un peu plus souvent le gardien qui connaît de bons moments», dit Miller.