Le 26 février 2018, les Sharks ont réalisé une des grosses transactions de la saison dernière en obtenant Evander Kane des Sabres de Buffalo. Trois mois plus tard, Kane signait une prolongation de contrat de sept ans avec les Sharks.

En juin 2011, Doug Wilson a conclu un autre gros marché, cette fois pour obtenir Brent Burns. Le 1er août de la même année, Burns prolongeait de cinq ans son association avec les Sharks. En 2016, nouvelle prolongation, cette fois de huit ans.

En novembre 2005, les Sharks ont passé un sapin aux Bruins de Boston en leur soutirant Joe Thornton. Depuis, le grand barbu a signé cinq prolongations de contrat ici.

Une dernière. À la date limite des transactions en 1999, Vincent Damphousse est passé du Canadien aux Sharks. Il a joué 12 matchs dans l'uniforme turquoise, puis six autres en séries. C'était assez pour convaincre le Québécois de s'engager en Californie.

«Quand on a fini la saison, Doug Wilson m'a dit que j'étais la priorité de l'organisation. Ils ont commencé à discuter tôt avec moi. Finalement, on s'est entendu le 20 juin, pour cinq ans.»

Le résultat de tout ça, c'est que les Sharks, que le Canadien affronte ce soir, constituent un formidable modèle de stabilité dans la Ligue nationale. Dans l'effectif actuel, six joueurs comptent plus de 500 matchs d'expérience avec eux (Thornton, Burns, Joe Pavelski, Marc-Édouard Vlasic, Logan Couture et Justin Braun). Pour la marque des 300 matchs, ajoutez les noms de Melker Karlsson, Brenden Dillon et Tomas Hertl.

Une seule équipe dans la LNH compte sur un noyau plus stable: les Kings de Los Angeles (sept joueurs à 500 matchs, 11 à 300). Chez le Canadien, Carey Price est le seul joueur avec 500 matchs d'expérience en bleu, blanc, rouge. À 300 matchs, ils sont deux, l'autre étant Brendan Gallagher, et Jeff Petry deviendra le troisième ce soir.

Le mélange parfait

On pourrait facilement décrire San Jose comme la ville la plus «confortable» de la LNH. Ce mot fourre-tout décrit peut-être le mieux ce je-ne-sais-quoi qui se dégage de cet endroit, où les températures sont modérées pendant une bonne partie de l'année. Le centre-ville est assez grand pour qu'on y retrouve une belle sélection de restaurants, mais pas au point de se sentir dans une métropole. Idem pour la circulation. Il y a du va-et-vient au centre-ville. Mais des bouchons? Pas tant.

«Les écoles sont bonnes. La localisation est bonne. Tu es à trois heures de route de Lake Tahoe si tu veux skier, à quatre, cinq heures de Disneyland. Tu peux sauter dans un avion et aller à Vegas. Tu peux pas mal faire n'importe quoi», décrit l'attaquant des Maple Leafs Patrick Marleau, qui a passé 19 saisons ici.

«C'est le nord de la Californie, c'est dur à battre. Les gens mentent s'ils te disent qu'ils aimeraient mieux être à -40 dans la neige, plutôt qu'à 22 degrés au soleil. J'ai connu ça pendant longtemps!», ajoute Kane, rencontré après l'entraînement d'hier.

De l'extérieur, il est donc facile d'attribuer la stabilité des Sharks à un milieu de vie optimal. Mais la vie peut être également agréable en Floride, à Dallas, au Colorado ou en Arizona, là où le climat est tout aussi clément.

C'est là que la dimension hockey entre en compte. On vous parlait de l'arrivée de Damphousse à San Jose en 1999; l'équipe a raté les séries seulement deux fois depuis.

«Ce sont vraiment les joueurs là-bas, les coéquipiers, les bons amis, expliquait Marleau, il y a deux semaines, à Toronto. La météo, c'est bien. Personnellement, c'est là que j'ai rencontré ma femme. Puis, tu as des enfants, tu fondes une famille. Mais le point principal, c'est que l'équipe est bonne depuis si longtemps. C'est une équipe qui aspire toujours à la Coupe Stanley. Ce noyau dont j'ai fait partie me donnait le goût de jouer là-bas.»

Thornton voit les choses du même oeil. «La direction nous donne toujours une chance de gagner. On a toujours eu de bonnes équipes, on a été des aspirants chaque année. Comme joueur, c'est ce que tu veux, être en position de participer aux séries et de te rendre en finale. On a toujours une chance ici et ça attire les joueurs.»

Martin Jones en sait quelque chose. Le gardien a aidé les Sharks à atteindre la finale à sa première saison ici, en 2016. «Une expérience irréelle. Toute la ville est derrière toi», raconte-t-il. Un an plus tard, il s'entendait pour six ans avec l'équipe.

«Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien en venant à l'aréna. C'est aussi un environnement positif, une culture gagnante», ajoute Kane.

Le cas Karlsson

Si on vous parle de ça, c'est qu'une bonne partie de la Ligue nationale a les yeux tournés vers Silicon Valley. L'an passé, John Tavares a tenu les Islanders en haleine avant de tester le marché des joueurs autonomes, qui lui a valu 77 millions de dollars des Maple Leafs. Cet été, Erik Karlsson pourrait en faire autant avec les Sharks. Son contrat vient à échéance au terme de la saison.

Karlsson a été quelque peu ralenti par une blessure à l'aine, qui le forcera d'ailleurs à rater un troisième match de suite ce soir. Malgré cela, malgré l'adaptation à une nouvelle équipe, il totalise 45 points en 52 matchs cette saison. Considéré par plusieurs comme le meilleur défenseur offensif de sa génération, il pourrait transformer à lui seul la défense d'une équipe.

Son souper avec Steven Stamkos n'est pas passé inaperçu au dernier match des Étoiles, d'autant plus que de fortes rumeurs envoyaient Karlsson à Tampa l'été dernier. Mais plusieurs s'attendent à ce que les Sharks tentent leur coup pour retenir ses services.

«J'espère qu'il va rester, parce que c'est un gars incroyable et un joueur incroyable. Les partisans l'aiment, rappelle Thornton. Mais ce sera une décision difficile pour lui, pour sa femme et sa famille. C'est un gros engagement. Si tu signes un contrat, c'est sept ou huit ans. Tu dois t'assurer que ça fonctionne.»