À pareille date l'an passé, bien des observateurs voyaient déjà le Canadien exclu des séries 2019 tant l'avenir paraissait moche. Le seul espoir d'une reconstruction rapide passait par une victoire à la loterie du repêchage afin d'obtenir Rasmus Dahlin. Un an plus tard, le discours a changé.

À Los Angeles, les Kings espèrent procéder au même virage.

«Je pense que ça peut changer rapidement», a laissé tomber l'entraîneur-chef des Kings, Willie Desjardins, avant d'y aller de propos élogieux pour Marc Bergevin et les transactions qu'il a effectuées.

Il est effectivement facile de regarder les Kings et de les condamner à l'avance pour l'an prochain. La formation californienne vient au 29e rang au classement général, un petit point devant les Red Wings et cinq devant les Sénateurs, toujours là pour faire bien paraître les autres.

Mais là où leur situation semble particulièrement périlleuse, c'est quand on regarde l'âge des effectifs en place. On y retrouve en effet huit trentenaires, un chiffre élevé dans une LNH qui rajeunit. Pis encore: ces joueurs détiennent des contrats à long terme. Le prochain contrat qui se termine: celui de Trevor Lewis, en 2020. Les autres viennent à échéance quelque part entre 2021 et 2024.

La filiale des Kings, le Reign d'Ontario, vient quant à elle au dernier rang du classement général de la Ligue américaine. C'est là le résultat d'une équipe qui, en raison de la bonne décennie qu'elle vient de connaître, n'a pas repêché dans le top 10 depuis 2009 et n'a pas eu de choix de premier tour en 2013, 2015 et 2016.

Mais il y a justement un autre parallèle à faire avec le Canadien. Le Rocket de Laval connaît lui aussi une saison de misère, ce qui n'empêche pas le CH de détenir une banque d'espoirs intéressante. C'est que les meilleurs jeunes de l'organisation sont éparpillés entre l'Europe, la NCAA et le hockey junior canadien. C'est ainsi que les Kings ont envoyé cinq joueurs au dernier Championnat du monde junior.

«On a déjà de très bons éléments, on a de bons jeunes qui ont participé au Mondial junior et qui pourront s'ajouter, martèle Desjardins. L'organisation est en bonne posture. Ce n'est pas comme si c'était sans espoir. De bons jeunes s'en viennent. Tu ramasses deux joueurs autonomes et tout d'un coup, ton équipe est différente. Regarde le Canadien, personne ne le voyait où il est aujourd'hui.»

Trop loin pour y penser

L'autre source d'espoir, c'est que les Kings détiennent deux choix de premier tour au prochain repêchage (le leur et celui de Toronto). Ils en ont cinq dans les trois premiers tours, sept dans les quatre premiers.

Ce sont toutefois des considérations bien lointaines pour des joueurs qui voient les années avancer, et qui n'y seront peut-être plus quand Rasmus Kupari, Gabriel Vilardi et Mikey Anderson, les plus beaux espoirs de l'organisation, arriveront à maturité. Idem pour les joueurs de 17 ans que l'équipe repêchera dans trois mois.

«Je ne pense pas vraiment au repêchage ni à combien de choix nous avons. Ce n'est pas mon travail, c'est celui des gens bien au-dessus de moi, explique Alec Martinez, qui aura 32 ans cet été. On est conscients qu'on a plusieurs choix, avec les transactions qu'on a faites. On espère que ce soit bon pour l'avenir de l'organisation, mais ce n'est pas quelque chose à quoi on pense.»

Martinez a eu une réponse intéressante quand on lui a rappelé que cette accumulation de choix crée de l'espoir chez les partisans.

«Oui, mais ici, personne n'a nécessairement perdu espoir. On croit encore en nous dans ce vestiaire. Il y a certainement des choses à changer. Mais j'ai pleinement confiance que les gars seront capables d'opérer le changement.»

«Ce sont de bons joueurs et ils y croient. Ils ont gagné deux Coupes Stanley, ce n'est pas arrivé par hasard», ajoute Desjardins.

«On y a participé l'an dernier et l'équipe est demeurée similaire», dit Adrian Kempe pour justifier pourquoi les joueurs gardent espoir.

Le paradoxe est justement là. La conquête de la Coupe Stanley date d'il y a cinq ans. Les séries, d'un an. Certains des trentenaires étaient alors dans la force de l'âge. Leur expérience est certainement précieuse et elle le sera pour encadrer les jeunes. Mais les renforts devront arriver rapidement.