Le clan Girard est tissé serré. L'histoire est désormais connue. Jérémy Girard, grand frère de Samuel, au talent inférieur, a « laissé sa place » à son petit frère lorsque les deux étaient encore enfants.

Une histoire de sous, les parents Girard étaient incapables de payer pour les deux. Il fallait faire un choix. Samuel était devenu un phénomène local par son exceptionnel talent très jeune, il était de l'avis général voué à un plus bel avenir. Jérémy lui a laissé le champ libre en se retirant du hockey.

RDS a brillamment raconté le sacrifice du grand frère dans un mini-documentaire intitulé simplement « Girard ». On y entend cette perle du paternel de la famille, Tony : « Jérémy a donné son sport à son frère. » Celle-ci aussi, de Jérémy : « Le nom dans le dos, c'est le nom de notre famille. »

« Beaucoup de monde a partagé la vidéo, a dit Samuel Girard. Ils trouvaient ça beau, j'étais content. Je le regardais avec mes parents. Ils étaient au Colorado dans ce temps-là. J'ai ressenti beaucoup d'émotions quand je l'ai regardé. Ça me touche encore. »

Samuel Girard a vécu les grands moments de sa carrière bien entouré. Sa famille était là le jour de son repêchage, ils étaient là quand il a marqué son premier but à son deuxième match avec les Predators de Nashville. Ses deux frères et ses parents seront là aussi ce soir pour ce match, son deuxième à vie au Centre Bell, contre le Canadien. Sa grande soeur, infirmière, doit travailler.

« Au repêchage, mon frère Jérémy m'a serré dans ses bras, il m'a dit qu'il était content de le vivre avec moi, a dit Girard. Il a ajouté qu'il aurait aimé être à ma place, mais qu'il avait la chance de vivre ce rêve avec moi. Il fait son tour au Colorado des fois, il me le répète après chaque match, il capote. Il vit ce rêve en même temps que toi. On se soutient comme famille. Mon autre frère et ma soeur aussi ont toujours été là pour moi. Ils m'encouragent. »

Encore une fois, Girard ne sera pas seul dans le bruyant aréna. Il y aura pour l'encourager une soixantaine de partisans des Cataractes de Shawinigan, où il a fait la pluie et le beau temps dans ses années juniors. Il y aura aussi 250 personnes descendues du Lac-Saint-Jean pour le match, et une centaine d'autres de Montréal.

Le nouveau modèle

Même s'il a ajouté une quinzaine de livres de muscle à sa charpente cet été, Samuel Girard reste l'un des plus petits défenseurs de la LNH. Il rappelle Victor Mete : petit gabarit, rapide, intelligent, capable de bouger la rondelle. En plus, les deux ont le même âge, 20 ans.

À la différence que Girard est plus avancé dans son développement, notamment avec son tir, son positionnement et son jeu de pieds. Bref, le Québécois est devenu le modèle à suivre pour un petit défenseur qui veut faire sa place dans la LNH.

« Ce n'est pas un défi de jouer contre des plus gros joueurs, c'est naturel, a expliqué Girard. Je dois utiliser mes qualités. Je sais que ma vitesse va m'aider. Si je vois un gars de 6 pieds 3 et 240 livres arriver derrière moi, je vais savoir quoi faire pour ne pas me faire frapper parce qu'il y a des chances que je ressorte de là avec une épaule cassée. »

Girard a tôt fait d'apprendre à jouer intelligemment contre les mastodontes qu'il affronte presque 20 minutes chaque soir. Et comme Claude Julien l'a fait avec Victor Mete et Shea Weber, l'entraîneur de l'Avalanche Jared Bednar a choisi de jumeler Girard à un vétéran colosse, dans ce cas-ci Erik Johnson, à 6 pieds 4 pouces et 230 livres.

« Ils se complètent bien, a dit Bednar. La raison pour laquelle on l'a jumelé à Erik Johnson est qu'on veut qu'il soit souvent sur la glace et Johnson peut rester longtemps sur la glace. Erik est un vétéran qui communique bien et peut l'aider dans certaines situations. Les deux s'entraident en fait. Les deux peuvent contribuer à l'attaque, mais sont aussi assez intelligents pour ne pas se faire piéger en zone offensive. »

« Certains pensent qu'il ne défend pas bien car il est plus petit, mais son positionnement est excellent, a ajouté Johnson. On affronte souvent les meilleurs trios adverses, mais on essaie aussi de contribuer offensivement. De nos jours, la grande priorité est le positionnement. Girard n'a pas besoin d'être si robuste. Maintenant, on travaille sur la transition et la possession de rondelle. Nous sommes assez similaires, sauf que je suis plus gros que lui. »

Girard n'a pas encore explosé offensivement cette saison. Il ne compte que 2 buts et 11 aides en 44 matchs. Dans tous les cas, ce n'est pas la motivation qui va lui manque ce soir devant son imposant fan-club.

Par ailleurs, Bednar a annoncé que le Montréalais Mark Barberio fera son retour dans la formation après avoir raté 19 matchs pour une blessure au haut du corps. Semyon Varlamov défendra le filet de l'Avalanche.