Bien assis dans les gradins, Dan Petry regardait aller son fils sur la patinoire hier, et c'est à croire qu'il était envieux.

Jeff Petry, rappelons-le, avait commis une bourde ayant mené directement au seul but du Wild, lundi, dans une défaite de 1-0 du Canadien.

Hier, Jeff Petry a pris les choses en main: le but gagnant, une fiche de +2 et trois tirs bloqués pour mener le Tricolore à un triomphe de 3-2 sur les Red Wings. Du hockey solide comme il en a généralement joué cette saison, avec ou sans Shea Weber. Tout ça, 24 heures après avoir gaffé.

Dan Petry n'a jamais eu ce luxe. En tant que lanceur partant des Tigers de Detroit dans les années 80, il devait ronger son frein avant de racheter une mauvaise performance. Il a connu une belle carrière, mais n'allez pas croire qu'il ressemblait à Greg Maddux à chacun de ses 274 départs avec les Tigers.

Prenez la Série mondiale de 1984. Petry était désigné pour amorcer le deuxième match. Après 4,1 manches, il a été envoyé aux douches après avoir accordé un circuit de trois points à Kurt Bevacqua. Les Padres prenaient alors l'avance 5-3, une marque qui a tenu. Quatre jours plus tard, il retournait sur la butte pour amorcer le cinquième match. Cette fois, Dan Petry a gardé son équipe dans le match, et les Tigers l'ont emporté pour enlever la Série mondiale.

«Un frappeur peut finir un match à 0 en 4, avec quatre retraits au bâton, et être le héros le lendemain, frapper deux circuits, racontait Dan Petry, croisé dans un corridor du Little Caesars Arena après le match hier. Quand tu es un lanceur, tu connais un mauvais match, tu dois attendre cinq jours, et ensuite, t'affrontes les Yankees de New York! Ça te donne beaucoup de temps pour réfléchir et laisser les sentiments négatifs t'envahir.»

Alors, cette capacité de rebondir, Jeff l'a-t-il apprise de Dan?

«J'aimerais bien m'attribuer le mérite, mais ce n'est pas le cas, lance le paternel. C'est bon que Jeff ait choisi le hockey, car tout ce que je pouvais faire, c'était de le reconduire à l'aréna. Je ne pouvais rien dire de négatif, aucune critique, car je n'avais aucune idée de ce que je regardais ! Tout ce que je pouvais faire, c'était de l'encourager.»

Donc pour les leçons de hockey apprises du père, on repassera. Par contre, comme pour tout athlète de deuxième génération, il y a tout de même quelque chose qui se transmet. Jeff Petry n'a pas de souvenirs de son père qui lance - il se souvient surtout des moments passés dans le vestiaire. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre, et à défaut de transmettre des habiletés, Dan Petry a bien légué quelque chose à son fils!

Jeff Petry l'a justement constaté l'été dernier. On vous parlait de la Série mondiale de 1984. C'est que le numéro 26 a regardé ledit cinquième match l'été dernier. «Je l'ai retrouvé sur YouTube et je l'ai regardé du début à la fin. Ma femme l'a regardé avec moi et elle nous trouve identiques, mon père et moi, dans nos expressions faciales et notre compétitivité!»

Le caractère

Marc Bergevin a vanté le caractère de son équipe lors de son bilan de mi-saison, lundi. Un des exemples qu'il a donnés : les nombreuses remontées de son équipe en troisième période. Petry, lui, a fait sa propre démonstration hier, dans son jeu en général, et en démontrant de la patience pour enfiler le but gagnant en début de troisième période.

«C'était une transition rapide avec un match dès le lendemain. Il fallait oublier l'erreur, aller de l'avant, et c'est comme ça que j'ai abordé le match.»

Il faudra aussi souligner cette capacité à rebondir dans ce qui compose le caractère du Canadien de 2018-2019. Mine de rien, après 44 matchs, cette équipe a subi une seule séquence de plus de deux défaites de suite. La victoire d'hier lui a justement permis d'en éviter une nouvelle, après deux défaites ternes au Centre Bell.

Cette fois, dans des circonstances pas évidentes (l'équipe est arrivée à l'hôtel à Detroit à 4h du matin en raison de la météo à Montréal, Shea Weber peut difficilement manger des aliments durs en raison de l'enflure sur son visage), les Montréalais ont trouvé une façon de rebondir.

«C'est ce que les bonnes équipes font, et c'est ce qu'on essaie de devenir, a estimé Brendan Gallagher. On doit apprendre des choses en tant que groupe. La résilience, la capacité d'affronter l'adversité, ce sont des traits des bonnes équipes. On l'a cette année.»

Prochain match: Canadien c. Blues, demain soir (20h) à St. Louis

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En hausse: Tomas Tatar

Il a été visible toute la soirée et a joué un rôle crucial sur les premier et troisième buts du CH. Seule tache au dossier: un jeu un peu douteux qui a permis aux Wings de s'inscrire au pointage.

En baisse: Jonathan Drouin

On ignore s'il joue blessé depuis sa vilaine chute à l'entraînement, lundi, mais ça demeure difficile pour le numéro 92.

Le chiffre du match: ,949

C'est le taux d'efficacité d'Antti Niemi à ses deux derniers départs. L'auxiliaire de Carey Price est en train de faire oublier une première moitié de saison difficile.