En février dernier, lors de la dernière visite des Predators de Nashville à Montréal, le Canadien avait disputé un match fort émotif. Brendan Gallagher et P.K. Subban avaient porté la rivalité à un autre niveau, sur la glace et à l'extérieur.

Sur la glace, Gallagher s'était fendu le visage en ratant une mise en échec sur Subban, dans un match où les deux ne s'étaient pas offert de politesses. Il avait aussi pris grand soin de le narguer après avoir inscrit un but dans une défaite de 3-2 en tirs de barrage.

Subban n'avait pas manqué de l'écorcher après le match: «Je ne l'ai pas vu sourire ce soir. J'ai simplement vu le sang couler de son visage après qu'il ait essayé de me frapper et qu'il soit tombé.» Gallagher avait répliqué: «Vous pourrez le laisser parler de lui-même toute la soirée, il va vous en donner assez. Je ne vais pas vous aider.»

Plus que la visite de Subban, ce match au milieu d'une saison à oublier avait permis de savoir qui chez le Canadien allait se lever dans les moments tendus. Gallagher n'avait pas déçu avec une performance formidable, et il n'a jamais baissé son rythme depuis. Même qu'entre ce match et celui de demain, il a cimenté son statut de leader dans un vestiaire qui a beaucoup changé.

Ce qui mène à ce matin, où Gallagher a dû prendre une journée de congé pour subir des traitements. C'est la conséquence d'être un joueur de petite stature qui ne craint jamais de plonger dans la circulation lourde. Hier contre les Canucks, il a aussi dû retraiter un moment au vestiaire après avoir bloqué un tir de Ben Hutton.

Claude Julien a assuré que Gallagher serait en uniforme demain contre les Predators. Quand on a tenté de savoir où il avait mal, l'entraîneur a servi l'évidence, sourire en coin: «Il est toujours magané.»

«Il ne recule devant rien, a-t-il poursuivi. Ce ne sont pas des blessures qui l'empêchent de jouer. En lui donnant des congés, ça le rend meilleur pour les matchs. On sait qu'il est en bonne forme. On n'a pas à se préoccuper de sa forme. Il termine chaque présence en étant épuisé. Si on lui donnait le choix, il préférerait s'entraîner plutôt que prendre congé.»

Weber, bien sûr

Ce match contre les Predators est aussi le parfait prétexte pour parler de Shea Weber, l'autre moitié de la transaction la plus médiatisée des dernières années. Inutile d'offrir un énième chapitre du débat à savoir qui a gagné l'échange, profitons plutôt de l'occasion pour souligner l'apport de Weber.

Depuis son retour, le Canadien est passé de 32,5 tirs en moyenne par match à 37. D'à peu près 32 tirs accordés, l'équipe a plongé légèrement sous la barre des 30 tirs. C'est l'impact concret d'un défenseur au tir foudroyant et au gabarit imposant. Il y a les avantages dans le vestiaire aussi, où il s'est révélé être le meneur d'hommes attendu au moment de la transaction.

«Je sais à quel point P.K. était populaire, donc je n'embarquerai pas là-dedans, a dit Julien, sans toutefois que Subban ait été mentionné dans la question. Mais l'impact de Weber comme meneur, comme joueur solide: il a un tir que toute équipe aimerait avoir dans son groupe. Il apporte des petites choses. Son impact est là. Le fait qu'il soit capitaine, ça ne lui a pas été donné. Il le mérite, il l'a gagné auprès de l'organisation, de ses coéquipiers. Son impact est assez évident. Depuis son retour, l'équipe a pris un autre pas dans la bonne direction.»

Weber lui-même était de fort bonne humeur dans le vestiaire, même s'il devait porter un chandail de la Finlande. La conséquence d'un pari perdu contre Artturi Lehkonen en marge du match entre la Finlande et le Canada au Championnat du monde junior. Jesperi Kotkaniemi, un autre Finlandais, a même saisi un micro pour y aller de sa propre question: «Shea, quelle est ton équipe préférée au Mondial junior?»

«Ils ne jouent plus», a-t-il lancé, juste après avoir servi à son coéquipier de 18 ans la remontrance que «les jeunes ne comprennent pas».

Au sujet des Predators, équipe dont il a été le visage durant tellement d'années, Weber est resté évasif. «C'est dans le passé. C'est une bonne équipe mais qui a connu des difficultés récemment. Pour nous, ce sont deux points importants. Les équipes derrière nous gagnent, et celles en avant gagnent aussi. On a besoin de ces points.»

Au sujet de ce qui sera seulement son deuxième duel contre Subban depuis l'échange, Weber n'avait que ceci à dire: «On joue contre Nashville, pas contre P.K.»

La crainte Price

Par ailleurs, Carey Price a causé une petite commotion en quittant la séance quotidienne une vingtaine de minutes avant ses coéquipiers, après discussion avec des soigneurs. Claude Julien s'est fait très rassurant à son sujet.

«Ça n'avait rien à voir avec la blessure qu'il a eue. C'était plus, je ne connais pas le terme français, qu'il était light-headed, mais je ne veux pas dire étourdi. C'est la raison pour laquelle on l'a laissé débarquer. On avait fini l'entraînement, on faisait des mises au jeu, on lui a donné la chance de se reposer.»