On parle parfois d’un « combat de trop » quand on fait référence à un boxeur transformé pour le pire à la suite d’un duel inégal. Est-ce que la même logique peut s’appliquer à un joueur de hockey, et plus précisément à Paul Byron ? La question se pose, puisque l’attaquant n’est plus lui-même cette saison.

On a déjà fait état de la production offensive décevante de Byron, de son temps de jeu revu à la baisse, aux séances vidéo et aux discussions avec ses entraîneurs depuis le début de la présente saison. Mais au milieu de tous ces détails, il y a une date qui ressort : le 26 mars 2019.

C’est à cette date que Byron a perdu le combat que l’on sait face au défenseur MacKenzie Weegar, des Panthers de la Floride, lors d’un match au Centre Bell. Depuis ce soir-là, le petit attaquant du Canadien a pris part à un total de 11 matchs et n’a récolté que trois points, dont aucun but.

Pour un joueur qui nous avait habitués à un certain flair offensif – il a deux saisons de 20 buts ou plus à sa fiche à titre de membre du Canadien –, la soudaine sécheresse de Byron s’explique difficilement… mais elle coïncide avec le mauvais souvenir du 26 mars, quand Weegar lui a passé le K.-O. à l’aide d’un violent uppercut de la gauche.

Il s’agissait d’une réponse à un incident survenu lors d’un match précédent entre les deux équipes en janvier, au Centre Bell, quand Byron avait frappé Weegar d’un coup à la tête, un geste illégal qui avait mené à une suspension de trois matchs.

Byron a déjà juré être à 100 % de sa forme physique, mais subirait-il les effets néfastes de ce combat engagé avec un joueur beaucoup plus costaud que lui ?

« C’est une bagarre qui a eu lieu et ça arrive, a-t-il répondu hier dans le vestiaire à Brossard. Je ne cherche pas la bagarre, mais des fois, ça peut survenir. Ça fait plusieurs mois que je me sens bien physiquement, et cette bagarre, ce n’est pas une excuse. Les gens cherchent des explications [à mon début de saison], mais ce n’est pas ça du tout. Je me sens très bien. »

« J’ai pris mes responsabilités »

Selon les chiffres compilés par le site spécialisé Hockey Fights, cette bagarre de Byron au mois de mars était la quatrième de sa carrière en saison dans la LNH. Le joueur de 30 ans ne sera jamais à confondre avec un redresseur de torts, mais il estime que parfois, la bagarre est inévitable. Comme lors de ce soir de mars au Centre Bell.

« Je n’ai pas de boule de cristal pour être en mesure de lire dans le futur, je ne sais pas si je vais me battre de nouveau. Mais il y a un certain niveau de respect dans cette ligue, et je sais que je lui avais fait mal auparavant.

« Quand je me suis battu avec lui, je pensais que c’était juste une bagarre et que ça allait être fini après ça. Si je n’avais pas engagé le combat, le jeu serait devenu plus rude et il y aurait eu des coups salauds dans le match. Je ne voulais pas qu’un coéquipier se batte pour moi, je ne voulais pas non plus que quelqu’un d’autre subisse une blessure lors de ce match à cause de mon geste. Alors j’ai pris mes responsabilités [man up] et je l’ai fait. »

Au moment où le Canadien se prépare à accueillir les Sharks de San Jose ce soir, Byron est toujours à la recherche d’un premier but depuis le 24 mars, lui qui n’a que deux aides au compteur en neuf matchs cette saison. À l’entraînement d’hier, il patinait sur le troisième trio en compagnie d’Artturi Lehkonen et de Jesperi Kotkaniemi.

Claude Julien, lui, a bon espoir de retrouver le Paul Byron des beaux jours sous peu.

« Il ne nous nuit pas, a tenu à dire l’entraîneur-chef, hier, à Brossard. Mais les gens sont habitués à le voir nous en donner plus, et nous aussi. Il se cherche, il n’y a aucun doute, et il le sait. Il m’a dit qu’il ne nous apporte pas ce qu’il nous apporte normalement. Nous avons parlé et on espère qu’il passera à son niveau de jeu habituel, qui lui permet de faire une bonne différence pour notre équipe. »