Le Tricolore baisse sa garde le temps de voir les visiteurs marquer trois buts et se sauver avec la victoire.

Analyse : la bonne petite équipe

Jesperi Kotkaniemi est d’ordinaire un garçon enjoué et enthousiaste, mais hier soir, dans un vestiaire très tranquille, il n’avait pas trop envie d’afficher son célèbre sourire.

« Ce ne fut pas une bonne journée », a résumé l’attaquant, qui a fini son match avec le quatrième trio, après avoir été sur la glace pour deux des trois buts du Lightning de Tampa Bay. Bref, comme le chantait jadis Brian Johnson : Kotkaniemi a été foudroyé.

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Il est facile de montrer les plus jeunes du doigt quand c’est ce genre de soirée, quand la visite du Lightning débarque ici la mine basse, mais l’emporte haut la main, avec une victoire somme toute convaincante de 3-1.

La guigne de la deuxième année, ça existe, et Kotkaniemi aura d’autres moments comme celui d’hier soir, entre autres quand il est arrivé en retard sur un mauvais changement, laissé en plan derrière Tyler Johnson, qui portait la marque à 3-1 avec ce tir d’une belle précision.

Au hockey, effectuer un bon changement, c’est d’une grande importance, et à ce chapitre, n’est pas Dwight King qui veut.

« C’est des choses qu’on ne peut pas faire, a résumé l’entraîneur-chef Claude Julien, qui n’avait pas vraiment le goût de s’attarder lui non plus. Il faut faire des meilleurs changements. Aussi, les gars auraient pu revenir plus vite en défense. »

Jouer 60 minutes

En six matchs cette saison, le Canadien se retrouve avec une fiche de 2-2-2, ce qui, si l’on porte attention aux détails, signifie qu’il n’a que deux victoires depuis le début. On va éviter d’appuyer sur le gros bouton rouge de la panique après six matchs, mais on va se le dire, ce Canadien ressemble assez au Canadien des saisons précédentes : une équipe qui pourrait être des séries éliminatoires… ou peut-être pas.

Les fins observateurs auront remarqué que très souvent, c’est le même défaut qui revient : cette incapacité de jouer pendant 60 minutes. Hier, le Canadien a dominé la première période, au point de limiter le Lightning à deux tirs pendant plusieurs minutes.

Puis, le temps de quelques gaffes en deux minutes et huit secondes, et c’était 3-1. Le Canadien peut bien combler des écarts à l’occasion, mais ce ne sera pas la norme. Le talent offensif n’y est tout simplement pas.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Victor Mete (53) ne lâche pas Brayden Point (21) d’une semelle.

D’ailleurs, pour une équipe dont les gros salaires sont à l’arrière, c’est assez renversant de constater à quel point ça se gâte à la ligne bleue.

Les forces que l’on croyait ressemblent plutôt à des faiblesses, surtout quand Shea Weber paraît aussi lent, quand Victor Mete enchaîne les mauvaises décisions – et ça ne peut plus durer, parce que ce club n’a aucune chance avec un tel premier duo. Brett Kulak est au demeurant un chic type, mais il n’est pas normal que ce soit lui qui figure parmi les meilleurs défenseurs, l’autre étant Jeff Petry pour hier soir.

Pas pour rien que Julien a choisi de brasser ses trios en troisième période… mais aussi ses duos défensifs, ce qu’il n’a pas l’habitude de faire en plein match. Ça, ça s’appelle chercher des solutions, et vers la fin, on a même vu Weber et Petry ensemble, de mémoire une première.

Pourtant, le Canadien affrontait un Lightning décevant, titubant, qui n’a pu faire mieux que 22 tirs. C’était une belle occasion. En lieu et place, le Canadien se retrouve avec une récolte de 4 points sur une possibilité de 10 face aux rivaux de sa division cette saison. Ce n’est pas une bonne stratégie pour les séries.

Mais c’est le lot des bonnes petites équipes, et jusqu’à preuve du contraire, c’est ce que le Canadien est, encore et toujours : une bonne petite équipe.

Prochain match : Wild du Minnesota c. Canadien, demain soir (19 h) au Centre Bell

« Nous nous sommes endormis… »

Nous nous sommes endormis pendant seulement quelques minutes et ils en ont profité. On sait ce qu’on a à faire pour revenir à de meilleurs résultats.

Victor Mete

Nous avons été en plein contrôle de ce match pendant les 15 premières minutes de jeu. Ce fut un très bon début de match pour nous, mais nous avons relaxé ensuite pour une raison obscure.

Shea Weber

Sur le premier but, on a été capables de changer trois fois avant qu’eux puissent changer, et on a marqué. Ce sont de bonnes habitudes de travail. Stamkos a marqué en avantage numérique. Ensuite, une relance rapide sur un changement moyen de l’autre côté pour notre troisième but. On a marqué sur des jeux simples.

Yanni Gourde

Stammer [Stamkos] m’a placé la rondelle sur le tee, je n’ai eu qu’à tirer. Je suis content. Tu ne sais jamais quand le premier de l’année va venir, donc je suis content d’avoir réglé ça ! Je pense que j’affronte Price depuis les rangs juniors, et je n’ai pas souvent marqué contre lui.

Braydon Coburn

Propos recueillis par Richard Labbé et Guillaume Lefrançois, La Presse

Dans le détail

Encore le désavantage numérique

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Steven Stamkos

On aurait bien aimé vous dire si le désavantage numérique du Canadien a réussi à limiter le nombre de passes transversales dans sa zone. Sauf que la seule supériorité numérique du Lightning a duré exactement… 33 secondes ! Le temps de s’installer en zone du CH, une bataille pour la rondelle perdue et les carottes étaient cuites. Il y a visiblement eu confusion entre Jeff Petry et Artturi Lehkonen, car les deux se sont dirigés dans le coin pour appuyer Shea Weber dans ce qui est devenu une lutte à trois contre trois, ce qui laissait le pauvre Phillip Danault seul pour couvrir messieurs Hedman et Stamkos, qui sont généralement capables d’arriver à leurs fins. Ce qu’ils ont fait. Avec ce but, le taux de succès (nos excuses au mot succès) du CH en désavantage numérique se chiffre à 61,1 %, soit sept buts accordés en 18 occasions.

Avantage Vasilevskiy

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Andrei Vasilevskiy

Mine de rien, Andrei Vasilevskiy présente maintenant une fiche de 6-0-2 contre Carey Price depuis son arrivée dans la Ligue nationale. Le gardien du Lightning est évidemment fort bien entouré, avec Victor Hedman et Ryan McDonagh au sein de deux duos distincts. Mais Vasilevskiy a eu son mot à dire dans la victoire d’hier. Comme Price dans ses bons matchs, le Russe n’a pas eu à y aller d’arrêts spectaculaires, indice d’un gardien en contrôle de ses retours et bien positionné. Il a aussi fermé la porte en début de troisième période, quand le trio de Nate Thompson bourdonnait et que Montréal aurait pu revenir dans le match. Les statistiques du gagnant du trophée Vézina étaient quelconques jusqu’ici, mais avec des performances comme celle d’hier, elles retrouveront leur lustre habituel.

La roue qui tourne

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Mathieu Joseph

Il était intéressant de regarder la composition des trios du Lightning hier. Les deux premiers trios étaient formés des piliers de l’attaque depuis quelques années : Stamkos, Brayden Point et Nikita Kucherov dans la première unité, Tyler Johnson flanqué d’Ondrej Palat et de Yanni Gourde au sein de la deuxième. Derrière eux, le troisième trio nous a rappelé que la roue du développement continue de tourner à Tampa. Le vétéran Alex Killorn était en effet accompagné d’Anthony Cirelli et de Mathieu Joseph, deux joueurs de deuxième année qui prennent du galon. Même si ces trois joueurs ont été blanchis, ils ont eu leur mot à dire sur le premier but du Lightning, puisqu’ils ont maintenu la pression en territoire montréalais. Cette pression était telle que lorsque le trio de Stamkos s’est amené dans la mêlée, les cinq joueurs du CH étaient sur la patinoire depuis plus de 90 secondes. Ce qui a mené au but de Braydon Coburn.

Le match en un coup d'œil

En hausse : Brett Kulak

Est-ce que Brett Kulak a disputé son meilleur match à titre de membre du Canadien ? Fort possible.

En baisse : Jesperi Kotkaniemi

Il a été l’attaquant le moins utilisé par l’entraîneur-chef Claude Julien (seulement 12 min 43 s de temps de jeu) et en plus, il a fini le match comme ailier sur le quatrième trio. Dure soirée.

Le chiffre du match : 19 min 40 s

Le temps de jeu de Shea Weber. Depuis qu’il est avec le Canadien, c’est seulement la troisième fois que Weber n’atteint pas la barre des 20 minutes.