(Bathurst, Nouveau-Brunswick) À pareille date l’an dernier, l’option la plus réaliste pour occuper le poste de troisième centre du Canadien, derrière Max Domi et Phillip Danault, était Tomas Plekanec.

Peu à peu, Jesperi Kotkaniemi a démontré qu’il était prêt à occuper ce rôle, parce qu’il y apportait nettement plus d’attaque que Plekanec. En deux semaines, le jeune a supplanté le vétéran.

Nous voici un an plus tard, avec Ryan Poehling dans les souliers de Kotkaniemi. Et Nate Thompson dans ceux de Plekanec. La scène où s’est déroulé le premier acte était également différente ; remplacez le Centre Bell par l’intime K.C. Irving Centre. Et l’enjeu est le poste de quatrième centre, plutôt que de troisième.

Mais le principe est le même : la recrue doit démontrer en quoi elle serait plus utile que le vétéran, dont on connaît déjà la valeur.

Hier, Poehling a fait un premier pas dans la bonne direction. Le choix de premier tour du Canadien en 2017 a été au cœur de la victoire de 4-3 sur les Panthers de la Floride.

Toute la soirée, Poehling a joué comme un vétéran. Il s’est impliqué physiquement, a couvert les arrières de ses défenseurs quand ils s’aventuraient et ne se gênait pas pour diriger la circulation avant les mises en jeu. Combien de fois l’a-t-on vu donner des instructions aux défenseurs ou à ses ailiers ?

« Ça facilite le travail de tout le monde. C’est bien qu’il ait déjà la confiance de le faire », a observé Jeff Petry après la rencontre.

Ça, ce sont des aspects que Thompson peut lui aussi apporter au CH. C’est pourquoi il a tant aidé l’équipe en fin de parcours l’an dernier.

Mais le doyen du Canadien n’est pas un joueur offensif. Il ne l’a jamais été non plus, comme en fait foi son sommet personnel de 10 buts en une saison. Alors des jeux comme celui que Poehling a réussi hier, soit de sortir une jolie feinte pour préparer le but gagnant d’Alex Belzile, en désavantage numérique en plus, on voit mal Thompson en réussir.

J’ai juste été au filet, et Ryan a fait tout le jeu. Plusieurs joueurs auraient marqué ce but.

Alex Belzile

Ce n’est qu’un match hors concours, mais Poehling avait également montré de belles choses lors du tournoi des recrues à Belleville. Il sera maintenant intéressant de suivre sa progression à mesure que les équipes présenteront des formations plus complètes pendant le calendrier préparatoire.

Fleury aussi

Dans un match où la majorité des vétérans du Tricolore semblaient particulièrement rouillés, ce sont des jeunes comme Poehling et Jake Evans qui se sont le plus illustrés. En défense, le titre revient assurément à Cale Fleury.

Comme Poehling, Fleury a lui aussi une certaine chance de décrocher un poste. Ses chances semblaient minces il y a une semaine, mais sa bonne tenue, combinée à la blessure à Noah Juulsen, ouvre des possibilités.

Théoriquement, son rival à battre est maintenant Christian Folin, qui était le droitier employé au sein du troisième duo en fin de saison dernière. Les principales qualités de Folin sont son gabarit et sa robustesse. Qu’a fait Fleury hier ? Il s’est montré menaçant le long des rampes, distribuant plusieurs bons coups d’épaule.

[Cale] Fleury continue à jouer des matchs très solides. C’est plaisant de voir ça.

Claude Julien

Ce troisième défenseur droitier sera appelé à jouer avec Brett Kulak, qui se démarque surtout par son coup de patin. Sachant que Julien aime jumeler un défenseur mobile et un défenseur robuste, Fleury a intérêt à tenir son bout physiquement. S’il y parvient, il se donnera toutes les chances de supplanter Folin, et de rajeunir la défense du Canadien. Il démontrerait son utilité.

Comme pour Poehling, il faudra lui aussi le revoir contre une formation plus complète. Mais le fait qu’il ait disputé les deux premiers matchs préparatoires du Tricolore laisse croire qu’il aura toutes les chances de se faire valoir.

Prochain match : Panthers de la Floride c. Canadien, ce soir à 19 h au Centre Bell

PHOTO ANDREW VAUGHAN, LA PRESSE CANADIENNE

Paul Thompson et Otto Leskinen

« Donnons crédit aux jeunes »

Il ne faut pas oublier que des joueurs, peut-être des vétérans, essaient de se remettre en forme plus lentement que les gars qui veulent se faire voir. Au bout du compte, vers la fin des matchs présaison, tu es capable de voir les vraies couleurs de tout le monde. Donnons crédit aux jeunes, qui ont été probablement nos meilleurs joueurs.

Claude Julien

Notre trio a bien joué, on avait une bonne communication. On apporte des éléments différents. Matthew Peca était rapide et intelligent, et Alex Belzile protégeait bien la rondelle. Ils m’ont facilité la tâche.

Jake Evans

Le match des Rouges contre les Blancs, on affrontait des joueurs qui connaissent notre système. C’était bien de jouer contre d’autres joueurs et de savoir sur quoi on doit travailler.

Jeff Petry, à son premier match avec Ben Chiarot

J’aime tirer au but. La plupart des défenseurs aiment ça ! Ma puissance est bonne, mais je dois m’assurer que la rondelle se rende au filet chaque fois.

Cale Fleury

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois, La Presse

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Ryan Poehling

Dans le détail

Poehling aurait-il dû être examiné ?

Ryan Poehling a connu tout un match, mais sa soirée a bien failli prendre fin en deuxième période, quand il a été ébranlé par une mise en échec de Dryden Hunt. Sa tête a cogné durement la baie vitrée. Poehling est rentré au banc péniblement, en grimaçant et en se prenant la tête avec les mains. Pour l’heure, il semble s’en être tiré indemne, a terminé le match en force et a accordé des entrevues après la rencontre. Toutefois, le protocole de la LNH exige qu’un joueur soit évalué s’il montre des signes de commotion cérébrale. Or, marcher à quatre pattes, grimacer et se tenir la tête ne sont pas exactement des signes de santé. Pourtant, trois minutes plus tard, Poehling était de retour sur la patinoire. Il incombe aux équipes de retirer leurs joueurs pour évaluation médicale en cas de soupçons de commotion. Des observateurs de la LNH postés à New York peuvent également exiger d’une équipe qu’elle évalue un joueur. N’aurait-il pas dû être évalué ?

Une belle histoire

Tomas Tatar était l’attaquant le plus âgé parmi les joueurs du Canadien en uniforme hier. Après lui ? Deux morceaux de robot si vous avez répondu Alex Belzile. Malgré ses 28 ans, le Québécois en était seulement au deuxième match préparatoire dans la LNH de sa carrière. Et il a joué avec la fougue d’un joueur pleinement reconnaissant de la chance qu’il obtient. De l’intensité à tout coup, de jolies passes précises (dont une pour préparer le but de Matthew Peca), de la pression en désavantage numérique, qui a mené à son but gagnant. Belzile roule sa bosse dans la Ligue américaine depuis quelques années, en ECHL avant cela. Il n’a pas encore joué de « vrai » match en LNH, mais ses progrès depuis son arrivée dans l’organisation montréalaise, à l’été 2018, inciteront peut-être l’état-major à se tourner vers lui s’il y a quelques blessures à l’avant.

Une nouvelle tâche pour Huberdeau ?

Les avantages numériques contre les Panthers ne seront pas de tout repos, cette saison, si Joel Quenneville poursuit l’expérience qu’il a tentée hier. L’entraîneur-chef a en effet réuni Jonathan Huberdeau et Aleksander Barkov en désavantage numérique. Barkov était déjà employé dans ces situations par le passé, mais pas Huberdeau. Et le duo dynamique des Panthers a fait des flammèches pendant les deux supériorités numériques du CH en deuxième période. Les unités à quatre attaquants et un défenseur sont à la mode dernièrement dans la LNH. Mais contre un tel duo, les équipes oseraient-elles vraiment courir ce risque ? À surveiller en début de saison, si Quenneville poursuit l’expérience.

En hausse : Jake Evans

Il a marqué le but gagnant lundi, mais il s’était dit insatisfait de son match en général. Il a répondu avec une performance inspirée.

En baisse : Jesperi Kotkaniemi

L’an passé, le Finlandais avait marqué à son premier match préparatoire, le premier pas de ce qui a été un excellent camp. Hier, il ressemblait plutôt au Kotkaniemi maladroit du tournoi des recrues 2018.

Le chiffre du match : 3

À son premier match préparatoire avec sa nouvelle équipe, Ben Chiarot était sur la patinoire pour les trois buts accordés par le Canadien. Il n’a pas joué un match aussi horrible que ne le laisse croire la statistique, mais il aurait sans doute souhaité un meilleur départ.