Nate Thompson a 34 ans, même s’il semble parfois plus près d’en avoir 21. C’est la seule manière d’expliquer comment il a pu si rapidement s’intégrer à un groupe de joueurs qui a une décennie de moins que lui.

Tenez, par exemple, quelques jours après la saison, il partait pour Coachella, happening de musique et d’art californien, avec Max Domi et Tomas Tatar. Le grand frère du trio ne trahissait pas son âge dans la mer de festivaliers dans la jeune vingtaine. Il explique que Domi a tout organisé. Il s’est joint au groupe puisque l’événement se tenait près de chez lui, à Los Angeles. Pourquoi pas ?

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Nate Thompson, Max Domi et Tomas Tatar, en route vers le festival Coachella, plus tôt cet été

Il était presque logique, donc, qu’on parle de la prochaine saison assis dans un des divans de l’Esports Central Arena, incontournable repaire montréalais des amateurs de jeux vidéo. Il y était pour participer à une collecte de fonds pour l’Hôpital général de Montréal pour enfants.

Thompson reconnaît qu’il n’est lui-même pas un grand joueur. Il est resté coincé à l’époque du Nintendo 64 et des premières versions de Mario Kart. N’empêche, il espérait ainsi se familiariser un peu avec les nouveaux produits, question de se fondre encore mieux dans la masse.

« Pas mal tout le monde joue à Fortnite [le jeu vidéo en ligne] dans l’équipe, reconnaît-il. Des fois, j’arrive dans le vestiaire et les autres parlent de leurs parties de Madden ou de Fortnite. C’est comme s’ils parlaient une autre langue. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils racontent. Peut-être qu’après aujourd’hui, je pourrai me joindre à eux. »

Thompson parle d’ailleurs de lui-même comme d’un grand enfant.

Je fais souvent la blague que je suis une recrue de 34 ans.

Nate Thompson

Et c’est probablement d’ailleurs en partie grâce à sa personnalité de « jeune » vétéran qu’il a trouvé le moyen de revenir avec le Canadien de Montréal l’an prochain. Marc Bergevin a d’ailleurs réglé le dossier spectaculairement vite, au 25 avril. Un an, 1 million, pas de flafla. Thompson n’a pas hésité un instant.

« Je voulais revenir, ils voulaient que je revienne. Oui, c’était plus rapide que je pensais. J’étais heureux. C’était évident que si Montréal voulait que je revienne, ça n’allait pas être long. Tout a été très fluide. Le Canadien est promis à un bel avenir. C’était logique. J’ai adoré mon séjour avec le Canadien. »

Le rôle

Il avait d’ailleurs clairement révélé ses intentions au bilan, soulignant qu’il lui restait encore beaucoup à donner. Cela dit, quel rôle aura Nate Thompson ? Le Canadien ne manque pas de profondeur, et il reste toujours la possibilité que les Ryan Poehling et Nick Suzuki se joignent au grand club à l’issue du camp. Ce qui laisserait à Thompson, au mieux, un rôle de soutien.

Sauf que sa présence au sein de l’équipe ne se résume de toute évidence pas aux points ou aux coups d’éclat sur la glace. Thompson n’a atteint le plateau des 10 buts qu’une fois dans sa carrière, il y a presque 10 ans. L’an dernier, c’était 5 buts et 8 aides en 78 matchs partagés entre les Kings et Los Angeles et le Canadien.

En revanche, il a fait honneur à sa réputation au cercle des mises en jeu (55,1 % de succès) et a incarné l’identité que Claude Julien voulait donner à son quatrième trio. Surtout, et Julien l’a souvent rappelé, il a apporté au groupe une solide dose d’expérience. Celle qui vient avec près de 700 matchs dans la LNH, avec de bons parcours en séries.

Celle qui s’acquiert aussi au fil des épreuves personnelles. Thompson célébrera d’ailleurs le mois prochain ses trois ans à jeun.

Ce n’est pas chaque équipe qui atteint une telle cohésion entre les générations. C’est pour cette raison que l’on a connu une belle année, même sans participer aux séries. Il y a une belle chimie et on croit en ce groupe.

Nate Thompson

« J’essaie de rester moi-même, d’avoir du plaisir, mais c’est sûr que les jeunes se tournent vers moi parfois pour des conseils. S’ils veulent me poser des questions, ou s’ils veulent que je montre l’exemple, c’est parfait. Plus tu vieillis, plus on compte sur toi pour le faire. C’est aussi ça, mon rôle. »

Reste qu’il y a la possibilité bien réelle que Thompson soit le 13e attaquant à l’issue du camp. Il a fait de son mieux cet été pour éviter un tel sort. Il a perdu du poids pour être plus rapide, a entretenu sa condition physique pour éviter les blessures. Il a travaillé « fort et intelligemment », comme il le dit. Il a aussi ajouté la méditation à sa routine quotidienne. Dix minutes, pour faire le vide.

« L’aspect physique est important, l’aspect mental aussi. Tu te sens plus énergique après. L’esprit est très puissant. Si tu as le bon état d’esprit, tout fonctionne mieux. »

Et si, malgré tout, il devait être le 13e attaquant ?

« Je vais être positif dans le vestiaire, peu importent les décisions de l’entraîneur. L’entraîneur va prendre des décisions pour que l’équipe gagne et je vais les accepter. »