Quand Ryan Poehling est revenu à Montréal en août dernier, il s’est installé en appartement au centre-ville avec Josh Brook. On a vu les deux jeunes hommes, tout sourire, au spectacle de Shawn Mendes au Centre Bell. Ils arboraient en prime un chandail à l’effigie du célèbre chanteur.

La conjointe de Xavier Ouellet, Liz Ann, s’est permis une petite fantaisie en commentant ainsi leur amitié : «#couplegoals». Objectifs de couple. Pour rire, pour montrer aussi cette fratrie qui se développe chez les espoirs de premier plan du Canadien de Montréal.

Quelques jours plus tôt, Ouellet avait assuré son rôle de capitaine du Rocket de Laval en invitant Poehling et Brook à souper.

«On s’est beaucoup amusés. C’est comme ça je crois que sa conjointe a eu l’idée de faire la blague», explique Poehling en éclatant de rire.

Au cours des derniers jours, on a aussi vu sur Instagram Poehling passant un agréable moment avec Brook, Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi.

Brook raconte l’évolution imprévisible de la journée.

«Ce sont des gars incroyables, a dit le tranquille défenseur (très très tranquille, doit-on ajouter). On a eu beaucoup de plaisir tous ensemble. On s’est parlé le matin, on a décidé d’aller dîner ensemble. Puis d’une chose à l’autre, on est allés jouer au tennis en après-midi. Finalement on est aussi allés souper. C’était bien.»

Une journée comme les autres, en apparence, mais il faut creuser un peu plus. Ce groupe de jeunes espoirs développe tranquillement une chimie. Ils sont conscients de ce qui s’en vient. Kotkaniemi est déjà dans la LNH, les trois autres devraient y parvenir plus tôt que tard. Si le Canadien est appelé à retrouver sa gloire d’antan, ils y seront pour beaucoup. Poehling a tout compris.

BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Ryan Poehling a inscrit un tour du chapeau lors du dernier match du Canadien la saison dernière.

«Moi et Jake Evans avons vécu ensemble en juin, a expliqué Poehling. Quand je suis revenu en août, j’ai vécu avec Josh Brook. Je m’entends bien avec ces joueurs. Suzuki est arrivé il y a une semaine et on se tient beaucoup ensemble. C’est bien d’apprendre à les connaître personnellement. On va se côtoyer, on l’espère, pour encore plusieurs années.

«C’est ça la partie la plus importante. Nous sommes un jeune noyau qui grandit ensemble. C’est bien que l’on soit amis. Si on peut bâtir une relation personnelle, ça rendra le hockey encore plus agréable et encore plus simple. »

Dans la vie de tous les jours, Poehling explique qu’il ressort de sa colocation avec Brook un meilleur cuisinier. Les deux ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient autour des casseroles et du garde-manger, c’est maintenant chose du passé. Mais comme on l’expliquait plus haut, c’est tellement plus que ça. C’est la fondation de l’équipe de demain, un espoir à la fois.

Avec le Canadien?

Josh Brook, de toute évidence, est bourré de talent. Il devra toutefois connaître tout un camp pour faire sa place à la droite avec le grand club, derrière Shea Weber, Jeff Petry et Noah Juulsen, ou encore Christian Folin. Surtout que le Canadien n’aurait aucun intérêt à le garder comme 7e défenseur avec le Canadien s’il peut se développer beaucoup plus vite comme premier défenseur du Rocket.

ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Josh Brook

Conséquemment, Brook est réaliste.

«Je veux m’approcher aussi près que possible de la LNH.»

Puis, il y a Poehling. Il a distribué les faire-part lors du dernier match de la dernière saison avec trois buts. Tout le monde, sur toutes les tribunes, a depuis cherché à calmer les attentes. Après tout, il termine une carrière universitaire intéressante, sans non plus être transcendante. Et même Wayne Gretzky n’a jamais fait mieux que 92 buts en une année.

N’empêche, l’entraîneur du Rocket Joël Bouchard a vu bien au-delà de la simple statistique dans l’unique match du jeune attaquant.

«Ses trois buts ont été inscrits de la manière dont il doit jouer. S’il avait marqué trois buts avec des séquences à l’emporte-pièce à la Guy Lafleur, je vous aurais dit que ce n’était pas réaliste. Il était à la bonne place au bon moment, il a pris de bons tirs. C’est un jeune homme calme et intelligent qui réalise ce qu’il a à faire.»

Ce qui amène la question logique : Poehling fera-t-il sa place avec le Canadien cette saison? Il y a des postes disponibles. Les Nate Thompson ou Nick Cousins, par exemple, ne sont pas indélogeables. Loin de là. Poehling est un joueur de centre de bon gabarit, et il n’a pas réduit en masse musculaire durant l’été.

«Je crois être dans la meilleure forme possible, a convenu l’Américain de 20 ans. C’est de la pression (de savoir que je pourrais me joindre au Canadien), mais les athlètes doivent aimer ça. Les meilleurs sont ceux qui gèrent le mieux la pression. Surtout à Montréal, où tout le monde aime le hockey. Ça ajoute à la pression, mais c’est dans cette pression que les vrais athlètes vont émerger.»

Il a certainement déjà la bonne mentalité pour faire un bout de chemin à Montréal. Mais debout dans le coin d’un vestiaire, entouré de journalistes, c’est une chose de le dire. Même s’il l’a fait avec un aplomb remarquable. C’en est une autre de le faire sur la glace. C’est pour ça que le camp existe.