Le premier tour des séries de la LNH est maintenant terminé. Le meilleur mot pour le décrire ? Attendez, je cherche la touche pour les majuscules. Ah, la voilà.

INCROYABLE.

Et peut-être plus encore que vous ne l’imaginiez. Prenez le temps de bien avaler votre gorgée de café. Sinon, vous risquez de la recracher dans quelques secondes.

Commençons par le match ultime entre les Golden Knights de Vegas et les Sharks de San Jose, disputé dans la nuit de mardi à hier. Un match fou. Les Golden Knights menaient par trois buts avec environ dix minutes à jouer. Une situation idéale. D’ailleurs, jamais les Golden Knights n’avaient laissé filer une telle avance depuis leur arrivée dans la LNH.

Puis Cody Eakin a écopé d’une pénalité majeure pour un double échec à la poitrine de Joe Pavelski. L’arbitre a ajouté 10 minutes pour conduite antisportive. Donc 15 minutes. Soit une minute de moins que le temps passé au cachot par Eakin en 78 matchs cette saison.

Réaction des Sharks ? Quatre buts en quatre minutes et une seconde. Tous pendant la même supériorité numérique. Un record (égalé) pour une seule pénalité. C’est déjà impressionnant. Mais attendez de connaître la suite.

· Les Sharks ont réussi l’exploit pendant que leur meilleur compteur en supériorité numérique était à l’infirmerie. Qui ? Joe Pavelski, bien sûr. Auteur de 12 buts cette saison avec un avantage d’un joueur.

· En l’absence de Pavelski, Kevin Labanc a pris les choses en main. Il a inscrit quatre points. Un record pendant une seule pénalité. Il est aussi devenu le premier joueur à marquer quatre points en une période dans un septième match des séries éliminatoires.

· Quatre buts en supériorité numérique, c’est beaucoup ? C’est autant que les Flames de Calgary ou les Islanders de New York entre le 1er mars et la fin de la saison. En 18 et 19 matchs, respectivement. Petit rappel : les deux clubs se sont qualifiés pour les séries.

· Les Sharks ont maintenant un taux d’efficacité de 23,5 % en supériorité numérique dans les présentes séries. C’est bien. Mais c’est inférieur aux Bruins de Boston. Au premier tour, ils ont marqué dans 43,8 % de leurs occasions. Au deuxième rang des meilleurs taux de l’histoire des séries. Derrière qui ? Le Canadien des années 70 ? Les Oilers d’Edmonton des années 80 ? Non. Les Blue Jackets de Columbus de 2019, auteurs de cinq buts en dix occasions.

Après ces quatre buts, les Sharks prenaient l’avance 4-3. Mais ce n’était pas terminé. Jonathan Marchessault a créé l’égalité avec une minute à disputer. Les deux équipes se sont retrouvées en prolongation. Et parmi tous les joueurs, lequel a compté le but gagnant ? Barclay Goodrow. Un joueur de quatrième trio. Le Jordan Weal des Sharks.

PHOTO STAN SZETO, USA TODAY SPORTS

Barclay Goodrow (23) a marqué le but qui a éliminé les Golden Knights de Vegas dans la nuit de mardi à hier.

C’était son 215match dans la LNH, saison et séries comprises. Devinez combien de buts en prolongation le héros du jour avait réussis auparavant ?

Zéro.

Discutons maintenant des sept autres séries. Elles ont aussi donné lieu à des imprévus spectaculaires. À en faire exploser votre cerveau.

Si vous participez à un pool des séries, vous savez déjà que les clubs favoris de chaque association — les Flames et le Lightning de Tampa Bay — sont en vacances. Un résultat inédit ; c’était la première fois de l’histoire que les deux premières têtes de série étaient éliminées d’entrée de jeu.

· La sortie du Lightning a été particulièrement surprenante. L’équipe venait de remporter le trophée des Présidents, remis à la meilleure formation pendant la saison. Savez-vous combien de fois le gagnant de ce trophée a été balayé au premier tour ? Je pense que vous avez compris le concept. C’était la première fois.

· Les entraîneurs insistent sur l’importance de remporter les mises en jeu. Les centres des Flames ont saisi le message. Ils ont gagné 59,2 % de leurs duels. C’est le taux de réussite le plus élevé en séries depuis que la LNH comptabilise ces données (1998). Avec le résultat que l’on connaît. L’Avalanche du Colorado en cinq.

· Au jour de l’An, les Blues de St. Louis occupaient le dernier rang de la LNH. Les Jets de Winnipeg, eux, trônaient en tête de l’Association de l’Ouest. Évidemment, autour du plat de sauce aux atocas, tout le monde prédisait que quatre mois plus tard, les Blues élimineraient les Jets en six matchs…

· Le gardien des Blues, Jordan Binnington, est au cœur des succès de son équipe. Même chose pour Philipp Grubauer (Avalanche) et Robin Lehner (Islanders). Les trois ont une fiche combinée de 12-3 et un taux d’arrêt de ,932 au premier tour. Savez-vous combien de matchs des séries les trois gardiens avaient remportés avant cette année ? Un seul (Grubauer en 2015). 

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, USA TODAY SPORTS

Philipp Grubauer, de l’Avalanche du Colorado

· Dans les séries, il faut saisir les occasions. Profiter au maximum de son temps de jeu. Ce qu’ont fait Jordan Eberle (Islanders) et Matt Duchene (Blue Jackets) au premier tour. Eberle a maintenu une moyenne de 3,84 buts par période de 60 minutes jouées. C’est — et de loin — la meilleure moyenne en séries depuis que la LNH a commencé à comptabiliser cette statistique, il y a 10 ans. Et Duchene ? Il a fait encore mieux. Sa moyenne de points par tranche de 60 minutes jouées est de 6,72. Soit un point de plus que la moyenne qui vient au deuxième rang des meilleures enregistrées par la LNH (Jake Guentzel en 2018).

· Jake Gardiner, défenseur des Maple Leafs, participait à un match ultime pour la troisième fois de sa carrière, mardi soir. Son différentiel dans ces trois matchs ? – 10. Un record de médiocrité. Ce qui lui a valu un joli surnom hier matin dans le Toronto Sun : « Monsieur Minus ».

Le deuxième tour commence ce soir. Que nous réserve-t-il ? Je n’ose plus parier contre rien. Pas même un tour du chapeau d’un gardien.