Les parallèles entre le Canadien et les Sénateurs, qui s'affrontent ce soir à Ottawa, sont nombreux.

Ce sont deux équipes que plusieurs voyaient se battre pour le premier choix au prochain repêchage, mais qui connaissent finalement des débuts de saisons inespérés. Ce sont aussi deux équipes qui ont procédé à une refonte majeure au cours de l'été. 

Surtout, la ressemblance entre le Canadien et les Sénateurs tient en cette réponse de Guy Boucher sur la fiche des Sénateurs, trois victoires, deux défaites et une défaite en prolongation.

« Je ne ressens pas de soulagement. Ma job, c'est tous les jours. Je ne peux pas être satisfait, trop en avant ou trop en arrière. C'est maintenant. Est-ce que je suis content de l'attitude des joueurs ? Oui. L'éthique de travail, la discipline, c'est exceptionnel depuis le début. La façon dont c'est géré par les joueurs hors de la glace, c'est phénoménal aussi. Tout ça fait partie d'un bon début de culture. Mais c'est long une année. En ce moment, ce qui est important est de repartir notre culture de la bonne façon, et elle est repartie de la bonne façon. Là-dessus, je suis content, mais je ne suis pas satisfait. Un coach c'est très dur à satisfaire au maximum parce que tu as toujours des choses à améliorer. On a beaucoup de travail à faire encore. »

La recherche d'une « nouvelle culture », essentiellement l'idée de Marc Bergevin, qui avait pour sa part plutôt parlé de « changement d'attitude ».

Le DG des Sénateurs Pierre Dorion a travaillé fort cet été. Il a dû naviguer entre les sautes d'humeur du propriétaire Eugene Melnyk (et ses vidéos malaisantes avec Mark Borowiecki). Il a commencé par régler le différend acrimonieux entre deux de ses vedettes, Mike Hoffman et Erik Karlsson, en échangeant Hoffman aux Sharks de San Jose. Rappelons que selon les allégations, la conjointe de Hoffman aurait harcelé celle de Karlsson sur les réseaux sociaux, notamment au sujet de son enfant mort-né.

Ensuite, Dorion a bouclé le dossier Karlsson, dont tout indiquait qu'il changerait d'adresse plutôt que de signer une spectaculaire prolongation de contrat avec les Sénateurs.

Trois joueurs de la formation actuelle des Sénateurs découlent de ces transactions : Mikkel Boedker, Dylan DeMelo et Chris Tierney.

« Tierney a un bon sens de l'humour, une bonne attitude, a dit Boucher. C'est un soldat. Il veut savoir ce que je veux et il le fait tout de suite. Même chose pour Beodker et DeMelo, ils ont une excellente attitude. On a amélioré la culture et Tierney y est pour beaucoup. »

Place aux jeunes

Pour vous donner une idée de la refonte de l'équipe, seulement neuf joueurs qui étaient dans la formation des Sénateurs au premier match la saison dernière étaient également en uniforme au premier match cette saison.

Ce qui signifie que des jeunes prennent désormais toute la place. On vous parlait ce matin en long et en large du défenseur Maxime Lajoie, il y a aussi le défenseur Thomas Chabot qui se retrouve désormais avec plus de responsabilités. Il est devenu le quart-arrière de l'avantage numérique, et domine le classement des marqueurs des Sénateurs avec 8 points en 6 matchs.

« C'est une nouvelle saison, peu importe ce qui est arrivé la saison passée, a dit le Beauceron. Depuis le début du camp, on veut travailler sur notre attitude et notre éthique de travail et depuis le début on est satisfaits de notre effort. Mais on continue en tant que groupe de s'améliorer de jour en jour. »

Tiens, Chabot lui ne se donne même pas la peine de trouver un autre mot que celui popularisé par Marc Bergevin. Il parle directement d'attitude, raison de plus pour dresser un parallèle entre les Sénateurs et leur adversaire du jour.

« C'est un 180 par rapport à l'année passée. Les gars dans la chambre, on s'entend tous bien et on a une bonne chimie et ça paraît sur la patinoire. On a tous le goût de pratiquer et d'avoir du plaisir. Alors quand on embarque sur la glace pour les matchs, ça nous aide à travailler l'un pour l'autre. »

Contraste intéressant avec l'ancien des Sénateurs Alex Burrows, qui avait admis cet été, avant de devenir entraîneur adjoint du Rocket de Laval, que la tension entre Hoffman et Karlsson était devenue « l'éléphant dans la pièce ».

Plus que les points, Chabot se retrouve désormais à jouer plus de 20 minutes par match, avec les responsabilités défensives qui viennent avec le fait d'être un défenseur numéro un dans la LNH. Sur cet aspect précis, le jeune homme de 21 ans, du haut de ses 70 matchs d'expérience, a encore beaucoup à apprendre.

« On n'a pas le choix (de lui faire confiance défensivement), reconnaît Boucher. On le fait depuis le début. On est rendus là, on ne s'en cache pas. C'est défensivement qu'on a besoin de temps, autant avec nos jeunes attaquants qu'avec les nouveaux défenseurs. C'est une défensive très jeune et peu expérimentée. On essaie de répartir la pression sur plusieurs joueurs, pas juste sur Chabot. Je suis convaincu qu'à long terme, tous ces joueurs vont être bons des deux sens de la patinoire, mais on n'achète pas l'expérience. »