Maxime Lajoie est l'une des grandes surprises de ce début de saison. À quel point ? vous demandez-vous.

« Mes amis qui font des pools de hockey viennent de commencer à me repêcher. Ils ne l'avaient même pas fait avant ! Ce sont des bons chums ! »

Tout est là. Même ses meilleurs amis l'avaient ignoré dans leur pool. Même pas une sélection sans risque au 25e rang, pour lui faire une fleur. Rien du tout. Ceci dit, Lajoie admet d'emblée qu'il n'aurait pas misé sur lui-même.

Mais les choses ont changé, en six petits matchs au cours desquels il a inscrit quatre buts et trois aides. Il est désormais utilisé en avantage numérique, en désavantage numérique, en moyenne 20 minutes par match. Rien à voir avec le défenseur qui avait marqué une seule fois en 56 matchs la saison dernière dans la Ligue américaine.

« C'est un peu dur à croire, surtout avec mes chiffres de l'an dernier. J'imagine que cette année, je me retrouve souvent à la bonne place et au bon moment. » - Maxime Lajoie

« J'ai du plaisir à jouer avec cette équipe. Nous pouvons faire des jeux et appuyer l'attaque. Les défenseurs n'hésitent pas à sauter en territoire adverse. »

Lajoie, 20 ans seulement, est très à l'aise devant les journalistes. Il parle de choses et d'autres, n'hésite pas à dévoiler des grands pans de sa vie. Il est né à Québec avant que sa famille déménage à Montréal quand il n'avait que 2 ans. Il a ensuite vécu à Oakville, près de Toronto, avant de s'établir à Calgary quand il avait 7 ans. La famille bougeait souvent en raison du travail de son père, qui a été gestionnaire aux ventes pour diverses entreprises alimentaires comme Heinz, Van Houtte ou Keurig.

« Ça fait presque 15 ans que nous habitons à Calgary. À la maison, nous parlons en français. J'ai fréquenté une école française à Calgary jusqu'à la neuvième année. Pour les 10e, 11et 12e années, je suivais des cours de français en option. C'était facile. J'ai grandi dans les deux langues. »

Ses parents étaient dans les gradins à Ottawa quand il a marqué son premier but dans la LNH, contre les Blackhawks de Chicago, lors de la première période de son premier match. Matt Duchene lui a fait une passe de derrière le filet adverse et Lajoie, qui avait quitté sa position à la ligne bleue, a battu Cam Ward (oui, Cam Ward est maintenant à Chicago). L'image a fait le tour de la ligue, ses deux parents émus aux larmes de voir leur fils vivre son rêve.

« J'ai vu l'image. J'ai aussi vu mes parents après le match. Ma mère était encore émotive. C'était beau pour eux. Ils ont fait tellement de choses pour moi. J'étais heureux de partager ce moment avec eux. Oui, j'ai fait pleurer mon père. Il avait aussi pleuré la semaine d'avant quand je lui avais dit que je faisais l'équipe à Ottawa. »

OFFENSIF

Voici pour la belle histoire de Lajoie. Côté hockey, comment le défenseur québécois s'est-il révélé une arme offensive après une carrière jusqu'ici assez sobre ?

On l'a dit un peu plus tôt, un seul but et 14 aides la saison dernière dans la Ligue américaine. C'était un peu mieux lors de son stage junior, à Swift Current, où il a connu des saisons de 41, 37 et 42 points, mais sans jamais faire mieux que huit buts.

« L'an dernier, je voulais continuer à m'améliorer défensivement et je devais m'habituer à jouer contre de gros joueurs qui sont plus rapides. Je n'ai pas reçu un rôle offensif. Après la moitié de l'année, j'ai fait quelques présences en supériorité numérique. »

Pour son entraîneur Guy Boucher, c'était surtout une question de temps.

« Son nombre de points peut surprendre certains individus, mais quand tu regardes son jeu, j'ai vu il y a deux ans que c'était un gars qui serait capable de jouer de cette façon-là. Te dire que ça arriverait maintenant, ça aurait pris un devin pour le savoir. Mais qu'un jour il aurait été capable de faire ça, j'aurais pu te le dire. »

« Ça fait deux ans que je suis un grand fan de ce joueur-là. Qu'il arrive là ne me surprend pas, mais si vite, il faut être franc, c'est plus vite que prévu. »

À sa décharge, les Senators de Belleville ont été un fiasco offensif la saison dernière : 26es sur 30 pour les buts marqués, et évidemment exclus des séries. En fait, il faut se rendre au 189e rang du classement des marqueurs de la Ligue américaine avant de trouver le premier représentant de l'équipe. Filip Chlapik avait obtenu 32 points en 52 matchs. Un seul joueur, Gabriel Gagné, avait fracassé le plateau mythique des 15 buts au terme d'une saison où l'entraîneur Kurt Kleinendorst a été congédié.

Les pronostics étaient sombres pour les Sénateurs d'Ottawa cette saison, après un été marqué par les péripéties hors glace, du dossier Mike Hoffman à celui d'Erik Karlsson, en passant par les sautes d'humeur du propriétaire Eugene Melnyk. Force est d'admettre qu'il y a quand même des sources d'espoir un peu partout, et Maxime Lajoie est certainement l'une d'elles. D'ailleurs...

« J'ai vu qu'il y a des gens qui commencent à me choisir dans des pools, a reconnu Lajoie en riant. J'ai maintenant plus de pression pour continuer à produire ! C'est pas mal drôle. »