Huit ans déjà, et l'échange de Ryan McDonagh aux Rangers de New York en retour de Scott Gomez est toujours d'actualité.

Avec le départ d'Andrei Markov, doublé de celui du décevant Nathan Beaulieu, et les difficultés rencontrées par les candidats à la succession de Markov, hormis le jeune de 19 ans Victor Mete, les problèmes du Canadien du côté gauche de la défense sont toujours aussi criants.

Et si cette triste transaction n'avait pas eu lieu? Et si McDonagh était le capitaine du Canadien et non pas des Rangers? L'homme qui a fait l'échange a-t-il des regrets?

Bob Gainey, à Montréal hier soir à l'occasion du lancement du livre du confrère Bertrand Raymond, prend une pause avant de répondre à la délicate question de La Presse.

«C'est sûr qu'après les faits, c'est plutôt difficile d'affirmer que je ferais la même chose. Et il est presque impossible de récréer des situations. C'était l'année du 100e anniversaire du Canadien. Nous avions besoin d'un joueur de centre. N'est-ce pas d'ailleurs encore une situation familière ici? Dans le contexte du centenaire, il était important que l'équipe ait une chance d'avoir des résultats. On avait l'occasion de mettre la main sur un joueur de centre qui avait gagné la Coupe Stanley. On a parié et on a perdu.»

L'ancien DG du Canadien avait cédé Christopher Higgins, Ryan McDonagh, alors avec l'Université du Wisconsin, dans la NCAA, Doug Janik et Pavel Valentenko aux Rangers pour Gomez, Michael Busto et Tom Pyatt.

Le CH avait besoin d'attaquants pour pallier la perte de Saku Koivu, Alex Kovalev, Robert Lang et Alex Tanguay, dont on n'avait pas renouvelé les contrats.

En plus de Gomez, Gainey avait embauché Michael Cammalleri et Brian Gionta sur le marché des joueurs autonomes. Gomez a tout de même obtenu 59 points cette année-là, et le Canadien, mené par un brillant Jaroslav Halak, a atteint le carré d'as en séries éliminatoires.

Mais les performances de Gomez allaient vite péricliter par la suite - 38 points la saison suivante, 2 buts et 11 points un an plus tard - avant que son contrat soit racheté en 2012.

McDonagh, 28 ans, un choix de premier tour du Canadien en 2007, entame sa huitième saison avec les Rangers et demeure leur défenseur numéro un depuis plusieurs saisons.

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Fièvre du hockey

Gainey se réjouit de constater que sous son règne, la fièvre du hockey à Montréal a repris.

«Je faisais partie d'un groupe, et pas juste au sein des opérations de hockey, qui a contribué à amener une nouvelle génération qui assistait aux matchs, qui sont devenus de fiers supporteurs. Parce qu'à mon arrivée, l'équipe avait vécu une vague d'impopularité. Sur le plan du hockey, ma plus grande fierté, ce n'est pas un échange, mais une époque où l'équipe a traversé de belles périodes. Il y a une de ces années où Guy Carbonneau était entraîneur-chef. Parmi mes plus grands regrets, c'est de ne pas avoir gagné la Coupe Stanley, alors que j'étais venu à Montréal dans ce but.»

Gainey, 63 ans, a quitté l'organisation du Canadien en 2012. Il a accepté un poste de consultant chez les Stars de Dallas il y a quelques années, avant de tirer sa révérence en 2014. Il n'oeuvre plus dans le domaine du hockey.

«Je ne m'ennuie pas. Je m'occupe avec mes affaires personnelles, ma famille, je trouve autre chose à faire. Je ne suis pas très occupé, mais je suis actif.»

Il peut se mettre dans la peau de l'actuel DG du Canadien, Marc Bergevin, l'objet de critiques ces temps-ci.

«L'équipe a bien fonctionné l'an dernier. Elle a terminé au premier rang dans sa division. On veut toujours avancer en séries éliminatoires, mais cette année est une nouvelle saison. Ils doivent se mettre à nouveau en position pour percer en séries. Il faut être prêt psychologiquement et physiquement et on leur souhaite bonne chance.»

Le CH en aura probablement besoin. Les Stars ont vécu une année difficile l'an dernier après avoir revampé leur défense. «Les Stars ont vécu l'an dernier ce que le Canadien a vécu il y a deux ans. Quand le momentum va dans la mauvaise direction, il est difficile de contrer les effets négatifs. Dallas étaient très heureux de l'année précédente, mais chaque saison est différente. Il faut renouveler l'équipe chaque année.»

Le départ de Markov donnera la chance à un jeune de s'imposer, estime Gainey. «Quand un vétéran de talent quitte l'équipe, ça laisse un trou. Mais par la suite, c'est l'occasion pour un jeune de le remplacer, un joueur neuf, comme Andrei Markov l'a fait en début de carrière. Il y aura quelqu'un qui prendra sa place.»

Les prochains matchs préparatoire nous diront si la recrue Victor Mete sera ce défenseur, ou s'il faudra attendre encore une saison ou deux avant de trouver un successeur à Markov.