Cela faisait des années que Rogatien Vachon n'avait pas enfilé l'uniforme du Canadien.

L'ancien gardien du Tricolore et des Kings de Los Angeles, qui entrera officiellement au Temple de la renommée du hockey lundi - 34 ans après avoir pris sa retraite du hockey - a renoué avec une organisation à laquelle on ne l'associait plus depuis longtemps.

«Ça faisait quelques années que je n'avais pas porté le chandail... mais il fittait bien!», a lancé l'homme de 71 ans qui a été présenté à la foule du Centre Bell avant la rencontre.

«Quand on est jeune, on rêve au Temple de la renommée, on rêve que ça puisse arriver. Mais de pouvoir y accéder la même semaine où je rejoins le Temple de la renommée du Canadien, c'est incroyable. Que mes enfants et mes petits-enfants soient là en plus pour vivre ça, c'est fantastique.»

Vachon a amorcé sa carrière avec le Canadien en 1967. Il a remporté le trophée Vézina conjointement avec Gump Worsley l'année suivante et a participé à trois conquêtes de la Coupe Stanley à Montréal.

Sauf qu'en 1971, un jeune gardien du nom de Ken Dryden s'est imposé devant le filet et a changé le cours de la carrière de Vachon.

«J'aurais pu rester à Montréal en tant que gardien numéro 2 et gagner quelques Coupes de plus, mais j'étais encore jeune et je pensais que le temps était venu d'aller ailleurs, a-t-il expliqué. Je voulais être numéro un quelque part. J'ai été chanceux de me retrouver à Los Angeles.»

Des années de grâce

Avant Luc Robitaille - et avant même Marcel Dionne - , Rogatien Vachon fut la première vedette québécoise dans l'histoire des Kings. À vrai dire, il fut la première vedette des Kings, point à la ligne! Malgré son petit gabarit, Vachon s'est distingué par un style spectaculaire. Il couvrait ses angles de façon agile et possédait l'une des meilleures mitaines qu'on ait vu dans le hockey.

Pas surprenant qu'il ait été l'idole de Patrick Roy!

«À mon arrivée à Los Angeles, l'équipe et les entraîneurs n'étaient pas trop forts, s'est-il souvenu. Tout a changé quand Bob Pulford est arrivé comme instructeur en 1972. Il a formé un nouveau club, il a instauré plus de discipline, et avec moi qui arrêtais plus de rondelles, on s'est mis à ressembler à une équipe.»

En 1974-1975, les Kings ont récolté 105 points dans la division Norris, la section sur laquelle régnait le Tricolore. Ces 105 points constituent toujours un record de concession. Vachon a eu un tel impact devant le filet des Kings cette année-là que le Hockey News en a fait son joueur de l'année en vertu d'une fiche de 27-14-13 et d'une moyenne de buts alloués de 2,24. Il a également été finaliste à l'obtention du trophée Hart.

L'année suivante, en raison de blessures à Dryden et Bernard Parent, Vachon s'est retrouvé le gardien titulaire du Canada à l'occasion de Coupe Canada, un tournoi dont il a été nommé le joueur par excellence.

«Gagner des Coupes Stanley c'est fantastique, mais gagner pour ton pays, c'est complètement différent, a-t-il observé. La mentalité est différente, la pression est différente... Ç'a été l'un des plus grands moments de ma carrière.»

Lors de quatre de ses huit saisons à Los Angeles, le petit gardien de 5'8 et 160 lb a été identifié comme le joueur par excellence des Kings. Ce n'est donc pas une surprise si, en 1985, le natif de Palmarolle, en Abitibi, est devenu le premier joueur à voir son chandail être retiré par les Kings.

Vachon a quitté la Californie en 1978 alors qu'il est devenu l'un des premiers joueurs autonomes à changer d'organisation en signant un lucratif contrat. Il est devenu millionnaire en s'alignant avec les pauvres Red Wings de Detroit avant d'achever sa carrière avec les Bruins de Boston en 1982.

Outre Vachon, Eric Lindros, Sergei Makarov et le regretté Pat Quinn feront leur entrée au Temple en début de la semaine prochaine.

Photo Robert Nadon, archives La Presse

Rogatien Vachon photographié le 24 janvier 1968