L'un des plus grands gardiens de l'histoire est passé près de devenir un nageur, mais il avait bien du mal à supporter l'eau froide des piscines.

Patrick Roy s'est donc tourné vers le hockey, bonifiant les équipes dont il faisait partie avec son assurance devant le filet et son intensité.

À l'époque où il jouait, celui qui a gagné quatre fois la Coupe Stanley avait horreur de la défaite.

C'est encore vrai, mais comme entraîneur de l'Avalanche du Colorado, il tente de trouver un équilibre entre quand utiliser sa voix portante ou son regard de feu, mais aussi quand rester en retrait.

Sous la gouverne de ce Roy moins bouillant, l'Avalanche est au plus fort de la course pour une place en séries, à sa troisième saison derrière le banc.

«Il y a des fois où il ne nous épargne pas et c'est mérité, mentionne le défenseur Erik Johnson. Mais il n'est pas un criard comme certains pourraient le croire. Il est très équitable et c'est facile de travailler avec lui. Il laisse les gars prendre la parole et ce qu'il a mis en place, c'est plus un partenariat qu'une hiérarchie.»

Il y a encore des envolées, mais Roy travaille à les tempérer depuis le jour 2 - à son tout premier match comme entraîneur-chef, il a piqué une colère notoire, faisant passer un mauvais quart d'heure à la baie vitrée.

Le style plus calme de Roy a pris près d'une décennie à se définir, notamment au fil de huit saisons à la barre des Remparts de Québec, dans la LHJMQ. Il a réalisé que de gueuler ne remplissait pas le filet adverse, et aussi que ça pouvait mener ses joueurs à lui faire la sourde oreille.

«J'aime gagner autant que quand je jouais, a confié Roy, qui a eu 50 ans en octobre dernier. Mais comme entraîneur, vous apprenez à contrôler vos émotions parce que sinon, ça va avoir un effet négatif sur les joueurs.»

Son père Michel a certainement vu le changement. Ils ont mangé ensemble après une défaite, récemment, et son fils était remarquablement calme.

«Il m'a dit, "je dois réaliser que je suis seulement l'entraîneur. Ce n'est pas moi qui va marquer ou bien bloquer les tirs", s'est rappelé le paternel. Comme joueur, il pouvait à l'occasion aller au-delà de ses limites. Maintenant, tout ce qu'il peut faire, c'est de s'assurer que ses joueurs vont tout donner.»