Il existe une telle parité dans la Ligue nationale que plusieurs s'attendent à ce que les Ducks d'Anaheim, pourtant premiers de l'Association de l'Ouest, se fassent éliminer au premier tour par les Jets de Winnipeg, une concession qui n'a pas participé aux séries depuis 2006-2007.

On ne serait même pas surpris si les trois premières équipes de l'Ouest y passaient dès le premier tour!

Alors, il ne faut pas trop s'étonner que le Canadien, même s'il a frayé avec le premier rang de l'Association de l'Est durant toute la saison, ne soit pas établi favori face aux Sénateurs d'Ottawa, eux qui ont obtenu leur place en séries au tout dernier jour de la saison.

Il est difficile d'entreprendre les éliminatoires sur une meilleure note que les Sénateurs, auteurs de 21 victoires à leurs 27 derniers matchs. Le Tricolore, lui, a été vainqueur dans 5 de ses 10 derniers matchs, mais il n'arrive pas en séries avec le même pimpant que l'an dernier.

«Si l'on regarde leur fiche récemment, je ne vois pas comment on peut les qualifier de négligés, estime Max Pacioretty. En ce moment, c'est l'équipe sur la meilleure lancée dans toute la ligue et ils ont deux des joueurs les plus hot [Andrew Hammond et Mark Stone], en plus de compter sur Erik Karlsson, l'un des meilleurs défenseurs de la ligue.»

À l'autre bout de la 417, l'entraîneur-chef Dave Cameron s'est fait demander si son équipe allait continuer de carburer dans le rôle de négligé qu'il a endossé en deuxième moitié de saison.

«Qu'est-ce qu'un négligé? a répliqué le coach des Sénateurs. Faut-il jouer au-dessus de nos moyens et que l'adversaire en arrache pour qu'on puisse gagner? Non, je ne pense pas que ce soit ce dont on a besoin. Il faut juste jouer du très bon hockey pour nous donner une chance.

«Je m'attends à gagner cette série, mes joueurs aussi et Montréal aussi. Je serais très déçu si, à l'amorce des séries, nous ne nous attendions pas à gagner. Je serais troublé.»

Respecter le système

De la façon dont ils jouent depuis deux mois, les Sénateurs ont toutes les raisons de se croire capables de tout. À tel point que cette formation qui a battu le CH en séries il y a deux ans et qui a remporté trois des quatre matchs contre lui cette année est redoutée par la base partisane du Tricolore. Aux yeux de plusieurs, c'était la pire confrontation qu'aurait pu espérer le Canadien.

Mais les joueurs, eux, n'ont pas l'air trop inquiets.

«Sommes-nous favoris? Le sont-ils? Je préfère laisser les autres en débattre, a dit Tomas Plekanec. C'est sûr qu'ils jouent du gros hockey, mais pour notre part, nous allons nous concentrer sur le respect de notre système de jeu.

«Si on y arrive, on va être corrects.»

Vrai que les Sénateurs semblent avoir le numéro du Canadien depuis quelque temps, mais ce que Pacioretty a appris au fil des ans, c'est qu'il est inutile de se préoccuper de ce qui s'est produit auparavant.

«Le printemps dernier, au moment de les affronter en séries, les Rangers [de New York] ne nous avaient pas battu depuis belle lurette à Montréal, a-t-il rappelé. Pourtant, ils ont remporté les deux premiers matchs. Alors oui, les Sénateurs ont connu du succès contre nous, mais je ne vois là qu'une source de motivation supplémentaire.»

2013: motivation ou pas?

Quant à savoir si l'élimination en cinq matchs du CH face aux Sénateurs en 2013 est une autre source de motivation, les avis diffèrent d'un joueur à l'autre.

«Pas du tout, a lâché Carey Price. Ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé il y a deux ans. Tout ce qui compte, c'est la préparation en vue du premier match.»

Absent à partir de la prolongation du quatrième match, Price s'était ajouté à une longue liste de joueurs qui s'étaient blessés en peu de temps: Lars Eller, Brandon Prust, Pacioretty, Brian Gionta...

«Cette série-là avait fait naître une haine à l'égard de cette équipe et ils ressentent la même chose envers nous, estime pour sa part Brendan Gallagher. Chaque fois qu'on s'affronte, on sent cette rivalité intra-division et ce sont toujours des matchs âprement disputés. Trouver la motivation n'est assurément pas un problème.»

«Le feeling de perdre en première ronde n'est jamais le fun, et on ne veut pas le revivre», assure pour sa part David Desharnais.

Mais alors qu'il est question des séries d'il y a deux ans, il convient de rappeler que le Canadien a pris part à celles de l'an dernier pendant que les Sens, eux, regardaient passer la parade. L'expérience de séries avantage clairement le Tricolore. Il connaît le chemin, lui.

À lui de faire le nécessaire pour l'emprunter de nouveau.