Pour les joueurs, la rencontre de samedi entre le Canadien et les Islanders de New York, à Uniondale, mettra aux prises deux formations au plus fort de la lutte pour le premier rang du classement général de la LNH.

Mais pour les amateurs, surtout ceux d'un certain âge, ce match ravivera sans doute les impérissables souvenirs des grands duels au Nassau Veterans Memorial Coliseum mettant aux prises les Bowman, Lafleur, Robinson, Dryden, d'un côté, et les Arbour, Bossy, Potvin et Smith, de l'autre.

À moins que les deux formations ne s'affrontent lors des prochaines séries - une hypothèse envisageable - cette 89e escale du Canadien à Long Island, incluant dix matchs éliminatoires, sera la dernière de son histoire au vétuste domicile des Islanders.

À l'automne 2015, quelque 43 ans après y avoir disputé leur tout premier match contre les Flames d'Atlanta, leurs cousins de l'expansion de 1972, les Islanders déménageront leurs pénates à Brooklyn, au Barclays Center.

Grâce à de judicieux choix au repêchage, comme ceux de Denis Potvin, Bryan Trottier et Mike Bossy, et d'astucieux échanges, notamment celui leur ayant permis d'acquérir Butch Goring à la date limite des transferts en 1980, les Islanders sont rapidement devenus une puissance de la ligue, au point de gagner la coupe Stanley quatre années d'affilée, de 1980 à 1983.

La formation de l'entraîneur-chef Al Arbour a même menacé un record sacré du Canadien, celui des cinq conquêtes consécutives du précieux trophée à la fin des années 50. Elle s'est toutefois fait couper l'herbe sous le pied par un certain Wayne Gretzky et les Oilers d'Edmonton, lors de la finale de 1984.

Les Islanders de cette époque sont devenus respectables si rapidement que même les puissantes formations du Canadien de la fin des années 70 devaient trimer dur pour leur arracher deux points chez eux. Samedi, le Tricolore sera en quête d'une 41e victoire, un total qui lui conférerait un dossier très légèrement inférieur à ,500.

Sans posséder le prestige de l'ancien Forum ou du Madison Square Garden, ni la réputation des hostiles enceintes qu'étaient le Garden de Boston ou le Spectrum de Philadelphie, le Nassau Coliseum aura été le théâtre d'inoubliables moments dans la LNH et y a abrité l'une des plus grandes formations de l'histoire du circuit.

Ce passé glorieux, Pierre-Alexandre Parenteau l'a profondément ressenti lors de son passage à Long Island entre 2010 et 2012, et il admet que l'éventuelle disparition de cet édifice, devenue nécessaire, ne le laissera pas indifférent.

«J'adore ce building-là. C'est là que ma carrière dans la Ligue nationale a vraiment pris son envol. J'ai eu deux excellentes saisons là-bas. Il y avait de l'atmosphère, il y a beaucoup d'histoire dans le building. C'est sûr que c'est un peu désuet maintenant. Ça fait un peu pitié par certains endroits, mais, pour moi, cet édifice a beaucoup de valeur.»

Avec les Islanders, Parenteau a connu des saisons de 20 et 18 buts devant un public qui pouvait rendre la vie difficile aux clubs visiteurs. Parenteau est bien placé pour en parler lui qui a aussi porté les couleurs des grands rivaux de l'équipe dans la Grosse Pomme.

«Personne n'aime jouer là. J'ai participé à quelques matchs là-bas avec les Rangers et la rivalité est quelque chose. Ce n'est pas plaisant de jouer dans cet édifice quand c'est plein et que les fans te tombent dessus. À cause de la foule, c'est l'une des patinoires les plus dures où évoluer.»

Mais tous ces beaux souvenirs n'empêchent pas l'évidence: l'édifice ne peut plus héberger une formation de la LNH, soutient Parenteau.

«C'est vraiment mauvais. C'est «magané» comme endroit et, pour une équipe de la Ligue nationale, il est temps qu'elle change de place», tranche Parenteau.