Quand on voit Jarome Iginla dans le vestiaire des Bruins de Boston, on remarque assez vite qu'il ne fait pas vraiment son âge. Pas avec son t-shirt tendance, pas avec son air un brin désinvolte. Quand on le voit sur la glace, il ne fait pas son âge non plus.

Oui, le deuxième compteur des Bruins connaît une sorte de renaissance à 36 ans. Une sorte de second souffle, si on veut. Avec un club de pointe, avec des chiffres qui peuvent faire rougir de jalousie des joueurs bien plus jeunes que lui, Jarome Iginla est en passe de vivre une saison de rêve.

Une saison qui, espère-t-il, pourrait se conclure avec cette Coupe Stanley qui lui échappe depuis son arrivée dans la Ligue nationale de hockey, en 1996. Ces jours-ci, l'ancien porte-couleurs des Flames de Calgary patine comme un type qui veut absolument boire du champagne dans le vieux trophée en juin.

«Il joue probablement son meilleur hockey de la saison», a lancé sans hésiter son entraîneur Claude Julien, avant le match d'hier soir contre le Canadien.

Les Bruins avaient certes des attentes quand Iginla est arrivé ici en juillet; il a en effet accepté un contrat d'une saison pour 6 millions de dollars. En fait, les Bruins voyaient en Iginla un joueur capable de remplacer Nathan Horton, parti tenter sa chance avec les Blue Jackets de Columbus.

Ils auront pris la bonne décision. Pendant que Horton en arrache à Columbus, ralenti entre autres par une sérieuse blessure à une épaule, Iginla a pris la place laissée vacante dans la formation.

«Il y avait un trou à combler à la suite du départ de Nathan Horton, a reconnu Claude Julien. Jarome, pour moi, c'est le gars que ça prenait pour combler ce départ. Tout de suite, on voyait qu'il y avait de bonnes possibilités qu'il puisse jouer avec David Krejci et Milan Lucic.»

Quand on demande au principal intéressé s'il est lui-même surpris par cette forme de renaissance dans le maillot noir et jaune, il répond d'un sourire gêné. Possiblement parce qu'il se doutait bien que ça allait fonctionner pour lui.

«Non, je ne suis pas surpris... Nous avons du plaisir. J'essaie seulement de prendre les matchs un à un. J'ai été chanceux à l'occasion, quelques bonds favorables et aussi de très belles passes de la part de mes coéquipiers...

«Il y a plusieurs leaders dans notre groupe. Des gars qui poussent tous dans la même direction et qui ne laissent rien au hasard. Quand on regarde tout ça, ça devient rapidement contagieux. Et je dois dire que c'est bien d'être avec une équipe qui est au sommet du classement!»

C'est un peu pour ça que Jarome Iginla est ici: pour gagner, le plus rapidement possible. Dans ce vestiaire, personne ne parle de Coupe Stanley. Ce serait danser avec le mauvais sort, après tout. Mais Jarome Iginla, lui, y pense.

Juste un peu, mais il y pense.

«C'est encore loin pour le moment... C'est évidemment le but de tous les joueurs qui sont ici. Les gars dans ce vestiaire, ils veulent gagner une autre fois. Les séries arrivent, on le sent, et c'est très excitant. Mais tout ça est encore très loin.»

En attendant la «vraie» saison, Jarome Iginla se comporte comme un fidèle soldat de Claude Julien, un entraîneur qui aime les joueurs qui ne tiennent jamais rien pour acquis. Première place ou pas, Iginla sait très bien qu'il y a du chemin à faire avant d'arriver au fameux trophée.

«Nous sommes affamés, mais il y a encore des choses à améliorer», a-t-il conclu prudemment. Comme un joueur des Bruins sait le faire.